mercredi 30 juin 2010

L'ontologie du capitalisme chez Gilles Deleuze

Julian Ferreyra

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Parution : juin 2010 - Editeur : l’Harmattan – Collection : la philosophie en commun – Prix : 31 €

Un jour peut-être, le siècle sera deleuzien. Notre siècle, notre monde est plutôt capitaliste. A partir de son interprétation de Leibniz, Deleuze construit l'ontologie, selon laquelle la convergence des séries et le privilège de l'intériorité constituent "le meilleur des mondes possibles". Le fond ontologique offre dans son mouvement l'espoir d'en finir avec le capitalisme. La question est de savoir s'il est possible pour nous, les hommes, de construire une forme de société où nous pourrions vivre au maximum de notre puissance.

Kierkegaard et Heidegger. Essai sur la décision

Jean Morel

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Parution : juin 2010 – Editeur : l’Harmatta, – Collection : Ouverture Philosophique – Prix : 26€

"Comprendre une pensée équivaut à savoir décliner un paradigme...", écrit Kierkegaard. Comprendre la pensée de Kierkegaard équivaut à savoir décliner le paradigme du saut qualitatif. Ce paradigme, sous l'angle de la temporalité, est ouverture à l'Evénement. A cet égard, la confrontation avec la pensée de Heidegger est exemplaire. Le philosophe allemand décline le même paradigme, mais "jusqu'à un certain point". D'où une pensée "à la mesure de son temps" qui se ferme à l'Evénement.

Revue Gruppen n°1 , Poésie, Philosophie, Musique, Danse..

Gruppen est une revue de création, de recherche, transdiciplinaire. Une revue semestrielle fondée par un poète, Laurent Jarfer, un compositeur et pianiste, Ilan kaddouch, et deux philosophes, Pierre-Ulysse Barranque et Sébastien Miravete.Une revue mêlant donc poésie, musique, philosophie mais aussi arts du spectacle, arts plastiques, etc.

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au sommaire de ce numéro

Poésie Serge Pey : De la pensée (poème) / Introduction à la langue arrachée (critique) 

Marc Sastre : A défaut de martyrs (extraits) / L'homme percé Laurent Jarfer : Lettres à Vincent Van-Gogh

Musique Ilan Kaddouch : Ouverture: Interview anachronique d'Aristoxène 

de Tarente (traduction de Pauline Valette) / Les Carolingiens et la naissance de l'écriture musicale 

Philosophie P-U Barranque : «Comme-un-isthme»: problèmes et actualité d’un mot (suite et fin)  

Sébastien Miravete : Manuel du petit Bergsonien II / Le guide du Badiou II

Esthétique Céline Schmitt : La peinture comme geste scénopoïétique  

Danse Entrevue avec Jacqueline Challet-Haas

Les Mots de Bonnefoy Mots Croisés de Bernard Bonnefoy 

 

Revue Gruppen
131 boulevard de Grenelle
75015 Paris
revue.gruppen@gmail.com
www.myspace.com/revue-gruppen

 

lundi 28 juin 2010

Giordano Bruno. Une philosophie de la métamorphose

Saverio Ansaldi

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Parution : juin 2010 – Editions Classiques Garnier – Collection : Les Anciens et les Modernes, Études de philosophie – Prix : 49 €

La philosophie de Bruno se caractérise par la possibilité de souder la théorie et la pratique à partir de l'affirmation de la puissance humaine en métamorphose. L'effort philosophique de Bruno consiste à définir une puissance de transformation propre à la nature humaine, qui en souligne l'appartenance radicale à l'infini cosmique. Le philosophe-mage acquiert ainsi le statut de "maître" de la métamorphose, en raison de sa capacité à transformer en permanence sa puissance d'agir et de penser.

dimanche 27 juin 2010

Gaston Bachelard musicien - Une philosophie des silences et des timbres

Marie-Pierre Lassus

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Paru le : 24/06/2010 - Editeur : PU du Septentrion - Collection : Esthétique et sciences des art – Prix : 24 €

Si comme le pensait Nietzsche, « les hommes supérieurs se distinguent par le fait qu’ils entendent infiniment plus »,
Bachelard figure parmi ces esprits pour qui penser et sentir est une seule et même chose.
L’objectif de ce livre n’est pas tant de découvrir en ce philosophe un musicien que d’étudier les enjeux d’une phénoménologie de l’écoute dans l’expérience musicale qui permet de faire l’épreuve de soi, de « voir et entendre, ultra-voir et ultra-entendre, s’entendre voir et s’entendre écouter » (Bachelard). Cette conception est le fruit d’une activité créatrice intense, qui se déploie dans la musique de manière privilégiée et répond à une autre logique, fondée sur des critères éthiques et non forcément artistiques.
Porteuse d’intersubjectivité, cette « esthétique concrète » n’a qu’une seule exigence : le degré de vie de l’œuvre qu’il s’agit de transmettre. C’est dire la relation qu’a tout art avec la musique quand celle-ci est conçue comme un « jeu avec les forces », animé par un orchestre invisible, sis en chacun de nous. Cela renvoie au concept de « santé », appréhendé ici comme la capacité à « nourrir sa vie » et à l’entretenir grâce à l’exercice quotidien de la lecture active et de la pratique artistique. Il appartient au musicien qui « entend par l’imagination plus que par la perception » (Bachelard), de nous apprendre à sentir et à penser le monde, soumis aujourd’hui à une dé-perception au profit de la sensation qui conduit à une crise des modalités du lien.

Marie-Pierre Lassus est maître de conférences HDR en musicologie à l’université de Lille 3. Membre du CEAC, elle est l’auteure de « Bachelard et la musique du ciel » (Bachelard et la musique, Dijon, 2009) et de « G. Bachelard et la musique des éléments » (Cahiers G. Bachelard, Dijon, 2004).

mercredi 23 juin 2010

Concepts rhétoriques, raisons topiques

Revue de métaphysique et de morale, n° 2 (2010) - Fosca Mariana Zini (dir.)

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Parution : juin 2010 - Edition : PUF - Prix : 20 €

 

Concepts rhétoriques, raisons topiques

Fosca Mariani Zini Présentation

Laurent Keiff et Shahid Rahman La dialectique entre logique et rhétorique

Fosca Mariani Zini Crédibilité, croyance, confiance. Le legs de la tradition romaine

Alain Melcer Les enjeux de la topique juridique selon Perelman

Emmanuelle Danblon La rhétorique : art de la preuve ou de la persuasion ?

Sabrina Ebbersmeyer Conduire ou séduire les émotions ? Réflexions sur l'ambivalence des émotions à partir de la Rhétorique d'Aristote.

Varia

Vincent Grondin Le langage de la phénoménologie : analogie ou citation ?

Jacques Brafman Discours, langage et totalité (Hegel et Saussure)

Etudes de philosophie ancienne

Pierre Hadot














Parution : mai 2010
Editeur : Belles lettres
Collection : l'âge d'or
Prix : 35 €

On parle beaucoup dans cet ouvrage de «contresens», de contresens parfois créateurs, qui ont fait progresser la pensée, mais aussi de contresens qui ne produisent qu'erreur et confusion, comme ceux que commettent certains tenants de la psychologie historique. On présente dans cet ouvrage plusieurs applications à des textes philosophiques d'une méthode d'interprétation qui consiste à les replacer dans le contexte de l'enseignement et de la vie des écoles philosophiques. À côté d'études de détails consacrées à des termes philosophiques importants, on trouvera dans ce volume plusieurs contributions générales, justement célèbres, consacrées aux divisions de la philosophie, à l'organisation de l'enseignement dans les écoles philosophiques, à la répartition des disciplines ou encore à la figure du sage.
Les recherches de Pierre Hadot ont porté tout d'abord sur les rapports entre hellénisme et christianisme, puis sur la mystique néoplatonicienne et la philosophie de l'époque hellénistique, et enfin sur la decription du phénomène spirituel de la philosophie.

La vocation

Judith Schlanger














Parution : juin 2010
Editeur : Hermann, Paris
Collection : Philosophie
Prix : 30 €

Comment vivre et que faire de ma vie ? À travers ma vocation, ma vie trouve son sens dans une activité à laquelle je m'identifie. Et comme l'activité de mon choix répond à ma nature, elle m'exprime, m'accomplit et me définit.

La promesse de l'individualisme démocratique est que chacun puisse réussir sa vie par son travail, qui lui fera gagner à la fois son identité et son pain. Pour devenir soi-même, pour se réaliser, chacun doit pouvoir s'épanouir dans ce qu'il fait.

L'artiste et le savant incarnent la figure romantique par excellence du travail voué. Pour certains, c'est le désir de savoir qui commande et organise leur existence. Mais l'exemple du travail créateur ou du travail intellectuel a un caractère d'exception. Qu'en est-il des goûts et des aptitudes en général ? Et qu'en est-il des tâches insignifiantes dans lesquelles on ne peut pas s'exprimer, et qui doivent pourtant être remplies ? Que devient aujourd'hui la grande figure idéale de la vocation ?

Ce livre invite à une réflexion qui n'a rien de technique et nous concerne tous.

lundi 21 juin 2010

Le néant : contribution à l'histoire du non-être dans la philosophie occidentale

sous la direction de Claude Romano, Jérôme Laurent



Parution : juin 2010
Editeur : PUF
Collection : Epiméthée
Prix : 30 €

Si «le néant n'a pas de propriétés», selon la formule de Malebranche, a-t-il cependant une histoire ? C'est à cette paradoxale question que le présent livre s'attache en cherchant à déployer les différentes significations de ce qui n'est pas, du radicalement non-étant parménidien jusqu'à l'être selon Heidegger qui, n'étant rien d'étant, est le Rien (Nichts) rendant possible la manifestation de l'étant. On le voit, l'histoire dont il s'agit ici est celle de la métaphysique, traversée par la tension entre un rejet pur et simple du néant, réduit à n'être qu'un mot (pour saint Augustin, Bergson et Carnap notamment), et, au contraire, l'affirmation d'une certaine positivité de ce qui ne relève pas directement d'une logique de l'être (pour Platon, Proclus, Scot Érigène, Maitre Eckhart ou Schelling, par exemple). Loin d'impliquer nécessairement la disparition, l'absence ou la mort, le néant permet de penser l'altérité, la matière, le devenir, la liberté humaine ou la suréminence du Premier Principe. Certains des textes de ce volume étaient inédits en français, la plupart ont été retraduits en étant attentif au vocabulaire du néant qui cherche à en saisir la nature fuyante.

Eikôn : l'image dans le discours des trois Cappadociens

Anca Vasiliu



Parution : juin 2010
Editeur : PUF
Collection : Epiméthée
Prix : 28 €

Eikôn est l'image qui ne s'expose pas mais se dit, chez Platon, de la réalité que recouvre l'aspect. Le rôle de cette image est de rendre l'être visible dans le reflet de l'apparaissant. Eikôn se dit donc de tout ce que le regard distingue comme réel ou vrai dans la saisie du visible. Il va de soi que cette image ne se montre pas pour elle-même ; elle ne montre que ce qu'elle signifie.

Pour les auteurs cappadociens de la fin du IVe siècle, eikôn désigne la possibilité d'une image de Dieu, de l'homme, de toute chose créée. Non trait pour trait, comme un dessin, ni présence de substitut, mais identité différée du réel ou du vrai qui rend vive la relation entre l'objet du regard et le sujet qui découvre l'image en lui-même en considérant tout ce qui lui est donné à voir.

Dieu parle visiblement, selon Basile de Césarée. Dès lors, le visible est le lieu de la réciprocité entre présence et signification de l'être, à condition de saisir cette révélation dans l'immanence des actes propres du langage, en préservant ainsi l'absolu de la transcendance. Tout en citant Basile, les Byzantins aboliront la condition linguistique signifiée par eikôn et appelleront «icône» l'image qui expose le divin sous les traits de l'homme. Depuis, l'audace d'un tel dévoilement n'a de cesse d'attiser la réflexion.

En deçà du sujet : du temps dans la philosophie transcendantale allemande

Alexander Schnell



Parution : juin 2010
Editeur : PUF
Collection : Epiméthée
Prix : 26 €

L'objectif du présent ouvrage est de mettre en évidence les liens d'affiliation, aussi complexes qu'implicites, entre la phénoménologie et la philosophie transcendantale allemandes. Si, depuis plusieurs années déjà, des travaux importants ont tenté de clarifier les «sources» austro-hongroises de la phénoménologie et cherché à rapprocher certaines lectures de la phénoménologie de la tradition analytique (voire cognitiviste), il est temps de montrer qu'il y a maintes raisons de procéder à une confrontation philosophique entre la phénoménologie comprise comme «idéalisme transcendantal» et les premières grandes élaborations de cette même tradition, inaugurée par Kant.

Le prisme ici utilisé est celui du temps et de la temporalité, en raison de la place centrale qu'occupe le temps en phénoménologie. Celle-ci ne pose pas simplement la question de l'origine du temps (permettant de dévoiler une «temporalité originaire»), mais elle aborde le temps en tant que dimension originaire de l'ouverture du sujet à l'objet, de la conscience au monde. Et dans la mesure où le temps est l'«étoffe» de la conscience intentionnelle, il entre bien entendu de manière décisive dans la constitution même de la subjectivité transcendantale. L'auteur traite du temps chez les plus grands représentants de la philosophie transcendantale allemande (Kant, Fichte, Schelling, Husserl, Heidegger, Fink), et en même temps il met l'accent sur les différents croisements et reprises qui témoignent des rapports systématiques entre les grands phénoménologues du XXe siècle et les pères fondateurs de l'idéalisme transcendantal.

Débats politiques et philosophiques au XVIIe siècle : la question de l'âme des bêtes chez Descartes et Gassendi, suivi de Coup d'état et pouvoir polit

Alexandra Torero-Ibad



Parution : juin 2010
Editeur : PRESSES DE L'UNIVERSITÉ LAVAL (PUL), Sainte-Foy
Collection : Mercure du Nord - Verbatim

La première étude examine la question de l'âme des bêtes au XVIIe siècle, à travers le débat qui oppose à ce sujet Descartes et Gassendi. Ce débat entre deux figures majeures de la première moitié du XVIIe siècle sous-tend l'opposition fondamentale de leurs systèmes philosophiques, et comporte des enjeux tout à la fois métaphysiques, physiques et théologiques. La seconde s'attache aux Considérations politiques sur les Coups d'État (1639), dans lesquelles Gabriel Naudé se donne pour objet une certaine catégorie d'actions politiques, par lesquelles les Princes se situent, non seulement hors du cadre de la morale, mais encore de celui du droit. Or ces actes, considérés comme « exceptionnels », n'en sont pas moins révélateurs de la nature même de l'exercice du pouvoir.

Ethique de la mode féminine

Mariette Julien et Michel Dion (dir.)



Paru le : 16/06/2010
Editeur : PUF
Prix : 24 €

Existe-t-il une façon éthique pour les femmes de s’habiller ou de transformer leur corps ? Qui est responsable de l’apparence des femmes dans nos sociétés : les femmes elles-mêmes, les dessinateurs de mode ou l’industrie du marketing, du vêtement et des cosmétiques ? Les fillettes et les adolescentes perçoivent-elles la mode comme un instrument d’asservissement ou de liberté ? On peut légitimement se demander si les femmes ont les moyens de faire preuve d’éthique dans leurs choix de vêtements, de coiffure et d’apparence corporelle, étant victimes d’un système marchand qui les tyrannise sans relâche.
Les acteurs de l’industrie de la mode peuvent-ils faire preuve d’éthique au niveau de la création, de la production et de la commercialisation de leurs produits sans risquer d’être moins compétitifs ? Autant de questions qui démontrent l’étendue des dilemmes éthiques auxquels l’industrie de la mode féminine est confrontée.

vendredi 18 juin 2010

La dialectique d'Héraclite à Marx

René Mouriaux



Paru le : 17/06/2010
Editeur : Syllepse (Editions)
Collection : Utopie critique
Prix : 20 €

Au moment où s’esquisse un « grand retour de Marx », il est particulièrement opportun de connaître d’où provient sa méthode et d’en comprendre l’originalité.
La crise du capitalisme ouverte à l’automne 2009 avec la faillite des grandes banques américaines conduit à s’interroger sur les contradictions du régime économique. Le problème est-il uniquement financier ? La mondialisation du système, à supposer qu’il soit possible de brider la spéculation, suffit-elle ? Passer de la morale à l’analyse scientifique requiert une rupture avec les bons sentiments, les évidences des représentations courantes et l’approximation des déductions ordinaires. Comment raisonner correctement ? Comment penser le mouvement ? Intimement liées, les deux questions n’en sont pas moins distinctes et ont donné lieu à deux branches de la philosophie, la logique formelle et la logique dialectique. L’ouvrage de René Mouriaux traite des deux versants du savoir attaché au raisonnement valide et fécond.
Le terme de dialectique a plusieurs significations puisqu’il désigne au moins, selon les époques ou les auteurs, trois réalités différentes, un raisonnement sur le vraisemblable, la logique formelle elle-même, la pensée en mouvement, notamment chez Platon, Hegel, Marx. René Mouriaux étudie au cours des trois grandes périodes, l’Antiquité païenne, la pensée chrétienne du 5e au 15e siècle, l’époque moderne, l’élucidation de l’acte de raisonner, concept, jugement, syllogisme et les tentatives de formaliser le processus de la pensée en mouvement qui affirme, nie et renie. Deux chapitres sont consacrés à Karl Marx, le premier présentant sa vie et son oeuvre, le second son mode de raisonnement. Appuyé sur les dernières traductions et les commentaires, des plus anciens aux plus récents, l’analyse du discours marxien vise à montrer que ce dernier ne saurait être isolé des conjonctures historiques qui le conditionnent et qu’il tente d’infléchir. La dialectique est dans les choses et le savoir scientifique des sociétés, de l’économie, de la politique, de l’idéologie réclame une pensée en mouvement, attachée à expliciter les processus, les continuités et les ruptures.

Le Ménexène de Platon et la rhétorique de son temps

Robert Clavaud



Sortie : 19/06/2010
Editeur : Belles Lettres
Collection : études anciennes
Prix : 55 €

Écrit vraisemblablement vers 386/385, le Ménéxène s'attache à l’éloquence politique lors d’oraison funèbre en l’honneur de citoyens morts au combat. Dans ce dialogue, Socrate indique au jeune Ménéxène qui entre en politique, comment se moquer des orateurs en lui récitant une oraison funèbre provenant de sa maîtresse Aspasie, épouse de Périclès. L’ouvrage décortique l’un des premiers dialogues de Platon.

mardi 15 juin 2010

Critique de la déraison pure : la faillite intellectuelle des nouveaux philosophes et de leurs épigones

Daniel-Salvatore Schiffer



Parution : mai 2010
Editeur : Bourin éditeur, Paris
Prix : 22 €

Fin des années 1970 : les « nouveaux philosophes » envahissent les médias. Ils s'appellent André Glucksmann, Maurice Clavel, Jean-Marie Benoist, et surtout Bernard-Henri Lévy. Ils seront bientôt suivis d'amis proches sur le plan idéologique dont, au premier rang, Alain Finkielkraut et Pascal Bruckner. Trente ans plus tard, que reste-t-il de leur réflexion ? Si les membres de ce courant ont incontestablement marqué la scène publique française, leur héritage fait débat sur le plan philosophique. C'est sur ce terrain que Daniel Salvatore Schiffer a choisi d'exercer son regard critique. Essai aux accents pamphlétaires, Critique de la déraison pure, référence directe au maître ouvrage d'Emmanuel Kant, dresse un bilan cinglant de la pensée léguée par les « intellectuels médiatiques ». Loin de se borner à la mise en cause de leurs postures, ce livre engage, pour la première fois, une réflexion de fond sur les dérives et les manipulations logées au coeur de leur philosophie.

Les avatars du vide : Démocrite et les fondements de l'atomisme

Heinz Wismann



Parution : mai 2010
Editeur : Hermann, Paris
Collection : Le Bel aujourd'hui
Prix : 28 €

Démocrite n'est pas un matérialiste au sens ordinaire : ses atomes ne sont pas des corps. Les trois études ici réunies offrent leurs éclairages croisés pour réfuter cette idée reçue, vieille de deux mille ans. Et la tradition ainsi forgée perdure aujourd'hui, aveugle au fait que les atomistes - Démocrite et Leucippe - n'avaient nullement en tête des corpuscules ou des molécules préfigurant Dalton et l'atomisme du XIXe siècle. La théorie platonicienne des idées a d'emblée refusé la concurrence insupportable avec l'identification des atomes à des «idées». D'où l'impressionnant silence de Platon à l'égard de Démocrite.

Plus visiblement polémique, Aristote a ensuite systématiquement retraduit les concepts démocritéens en les privant tous de leur sens dynamique : cette traduction est allée de pair avec une interprétation qui voulait faire de Démocrite un adversaire aisément réfutable.

Or, malgré l'état déficient des sources - aucun ouvrage de Démocrite ne nous est parvenu -, l'auteur mène une enquête extrêmement précise, à la fois philologique et philosophique, et parvient à reconstituer ce que la réception a voulu étouffer ou fausser à travers les citations dont elle usait. Au terme de sa lecture insistante, l'auteur révèle l'atomisme antique sous un jour très différent, mais d'autant plus proche de nos spéculations contemporaines.

Le philosophe et le loup

Mark Rowlands



Parution : mai 2010
Editeur : Belfond, Paris
Collection : L'esprit d'ouverture
Prix : 18 €

Mark Rowlands est tout jeune professeur de philosophie à l'université d'Alabama lorsqu'il adopte un loup de six semaines qu'il baptise Brenin. C'est le début d'une cohabitation improbable, dont le philosophe sortira enrichi et transformé à jamais. Du difficile dressage des débuts aux longues promenades dans les montagnes sauvages de l'Alabama, de l'épreuve de la maladie à la naissance des petits de Brenin vont surgir d'extraordinaires leçons de vie.

Une réflexion passionnante sur l'homme et la nature, où le philosophe va réévaluer des questions essentielles comme l'amour, le bonheur, la nature ou la mort. Un document tour à tour poignant et amusant, léger et brillant, qui nous fait comprendre ce que c'est qu'être humain, profondément.

Mark Rowlands est professeur de philosophie à l'université de Miami. Il est l'auteur de nombreux essais, traduits en quinze langues. Il a beaucoup voyagé, s'est installé successivement en Alabama, en Irlande, en Angleterre et en France, et vit aujourd'hui aux États-Unis.

L'écriture matérielle

Alain Jugnon



Préface de Michel Surya

Parution : mai 2010
Editeur : le Limon, Chalon-sur-Saône
Prix : 12 €

« C'est de l'homme nu, nié, honni, annihilé que Jugnon part et parle ; et c'est à lui qu'il s'en tient. La guerre qu'il a engagée, il l'a engagée contre tout ce et tous ceux qui ont fait qu'il en a été et qu'il en est ainsi. Elle ne peut pas faire dans le détail. Elle ne le fera pas. »
Michel Surya

Philosophe et auteur dramatique, Alain Jugnon est enseignant dans un lycée public. Il est l'auteur de pièces de théâtre et d'essais de philosophie athéiste et matérialiste. Fondateur de diverses revues (La Soeur de l'Ange, Contr'un), il dirige maintenant la collection d'ouvrages collectifs Contre-attaques (Editions Al Dante).

Jules Verne. L'enchantement du monde

Michel Serres, conversations avec Jean-Paul Dekiss



Paru le : 07/06/2010
Editeur : Le Pommier
Collection : Poche-Le pommier
Prix : 7 €

Dans cette interview au long cours avec Jean-Paul Dekiss, Michel Serres parcourt les contrées imaginaires de Jules Verne tout autant que les terres plus connues de la science, de la philosophie, de la religion, de la littérature… Une longue promenade durant laquelle il fait voler en éclat bon nombre de lieux communs très répandus, tant sur l’o euvre que sur l’écrivain lui-même.
En éclairant la magie particulière que l’on ressent à la lecture des Voyages extraordinaires, il fait le portrait d’un véritable créateur littéraire. En mettant en lumière l’entreprise infiniment précieuse de celui qui, un siècle durant, sut se faire le passeur entre la science et la société de son époque, il montre à quel point, à l’heure où la science est devenue un fait social total, il nous est si cher.
Une réflexion qui fait écho, à la fois à Jouvence sur Jules Verne, l’ouvrage que Michel Serres avait consacré à Jules Verne en 1974, et à Hominescence, qu’il venait de publier au moment de cette conversation.

jeudi 10 juin 2010

Le libertinage est-il une catégorie philosophique ?

Antony McKenna, Pierre-François Moreau, Jean-Pierre Cavaillé, Melaine Folliard, (Collectif)




Parution : 17/05/2010
Editeur : PU Saint-Etienne
Collection : Libertinage & philo au XVIIe
Prix : 23 €

" Libertin " est d'abord une injure pire : un chef d'accusation.
Mais l'histoire des idées nous a enseigné que souvent les noms des mouvements, comme ceux des partis en politique, naissent à l'occasion des polémiques, et que ce sont parfois les adversaires qui aperçoivent le mieux l'unité de ceux qu'ils dénoncent. En somme, la haine est parfois bonne conseillère: elle fait apercevoir l'unité d'un programme, ses alliances et ses enjeux. Elle le fait à travers une certaine déformation, qui a l'avantage de grossir les traits, mais l'inconvénient de saisir parfois plus les conséquences, ou les effets d'actualité, que les matériaux fondamentaux.
La question qui se pose ensuite à l'historien est donc la suivante: l'injure initiale peut-elle se transformer en instrument d'analyse, et à quel prix ? La question n'est pas négligeable car l'histoire intellectuelle européenne ne s'est pas constituée de façon continue et homogène; ce sont souvent des courants minoritaires (hétérodoxes religieux; libertins et clandestins; utopistes) qui ont forgé les thèmes destinés à acquérir une force d'évidence.
Ce qu'on a appelé, dans des débats récents, le problème des " racines de l'Europe " gagne sans doute à être aussi posé en ces ternes : l'héritage le plus important n'est pas nécessairement l'héritage d'idées qui furent en leur temps majoritaires.

Langage et image dans l'oeuvre de Platon

Fulcran Teisserenc



Parution : mai 2010
Editeur : Vrin
Collection : Tradition de la pensée classique
Prix : 32 €

Comment rendre compte du langage et de ses effets, qu’ils soient de vérité ou d’illusion ? Comment décrire les puissances de l’image, qu’elles soient ouverture vers un ailleurs ou idole masquant le vrai ? Ces deux questions, Platon les pose de façon solidaire, comme en surplomb de ces partages consacrés par la tradition qui opposent sans plus de précaution le sensible à l’intelligible, les figures poétiques au discours rationnel, les artifices mimétiques du sophiste à la rectitude linguistique du philosophe. Le présent ouvrage s’attache à défaire ces simplifications et à renouer le fil que suit Platon quand il se sert de l’image pour penser le langage et du langage pour penser l’image. Si, tour à tour, un des deux termes forme le paradigme de l’autre, on s’est efforcé de montrer qu’il s’agissait à chaque fois d’un paradigme ambigu, signalant autant la proximité que l’écart. La proximité, quand les mots se lient au monde selon un rapport de ressemblance ou de correspondance, chaque version de ce lien spéculaire étant antagoniste de l’autre. Paradigme qui revêt enfin une fonction ironique, peut-être aporétique, à considérer du moins son application au discours même de Platon dont il éclaire la modalité expressive et l’articulation en différents niveaux – noétique, physique, politique –, tout en permettant d’affronter l’étonnant paradoxe d’une dialectique sans images présentée avec force métaphores.

Canguilhem et la vie humaine

Guillaume Le Blanc



Parution : mai 2010
Editeur : PUF
Collection : Essais, débats
Prix : 14 €

Ce livre peut être lu comme une réflexion sur le statut de l'anthropologie. Souvent, l'analyse des actes humains se tourne vers l'investigation de formes symboliques et culturelles, largement dépouillées de tout ancrage naturel. Mais on peut adopter une autre démarche, dans la tradition inaugurée par Auguste Comte. On attribue alors au concept de vie un rôle majeur, et c'est en fonction des phénomènes organiques que les phénomènes humains sont appréhendés. Il s'ensuit une véritable réforme de l'anthropologie. Celle-ci a pour condition une philosophie biologique et médicale qui fait apparaître la vie comme puissance d'individualisation et production de normes. Elle trouve son accomplissement dans une théorie de l'innovation sociale.
Telle se présente la philosophie de la vie de Georges Canguilhem qui va du vital au social. Le centre de gravité de l'anthropologie se déplace d'une analyse linguistique ou artificialiste des faits sociaux vers une compréhension des types d'activité produits dans la vie. Une invitation à repenser les bases philosophiques de toutes les sciences humaines.

Variations sur le sublime et le soi

Marc Richir



Parution : mai 2010
Editeur : J. Millon
Collection : Krisis
Prix : 25 €

Variations sur le sublime et le soi. Variations parce qu'elles traitent de la même question, l'articulation du «moment» du sublime et de la naissance du soi en contact avec soi, en prenant différents points d'entrée qui impliquent autant de cheminements, faits d'allers et de retours, et où l'accent est mis ici où là dans l'ensemble problématique lui-même. Sur le sublime et le soi, parce que l'on ne peut, sous peine de circularité, présupposer le soi comme toujours déjà constitué en tant qu'être, et parce que la seule origine possible, en stricte phénoménologie, est le «moment» du sublime, surgissement de l'incommensurable, comme passage de l'animal à l'homme, de l'être tout entier pris dans sa vie et ses expériences, à l'être qui énigmatiquement, n'y adhère jamais complètement, vit d'un écart à soi qui n'est primitivement ni différence temporelle ni distance spatiale.

Ainsi sont proposées, dans ces variations, des esquisses de la genèse transcendantale et archaïque de ce soi lui-même archaïque qui, tout à la fois, nous singularise dans notre «facticité» et palpite sourdement dans nos profondeurs - genèse qui ne peut être confondue avec le développement, lequel relève en lui-même du physico-physiologique. Une part importante de l'énigme du fait humain réside dans la discordance, déjà relevée par Freud, entre l'une et l'autre. Et c'est là qu'il y a aussi du jeu pour la phénoménologie.

On sera peut-être surpris, dans la «base époque» où nous sommes forcés de vivre et où tout paraît s'effondrer, que nous accordions une telle place au sublime, qui fait signe vers la transcendance aujourd'hui abhorrée parce que confondue avec une limitation insupportable de la liberté, quand elle n'est pas très stupidement représentée par le spectaculaire. Il s'agit ici de quelque chose de beaucoup plus intime, au point d'être radicalement infigurable, et qui ouvre aux questions de sens, dont il n'en est aucune, si nous voulons être sincères avec nous-mêmes, qui puisse trouver de réponse propre à nous satisfaire. Toute réponse, aussi raffinée soit-elle, pose à son tour des questions de plus en plus éloignées de nos pouvoirs d'énonciation et d'interrogation.

L'odyssée d'Adorno et Horkheimer

Frédéric Coché



Parution : mai 2010
Editeur : Ollendorff & Desseins
Collection : Le sens figuré
Prix : 24 €

Cette lecture illustrée de l'Odyssée d'Homère nous introduit aux thèses de la Dialectique de la Raison de Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, une des oeuvres maîtresses de l'école dite de " Francfort ", écrite entre 1941 et 1944 au moment où la civilisation basculait dans le gouffre. Les deux auteurs y démontraient comme la raison occidentale fondatrice de la société européenne est viciée en son essence : une terreur originelle la motive. Sa relation à la Nature est pensée dans les termes antagonistes du tuer ou mourir. La fameuse raison des Lumières perpétue finalement la violence et les réflexes irrationnels qu'elle prétendait vouloir éliminer, elle contient son contraire, elle est d'essence dialectique. Pour illustrer leur propos, Adorno et Horkheimer sont remontés jusqu'à l'Ulysse d'Homère qu'ils présentent comme le passeur de la pensée mythique - qui pactise encore avec les forces naturelles - à la pensée rationnelle, qui est une stratégie, une ruse en vue de dominer celles-ci. Il incarne à la fois une victime ballottée par les éléments et un bourreau, le porteur d'un espoir - en grande partie déçu - d'émancipation et l'ancêtre du bourgeois qui défend à tout prix ses intérêts contre ceux des autres. Ce livre, illustré en eaux-fortes avec un anachronisme assumé, commente l'Odyssée depuis les jalons posés par les penseurs allemands. Il nous dévoile ainsi la geste sanglante de la naissance de la rationalité européenne.

La mère & le philosophe

Jean-Louis Cianni



Parution : mai 2010
Editeur : Le Bord de l'eau, Latresne (Gironde)
Collection : Clair & net
Prix : 20 €

Cet essai explore les relations méconnues des philosophes avec leurs mères. Il décèle les effets de ces relations sur le mode de pensée, les thèmes de réflexion, la tonalité affective d’une philosophie. A l’écart de la psychologie, il suit le fil reliant la biographie à l’oeuvre, l’intime à l’universel. De Socrate à Simone de Beauvoir, dix gestations philosophiques sont développées, dans une suite à la fois chronologique et répétitive. Dix parce que penser prend du temps et que sans être un éléphant, le philosophe a de toute évidence besoin pour se former d’un cycle plus long que l’homme ordinaire…
Cette généalogie, qui se veut récréative, rend sans doute les philosophes plus humains et la philosophie plus proche de la vie. Elle éclaire aussi la fonction maternante de la discipline et les vertus de son exercice : la possibilité d’une réinvention du sujet à la source même de sa pensée. A une époque qui cherche à étouffer dans l’oeuf tout ce qui pense, une telle renaissance prend valeur de résistance.

Le temps de la multitude

Vittorio Morfino



Parution : mai 2010
Editeur : Amsterdam
Collection : Caute !
Prix : 25 €

La notion d’immanence telle qu’elle a été développée par Spinoza, en tant que négation radicale de l’origine, peut à bon droit être considérée comme l’un des concepts pivots de la modernité. Vittorio Morfino tente dans cet ouvrage de retracer les contours d’une généalogie de la notion d’immanence chez Spinoza, ainsi que sa postérité, c’est-à-dire les interprétations, les déplacements ¬– et les neutralisations – dont cette notion a fait l’objet dans l’histoire de la philosophie.

S’appuyant sur Aristote, Lucrèce, Augustin, Machiavel, Descartes, Leibniz, Hegel, Engels, Darwin, Husserl, Heidegger ou encore Simondon, et se fondant tout particulièrement sur la nouvelle lecture de Spinoza qu’autorise le concept de « matérialisme aléatoire » théorisé par Louis Althusser, Vittorio Morfino interroge les conséquences systémiques qu’eut l’« invention de l’immanence » sur l’épistémologie, l’éthique, la métaphysique et la politique, et, ce faisant, met au jour la manière dont les définitions de la causalité, de la temporalité, du rapport, de la forme ou encore de la contingence sont devenues l’enjeu d’un affrontement philosophique majeur entre deux conceptions de l’immanence : celle de Spinoza et celle déployée dans une certaine tradition allemande qui court de Leibniz à Husserl, puis de Hegel à Heidegger.

Conscience et finitude : l'hypothèse de la surfinitude

Jean-Louis Chédin



Parution : mai 2010
Editeur : Hermann
Collection : Philosophie
Prix : 25 €

L'analyse de la relation fini - infini, tiraillée entre primauté absolue de l'infini (dans le schéma classique) et celle du fini, propre à la vision contemporaine de la «finitude radicale», appelle un véritable renouvellement. Un troisième terme, au point de blocage où l'on est parvenu, est philosophiquement nécessaire et concevable.

La «surfinitude», il s'agit d'elle, doit procéder d'un système actif de double finitude : celle des éléments constituants et celle du tout constitué dans le système... Dédoublement relatif, qui permet le premier recul «conscienciel» de la finitude par rapport à elle-même et par opposition à un infini. Il permet dès lors de penser, sur des bases nouvelles, l'effet générateur de représentation (et de conscience), qu'une évolution déterminée peut entraîner au sein même de la finitude.

(Ceci à l'écart de l'alternative ancienne et nouvelle, entre dualisme et matérialisme ou néo-matérialisme, dès qu'il s'agit de conscience et de représentation.)

Les avatars du vide : Démocrite et les fondements de l'atomisme

Heinz Wismann



Parution : mai 2010
Editeur : Hermann
Collection : Le Bel aujourd'hui
Prix : 28 €

Démocrite n'est pas un matérialiste au sens ordinaire : ses atomes ne sont pas des corps. Les trois études ici réunies offrent leurs éclairages croisés pour réfuter cette idée reçue, vieille de deux mille ans. Et la tradition ainsi forgée perdure aujourd'hui, aveugle au fait que les atomistes - Démocrite et Leucippe - n'avaient nullement en tête des corpuscules ou des molécules préfigurant Dalton et l'atomisme du XIXe siècle. La théorie platonicienne des idées a d'emblée refusé la concurrence insupportable avec l'identification des atomes à des «idées». D'où l'impressionnant silence de Platon à l'égard de Démocrite.

Plus visiblement polémique, Aristote a ensuite systématiquement retraduit les concepts démocritéens en les privant tous de leur sens dynamique : cette traduction est allée de pair avec une interprétation qui voulait faire de Démocrite un adversaire aisément réfutable.

Or, malgré l'état déficient des sources - aucun ouvrage de Démocrite ne nous est parvenu -, l'auteur mène une enquête extrêmement précise, à la fois philologique et philosophique, et parvient à reconstituer ce que la réception a voulu étouffer ou fausser à travers les citations dont elle usait. Au terme de sa lecture insistante, l'auteur révèle l'atomisme antique sous un jour très différent, mais d'autant plus proche de nos spéculations contemporaines.

mercredi 9 juin 2010

Études sur le Commentaire de Proclus au premier livre des Éléments d’Euclide

Alain Lernould (éd.)



Parution : 2010
Edition : Septentrion
Collection : philosophie ancienne
Prix : 23 €

Le Commentaire de Proclus (Ve s. apr. J.-C.) au premier livre des Éléments d’Euclide est un texte fondamental pour l’étude de la philosophie néoplatonicienne des mathématiques et pour celle de la réception du Néoplatonisme à la Renaissance et à l’Âge classique. Pourtant la philosophie des mathématiques du Néoplatonisme tardif en général, et le Commentaire sur Euclide de Proclus en particulier, constituent des objets d’études encore insuffisamment explorés (notamment en France, comme en témoigne l’absence d’une traduction française récente de ce Commentaire, la dernière étant celle de P. Ver Eecke, qui remonte à 1948). Depuis l’essai pionnier de N. Hartmann (publié en 1909 par H. Cohen et P. Natorp) des travaux importants, en particulier ceux de S. Breton, d’A. Charles-Saget, et de D. O’Meara, ont fait progresser notre connaissance de cet ouvrage.

Mais le Commentaire sur Euclide de Proclus attendait encore d’être étudié en lui-même, d’une manière compréhensive, qui rende compte non seulement de sa dimension philosophique, mais aussi de ses dimensions religieuse, pédagogique, rhétorique, épistémologique et scientifique. Le présent volume, qui réunit des contributions d’historiens des sciences et d’historiens de la philosophie ancienne, venus de France et de l’étranger (Italie, Suisse, Israël, Canada et États-Unis), répond à cette attente.

Philosophie du rock

Roger Pouivet



Parution : mai 2010
Edition : PUF
Collection "L'Interrogation philosophique"
Prix : 23 €

Les sciences humaines étudient le rock comme un nouveau genre musical dont l’explication devrait être sociologique. Elles nous parlent de jeunes révoltés écoutant Jimi Hendrix à Woodstock ou de l’antiracisme des fans de U2 elles décrivent l’ambiance « sex, drugs and rock’n roll » des grands concerts. Ce livre est très différent. Il ne relève ni de la critique musicale ni de la sociologie de l’art. Il porte sur la nature des œuvres musicales rock. Elles sont constituées par des enregistrements et faites en studio pour une diffusion de masse. — Quoi, le rock n’est pas avant tout une musique live ? — Non. Car l’œuvre musicale rock est essentiellement une certaine sorte d’artefact, un enregistrement, conçu pour être aisément disponible, grâce aux moyens techniques que furent le disque ou la bande magnétique, et que sont le CD ou le fichier informatique. Ce livre propose ainsi une ontologie et une métaphysique de ces choses ordinaires, les œuvres musicales rock, contenues dans les objets familiers : les CD ou les lecteurs mp3. Il révèle aussi la finalité de cette ubiquité des œuvres de rock : nous gérons nos émotions en nous passant un CD ou en écoutant notre ipod, en voiture, dans le métro, en travaillant, en dînant, etc. Cette disponibilité de l’œuvre de rock est la conséquence de son mode d’existence. Seule une philosophie conçue comme une ontologie pouvait nous l’apprendre.

Table des matières

Introduction
Qu’est-ce que le rock ?
Qu’est-ce qu’une philosophie du rock ?
La métaphysique des choses ordinaires
L’esthétique n’est pas autonome
Émotions et valeurs

Chapitre premier. — L’ontologie du rock
Programme
Cultures et arts populaires
Les arts de masse, une perspective comparée
L’art de masse et son public
Le rock comme catégorie ontologique
Qu’est-ce qu’une œuvre musicale rock ?
L’enregistrement : une nouvelle poétique
Objections et réponses
Coda

Chapitre II. — Métaphysique des choses ordinaires et ontologie de l’art
Ce qui est réel
Contre l’ontologie de l’art
Ontologie de l’art vs empirisme esthétique
Appréciation esthétique et présupposés ontologiques
Le nihilisme artefactuel
Le problème de la constitution matérielle
Il y a des choses ordinaires

Chapitre III. — Les œuvres d’art comme artefacts
Mode d’existence
L’ameublement du monde
Qu’est-ce qu’un artefact ?
Les œuvres d’art sont-elles des artefacts ?
La réalité des artefacts et des œuvres d’art
Constitution, identité et persistance des œuvres d’art
Les dieux sont dans la cuisine

Chapitre IV. — Le rock en contexte
Non à l’ontologie, oui à la vie ?
Contre l’approche historique
Contre l’approche postmoderne
L’approche sociologique
Ontologie, contexte et performance
Ontologie de la production artistique

Chapitre V. — La maîtrise des émotions
Musique enregistrée et maîtrise des émotions
Musique, émotions et ontologie
Qu’est-ce qu’une propriété émotionnelle ?
La réponse émotionnelle appropriée et la maîtrise des émotions
Maîtrise des émotions et ustensilité des œuvres-enregistrements

Conclusion
Bibliographie
Index nominum

lundi 7 juin 2010

Dictionnaire de la philosophie russe

Françoise Lesourd (dir.)



Parution : juin 2010
Edition : L'âge d'homme
Collection : "Slavica"
Prix : 77 €

Essayer de comprendre les grandes constantes de la philosophie russe, c’est aban­donner certaines représentations habituelles pour un lecteur occidental – non pas dé­couvrir une différence au sens strict, mais une autre répartition des centres d’intérêt. En 1955, Vycheslavtsev écrivait : « Les problèmes fondamentaux de la philosophie universelle sont aussi, bien évidemment, ceux de la philosophie russe. En ce sens, il n’existe pas de philosophie spécifiquement russe. Mais il existe une manière russe d’aborder les problèmes philosophiques universels, une aptitude proprement russe à les vivre et les prendre en charge. »

Ce Dictionnaire contribue à situer la pensée russe par rapport à l’Europe, et cela dès les origines.

Depuis un demi-siècle, le regard porté sur la Russie ancienne (XIe-XVIIe siècles) s’est transformé, permettant de donner toute sa place à une tradition spirituelle moins tournée vers le raisonnement que vers le silence, la contemplation, l’ascèse – tendance également présente en Occident, mais moins exclusive.

On sait qu’en Russie les contraintes de l’histoire (régimes autoritaires, censure, emprise d’une idéologie totalitaire…) ont pesé particulièrement lourd. Elles sont pro­portionnelles à l’ampleur des questions suscitées. Au XIXe siècle, à travers l’histoire d’institutions telles que les universités, on découvre une peur panique de toute pensée, considérée comme une menace pour l’ordre établi. C’est à cause de ces conditions d’existence que le manque d’une philosophie critique se fait sentir au moins jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Mais la faiblesse presque constante de la philosophie institutionnelle explique aussi, peut-être, la floraison de théories parfois très surpre­nantes, originales, non conventionnelles – tradition qui se maintiendra au XXe siècle, où sous la chape de plomb du régime soviétique on découvrira un véritable foison­nement idéologique.

C’est au XXe siècle surtout (en URSS ou dans l’émigration) que la philosophie russe rejoint véritablement la conception occidentale de la philosophie. À côté du marxisme ou des vastes systèmes développant la notion d’unitotalité, on rencontre des phéno­ménologues, des existentialistes… qui, cette fois, ne sont pas des imitateurs. Certains rapprochements sont inattendus. On découvre ainsi que Pascal est au coeur de tout un domaine de la pensée russe.

Ce Dictionnaire fait écho à d’autres entreprises : à la monumentale Histoire de la littérature russe publiée chez A. Fayard, qui a montré que tout panorama un peu ex­haustif de la culture russe ne peut ignorer sa philosophie ; au Vocabulaire européen des philosophies, qui a souligné l’apport original de la Russie sur le plan conceptuel. Mais sa visée propre est de relier les différents concepts originaux à la culture et à l’histoire qui les ont forgés. Dans la refonte de l’original russe, on s’est attaché à faire ressortir la spécificité de cette philosophie et de ses conditions d’apparition. On trouvera parfois même certains grands événements dont l’incidence sur le développement ultérieur de la pensée est indiscutable (par exemple les Décembristes).

L’ambition de ce Dictionnaire est de faire pressentir la richesse d’un domaine philosophique qui commence à se découvrir, de dépasser les jugements ou sympathies convenus, pour proposer un travail de compréhension en profondeur, offrant un nou­vel angle d’approche de la culture russe.

dimanche 6 juin 2010

Le premier Lyotard : philosophie critique et politique

Amparo Vega



Edition : l'Harmattan
Date de parution : mai 2010
Prix : 28 €

L'auteur nous propose une étude sur la philosophie critique développée par Jean-François Lyotard (1924-1998), de ses premières réflexions jusqu'à la naissance de la pratique des dérives, au début des années 1970. La question de la critique est centrale dans l'ensemble de la pensée du philosophe et étroitement liée à celle de la politique. Des concepts centraux sont ainsi abordés tels que le désir et la résistance, l'écoute et la dette, l'indéterminé, le totalitarisme, le différend...

ESSAI SUR LA PROBLÉMATOLOGIE PHILOSOPHIQUE

Constantin Salavastru



Editions : L'Harmattan
Date : mai 2010
Prix : 21 €

Dans cet ouvrage l'auteur propose une investigation sur un nouveau concept de la philosophie contemporaine, la problématologie, au centre duquel on retrouve l'analyse du concept de problème et de son corollaire, le questionnement. La première partie de l'ouvrage est une approche théorique sur quelques aspects fondamentaux de la problématologie. La seconde partie est une application du modèle théorique à trois ouvrages fondamentaux de l'histoire de la philosophie : Théétète de Platon, le traité Ethique de Spinoza et L'expérience de la pensée de Heidegger.

Adam ou l'innocence en personne. Méditations sur l'homme sans péché

Jean-Marc Rouvière



Edition : L'Harmattan
Parution : septembre 2009
Prix : 11 €

Quelle serait une humanité préalablement à son basculement dans le péché indélébile ? L'homme non pécheur est-il un homme ordinaire, la tache du péché en moins ? Son existence est-elle la nôtre, la joie béate en plus ? Avec ces méditations sur l'homme encore incapable de pécher, L'auteur poursuit au moyen de la foi et de la raison ses commentaires d'évènements bibliques où se dit la condition de l'homme.

Philosophie n°106 : l'Individu

Stéphane Chauvier, François Schmitz, Vincent Descombes, Julien Rabachou, Frédéric Worms, Marc Pavlopoulos



Les Editions de minuit
Juin 2010
Prix : 10 €

Ce numéro porte sur la question de l'individu. Or loin d'être univoque, elle a été déployée dans des registres problématiques distincts.
La notion d'individualité concerne tout d'abord tout étant en général et relève de l'ontologie formelle ou des ontologies mondaines. Au sein d'un domaine spécifique - domaine idéal des nombres entiers, champ des objets intra-mondains en général, domaine réal des objets de temps, des choses étendues, matérielles, culturelles, des êtres animés, des personnes, etc. –, on se demande quel est le principe d'individuation qui rend compte de la singularité des étants de ce domaine : qu'est-ce qui caractérise l'individualité d'un nombre entier au sein de leur suite indéfinie ? celle d'un objet intra-mondain par rapport à tout autre ? qu'est-ce qui distingue de toute autre une chose spatiale dans le champ sensible, ou un objet culturel dans l'environnement ? La question se subdivise donc en deux, selon que l'on considère la singularité des idéalités formelles d'un champ de pensée, ou celle des objets intra-mondains : la première tâche de dégager les principes purement logiques d'individuation d'un objet de pure pensée, la seconde, de thématiser les principes d'individuation réale des objets mondains (temps, espace, matérialité ou causalité, signification culturelle, système de renvois, etc.). Dans cette perspective, Stéphane Chauvier tente de distinguer deux sens de l'individualité (hénade et monade) corrélatifs à deux modes d'accès aux choses – l'un qui le considère comme une singularisation au sein d'une espèce, l'autre comme une singularité absolue et close sur soi. Et François Schmitz analyse l'argument célèbre de Ramsey discuté par Russell, relativement à la question de savoir si les objets intra-mondains se partagent ou non en deux classes – celle des particuliers et celle des universaux.
La question se complique lorsqu'on la restreint au domaine de l'individualité humaine : est-il possible de penser la singularité d'un individu humain à partir des instruments conceptuels qui ont permis de caractériser celle de l'étant en général (catégories et principes d'individuation), ou bien l'individualité humaine est-elle sui generis et requiert-elle une conceptualité nouvelle ? Ainsi, Julien Rabachou examine la pertinence de modèles ontologiques traditionnels pour penser l'individu humain. Et, partant de la thèse heideggerienne qui distingue l'identité ontologique d'un étant quelconque (Selbigkeit) et l'ipséité d'un être humain (Selbstheit) – alors que l'identité à soi-même d'une chose de la nature est simplement ce qui fait d'elle cette chose, l'ipséité relève de la manière d'être vis-à-vis de soi-même ou de choisir entre être soi-même ou non –, Vincent Descombes s'attache à dégager la confusion grammaticale qui grève implicitement l'analyse heideggerienne : la confusion entre le quis et le quid, l'identification d'un individu et la caractérisation de ses actes. De même, Frédéric Worms réinterroge le rapport entre individu et relation, en se demandant si les relations interindividuelles sont ou non constitutives de l'individualité – ce qui conduit de l'ontologie à l'éthique. Enfin, Marc Pavlopoulos et Andy Hamilton repensent l'individuation humaine à partir de l'expérience interne : quel type d'expérience me permet d'avoir accès à mon Soi et de fixer mon ipséité ?
D. P.

Sommaire

Stéphane Chauvier
L'unique en son genre

François Schmitz
Ramsey : sur la distinction entre particuliers et universaux (1925)

Vincent Descombes
La question de l'individualité humaine

Julien Rabachou
Repenser l’ontologie de l’individu à partir d’un modèle pratique

Frédéric Worms
Les relations entre individus comme fait primitif :
de l’ontologie à l’éthique

Marc Pavlopoulos
« Je » est-il une institution ?

Notes de lecture

vendredi 4 juin 2010

Cahiers de philosophie de l'Université de Caen N° 46 : Les diviseurs de l’être

Études publiées sous la direction de Vincent Carraud et Stéphane Chauvier.



Paru le : 03/06/2010
Editeur : PU de Caen
Prix : 15 €

L’histoire de la métaphysique a été portée par un double mouvement : celui de la recherche d’un sens premier du mot « être », mais aussi celui de la mise en ordre des acceptions subordonnées ou « modifiées » du mot « être ». Or s’il existe une vaste littérature historique et critique sur l’objet premier de la métaphysique, les historiens et les analystes ne se sont en revanche que peu intéressés au statut et au contenu des « diviseurs de l’être », autrement dit des grandes dichotomies qui permettent au métaphysicien d’ordonner la diversité des sens de l’être et de distinguer des types ou des classes d’étants. Ce volume, issu d’un colloque organisé en novembre 2006 à l’université de Caen par l’équipe de recherche « Identité et subjectivité », entend donc faire sortir cette dimension fondamentale de l’histoire de la métaphysique de son occultation. Les contributions qu’il rassemble interrogent le statut logique et la portée ontologique des diviseurs de l’être en même temps qu’elles s’emploient à identifier quelques-unes des divisions que l’on peut dire critiques du point de vue de l’histoire de la métaphysique autant que de ses développements contemporains.

mercredi 2 juin 2010

Le Dernier Homme

Jean-Baptiste de Grainville



Paru le : 02/06/2010
Editeur : Payot
Collection : critique de la politique
Prix : 23 €

Dans L'Oraison funèbre en l'honneur des citoyens tombés le 10 août 1792, Grainville, prêtre constitutionnel, brossait un tableau enthousiaste de l'avenir. "Depuis l'aurore jusqu'au couchant, le Peuple va régner. Le bonheur attend ce moment pour descendre du Ciel sur la Terre... quelque part où les Hommes porteront leur pas, ils y trouveront un Frère et l'abondance." Le même Grainville se suicida en février 1805 - l'hiver du sacre de celui que Fichte appelait "l'homme sans nom" - après avoir écrit Le Dernier Homme. Cette oeuvre, le poème de "la mort du monde" selon Michelet, sera publiée la même année par Bernardin de Saint-Pierre.

Que convient-il de percevoir dans ce renversement, dans ce saut du règne de la liberté à l'épuisement du monde et des hommes ? Charles Nodier, Jules Michelet, Raymond Queneau, d'autres encore, prêtèrent toute leur attention à ce texte - qualifié par certains de chef-d'oeuvre méconnu - qui décrit les aventures d'Omégare, le bien nommé Dernier Homme, entre l'Europe et l'Amérique dans un monde proche de sa fin où règnent ruines et stérilité. Le Dernier Homme peut se lire comme l'effet métaphorique de la Révolution française. N'associe-t-il pas la clôture de l'événement à la fin d'un monde et à l'avortement d'un monde nouveau ?

Très sensible à l'énigme de l'oeuvre à sa pluralité de sens, Anne Kupiec, dans une postface très informée, poursuit le thème du dernier homme et de ses métamorphoses, à travers la modernité post-révolutionnaire de Mary Shelley jusqu'à Nietzsche. Grâce à une lecture attentive, elle parvient à rendre sensible l'étrangeté d'un texte qui défie toutes les catégories où la critique cherche à l'enfermer. C'est ainsi qu'Anne Kupiec parvient à faire apparaître comme une oscillation entre un monde de malheur en proie à une inéluctable stérilité - une "expérience du gouffre" - et une dimension utopique voilée qui prend la forme d'un avenir ouvert, d'une aurore indéterminée.

On comprendra aisément à lire Grainville que cet "étrange rêveur" puisse prendre place aux côtés d'un autre poète bouleversé par l'ébranlement révolutionnaire, celui que B. Pautrat appelle un "astre énigmatique", William Blake.

mardi 1 juin 2010

La philosophie du soin. Ethique, médecine et société

sous la direction de Lazare Benaroyo, Céline Lefève, Jean-Christophe Mino et Frédéric Worms



Edition : PUF
Parution : mai 2010
Prix : 35 €

Le soin ne désigne pas seulement un domaine particulier de l’activité médicale, au sens où l’on parle par exemple des soins infirmiers ou des soins palliatifs. Il ne correspond pas non plus à un « supplément d’âme » de la médecine, mais il en constitue une, sinon la finalité essentielle. Car le soin est aujourd’hui le point où s’articulent la médecine, l’éthique et la société dans leur ensemble, à la fois dans les expériences, les pratiques et les institutions. Partout, le soin est une référence, un souci et une valeur, parfois un prétexte et un leurre, toujours un problème. Le but de cet ouvrage est de décrire et d’interroger le soin sous tous ses aspects et à partir de disciplines et d’approches différentes dans les champs de la médecine, de la philosophie et des sciences sociales. Destiné aux philosophes, médecins, citoyens, soignants mais aussi soignés que nous sommes ou serons tous un jour, il fait apparaître combien le soin nous aide à penser au plus près le moment actuel.

Table des matières


Présentation

Les contributeurs

Avant-propos, par Dominique Lecourt

Introduction, par Lazare Benaroyo, Céline Lefève, Jean-Christophe Mino, Frédéric Worms

Première partie. — Éthique
Vers un moment du soin ? Entre diversité et unité, par Frédéric Worms
Éthique et herméneutique du soin, par Lazare Benaroyo
Narration et accompagnement : accéder au monde de l’autre, par Catherine Draperi
Aux sources de l’éthique : les enjeux psychiques de la relation de soin, par Simone Korff-Sausse
L’éthique du care : entre sollicitude et soin, dispositions et pratiques, par Fabienne Brugère
Quelle tâche pour une éthique du soin aujourd’hui ? Assurer l’articulation du sémantique et du pragmatique, par Jean-Philippe Cobbaut

Deuxième partie. — Médecine
La relation de soin doit-elle être une relation d’amitié ?, par Céline Lefève
« Who cares? » Quelle attention au malade dans la relation thérapeutique ?, par Claire Marin
Prendre soin dans « la relation endeuillée », par Catherine Dekeuwer
Le soin comme accompagnement et facilitation de l’individuation avec la maladie chronique, par Philippe Barrier
Vécu de la parole en réanimation : complexité et ambiguïtés de la relation soignants-soigné/famille, par Nancy Kentish-Barnes
« L’humanité », enjeu majeur de la relation médecin/patient. Y a-t-il une violence intrinsèque à la situation de soin ?, par Marie Gaille et Nicolas Foureur
Médecine contemporaine et disposition au soin, par Alain-Charles Masquelet

Troisième partie. — Société
Dire ou ne pas dire… Quand informer c’est aussi soigner, par Jean-Christophe Mino
Du sens unique au sens interdit. Les malades et l’épreuve de la maladie, par Sylvie Fainzang
Care et institutions : quels regards sur le style organisationnel et le soin aux personnes ?, par Nathalie Zaccaï-Reyners
Une médecine active : comment le travail prend valeur thérapeutique, par Marie-Odile Frattini
La volonté de soigner. D’un singulier désir de soin dans les politiques pénales, par Claude-Olivier Doron
L’expérience vécue de la maladie, par Guillaume Le Blanc