dimanche 19 décembre 2010

Trois cailloux pour Walter Benjamin

Pierre Michon - Guy Petitdemange - Bruno Tackels

image

Décembre 2010 - Editions L'arachnoïde – 16 €

Extrait de la préface de Christian Dufourquet

“J’ai rencontré un papillon, il y a longtemps. Je l’ai longtemps perdu de vue, il apparaît peu, je crois que c’est une de ces espèces qui s’éteignent doucement. Je ne me souviens pas de l’avoir jamais trouvé écrit en littérature. Je l’avais oublié. Il est revenu dans Walter Benjamin. Il est brutalement revenu à la page 25 d’Enfance berlinoise, les souvenirs en miettes du petit Walter Benjamin devenu vieux. Il chasse les papillons, pendant les vacances, vers Postdam, sur le Brauhausberg qui est une forêt, une colline. De cette colline, il écrit que c’est un mont embué d’azur qui se levait l’été pour les recevoir, ses parents et lui. Il dit que le Postdam de son enfance est un air bleu sur lequel les papillons, si variés selon leur espèce, les morios et les vulcains, les vanesses, apparaissent comme une langue étrangère écrite sur les murs bleus de la Jérusalem qu’on voit dans les rêves. Pierre Michon Trois cailloux pour Walter Benjamin est un ouvrage réunissant trois auteurs qui évoquent, chacun à sa manière, dans un texte inédit, la figure de Walter Benjamin.
Pierre Michon, en un raccourci vertigineux entre le mode d’apparition des bêtes dans son enfance et celles qui défilent devant Adam dans le jardin de la Genèse, propose une méditation proche de la réflexion sur le langage du jeune Walter Benjamin.
Guy Petitdemange se penche sur le mystère de l’écriture fragmentaire, en éclats, d’un Walter Benjamin partagé entre sa volonté de théoriser et une prose qui dit infiniment plus que tout système, proche en cela d’une œuvre d’art qui contesterait, du sein même de l’élan qui la porte, les conditions de son apparition.
Bruno Tackels évoque la figure d’un Walter Benjamin décalé, en rupture avec la morale bourgeoise de son temps. Un homme solitaire, clairvoyant, lucide jusqu’au naufrage, amené à adopter, tout au long de sa vie, des stratégies de survie qui s’apparentent à des formes modernes de piraterie.
Trois lettres de Walter Benjamin clôturent l’ouvrage.”

Aucun commentaire: