lundi 31 octobre 2011

Platon et l'irrationnel mathématique

Imre Toth

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Octobre 2011 – Editions de l’Eclat - Collection : philosophie imaginaire – 14 €

La question au nombre irrationnel et de l'irrationnel mathématique en général, tient une part discrète dans l'oeuvre de Platon, mais elle est comme cette "pierre délaissée par les architectes" et qui est pourtant "la pierre angulaire".
Elle concentre toutes les questions de l'être et du non-être, du possible et de l'impossible, du fini et de l'infini et ouvre la voie à la liberté pleine et entière de l'homme en quête de vérité. En elle, convergent pensée mathématique et spéculation philosophique, en une harmonie riche de conséquences inestimables. C'est cette harmonie que révèle Imre Toth dans un essai brillant et rigoureux, le dernier qu'il ait écrit avant sa brusque disparition en mai 2010.

  • LES PREMIERES OCCURENCES TERMINOLOGIQUES DE L'IRRATIONNEL MATHEMATIQUE
  • ARISTOTE : L'INCOMMENSURABLE ET L'IRRATIONNEL
  • LONGUEURS IRRATIONNELLES DANS LE THEETETE
  • LA PUISSANCE DE THEETETE : NOMBRE IRRATIONEL, RACINE CARREE D'UN NOMBRE NON-CARRE
  • LE MIRACLE DIVIN DE L'EPINOMIS ET LES LONGUEURS IRRATIONNELLES DANS LE THEETETE
  • L'ESCALVE DE MENON : PRISE DE CONSCIENCE DE L'IRRATIONALITE
  • EMERGENCE DE L'IRRATIONNEL
  • LE NOMBRE IRRATIONNEL DANS LE PHILEBE
  • METAPHYSIQUE ET ARITHMETIQUE PYTHAGORICIENNES : L'INDIVISIBILITE DE LA NONADE
  • EUXODE : L'IRRATIONNEL ET LE CONCEPT NON PYTHGORIQUE DU LOGOS

Philosophie, n° 111: Etudes sur Husserl

Automne 2011

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Editions de Minuit – 10 €

Ce numéro s'ouvre sur la présentation et la traduction, par Guillaume Fagniez, de la conférence de Heidegger prononcée à Constance en novembre 1934 (juste après la période du Rectorat) sous le titre "Situation présente et tâche future de la philosophie allemande". A partir de la question de l'essence de la philosophie, Heidegger déploie les trois questions de l'histoire, de la vérité et de la langue. Dans quelle mesure peut-on dire que le Dasein est historial, et sur le fondement de quel rapport de l'histoire au temps ? Si l'homme est historial parce qu'il est dans la vérité, que signifie le fait même d'être dans la vérité, et implique-t-il une subjectivation de la vérité ? Enfin, si le fondement de la possibilité de l'histoire réside dans la langue, qu'est-ce que cette dernière, si elle ne se réduit pas à l'expression de nos vécus ou jugements ? La conférence de Constance livre ainsi un aperçu exceptionnel sur le mouvement qui conduit la pensée heideggérienne de l'"ontologie fondamentale" à l'"histoire de l'être". Le numéro se poursuit avec trois études consacrées à la pensée du fondateur de la phénoménologie. Dans "Husserl et le mythe des objets", Robert Brisart met en question la célèbre lecture frégéenne de Husserl proposée par D Follesdal. Pour Husserl, l'objet n'est en effet accessible qu'à partir de sa visée par le moyen d'un sens noématique. Or, si le noème husserlien s'apparente bien à la notion frégéenne de sens, il n'en va pas ainsi pour la référence : alors que l'objet est pour Frege un en soi objectif situé hors de la conscience et de toute dimension sémantique, l'identité de l'objet est pour Husserl "intensionnelle", atteinte par une synthèse de la conscience. Bien qu'il se soit libéré du mythe du donné, Husserl serait ainsi demeuré prisonnier d'un mythe du sens. Dans "La question de la signification des propositions subjectives chez le premier Husserl", Alain Gallerand s'interroge sur le statut de ces dernières - négligées dans la tradition logique au motif qu'elles n'ont pas de valeur de vérité, et problématiques au sein de la position des Recherches logiques : vu que Husserl tient les significations pour des unités idéales par opposition à la multiplicité des actes de conscience, comment peut-il rendre compte de telles propositions, dont la signification semble intimement liée à la vie psychique ? Les concepts noétique et noématique de Bedeutung, le paradigme du jugement et de l'énoncé s'appliquent-ils à toutes les propositions - y compris celles qui ont trait aux phénomènes affectifs ? Enfin, dans "Le plaisir dans la phénoménologie de Husserl", Samuel Le Quitte s'interroge sur une notion apparemment absente de cette dernière, puisque sur son versant pratique, elle ne cesse de s'élever contre le scepticisme moral, dont l'hédonisme est l'un des représentants éminents. Cette critique de l'hédonisme signifie-t-elle ipso facto une récusation du plaisir en général et en tant que tel ? La position de Husserl à l'égard de l'hédonisme résume-t-elle sa conception générale du plaisir ? Cette dernière n'est-elle pas plus complexe qu'il n'y paraît ?

dimanche 30 octobre 2011

Europe n° 991-992 : Emmanuel Levinas

Novembre & Décembre 2011

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Présentation de l’éditeur

Né en Lituanie, Emmanuel Levinas (1906-1995) est l’un des penseurs les plus influents de notre temps. Après ses études à Strasbourg, où il fut le condisciple de Maurice Blanchot, il suivit en 1927-1928 les cours de Husserl et de Heidegger à Fribourg.

Si Levinas s’inscrit dans le sillage de la phénoménologie husserlienne, son chemin de pensée n’est pas celui d’un épigone, mais ouvre au contraire des horizons nouveaux en articulant le concret phénoménologique de la vie et la rigueur éthique de l’altérité.

En se montrant soucieux de « rechercher l’intrigue humaine ou interhumaine comme le tissu de l’intelligibilité ultime », Levinas a rompu sans retour avec les visées omni-compréhensives « d’une philosophie de l’unité et de la totalité de l’Être appelé Esprit », c’est-à-dire avec le système clos de la Totalité où tout rapport est saisi en termes de savoir ou de pouvoir.

En rupture avec la tradition venue de l’idéalisme, Levinas participe de ce que Franz Rosenzweig appelait la « nouvelle pensée » : pensée nouvelle en ce qu’elle fait droit à ce que la pensée traditionnelle tenait à l’extérieur d’elle-même. Et là où la tradition philosophique tendait à réduire l’autre au même, nous voyons l’écriture de Levinas travailler à ouvrir des brèches dans le corps de la totalité telles que le philosophe, surmontant son allergie à l’autre, puisse, à l’inverse de la tradition, l’accueillir, le laisser surgir. Des percées d’extériorité...

Là où la tradition déduisait l’éthique de la connaissance ou de la Raison, on rencontre chez Levinas une conception renouvelée, voire révolutionnaire de l’éthique.

Loin de prendre son origine dans un universel, dans la compréhension ou la connaissance, l’éthique apparaît dans la relation spécifique où le Je rencontre le Tu.

Cela dit, lire Levinas aujourd’hui nous engage à résister à la banalisation et à l’idéologisation de sa pensée qui conduit à voir en lui le penseur du « tout éthique ». Derrière cette thèse qui relève d’une simplification outrancière, il s’en cache une autre selon laquelle la sortie du totalitarisme devrait entraîner aussitôt une dépréciation de la politique, comme si le totalitarisme consistait en un excès, une excroissance de la politique et non en sa destruction systématique.

Or Levinas, loin d’avoir recours à l’éthique pour déprécier la politique, invente plutôt entre les deux sphères une articulation originale qui vise à rendre à la politique sa consistance et sa dignité, à renouveler en quelque sorte la question politique.

Sommaire

  • Danielle COHEN-LEVINAS : Levinas en plusieurs temps.
  • Jacques TAMINIAUX : Une autre phénoménologie.
  • Miguel ABENSOUR : Penser l'humain.
  • Emmanuel LEVINAS : Visage et violence première.
  • Marc CRÉPON : Cette tumeur dans la mémoire.
  • Jean-Luc NANCY : Éros, une fois encore.
  • Edoardo FERRARIO : L’heure où Pénélope commence à défaire sa toile.
  • Ginette MICHAUD : Bruissement, oblitération, percée.
  • Hagi KENAAN : Le langage comme proximité.
  • John McKEANE : Réverbérations.
  • Pierre ZAOUI : L’entre-deux infini.
  • Évelyne GROSSMAN : Faute de langue…
  • Bettina BERGO : Chair métaphysique, chair de forces.
  • Patrick HOCHART : Les nourritures terrestres.
  • Raoul MOATI : L’intentionalité à l’envers.
  • Gérald SFEZ : L’infini, là où il est temps.
  • Marc GOLDSCHMIT : La contra-diction, folie éthique dans l’ontologie.
  • Alain DAVID : Énigme et phénoménologie.
  • Danielle COHEN-LEVINAS : Passer infiniment la justice.
  • David BREZIS : Messianisme et pensée sacrificielle.
  • Dan ARBIB : « Un certain athéisme ».
  • David PÉREZ : Révélation du visage et Révélation biblique.
  • Marc de LAUNAY : Dialectique du rite.
  • Silvano FACIONI : « Un, Élohim parle ; deux, ceci, je l’entends ».

L’ouverture au monde. Lecture de Jan Patočka

Renaud Barbaras

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Août 2011 – Les Editions de la transparence – 24 €

Renaud Barbaras avait publié en 2007 aux Éditions de La Transparence un recueil d’« études » sur Jan Patočka, Le Mouvement de l’existence. Le présent ouvrage constitue donc un approfondissement du dialogue établi avec l’un des plus grands phénoménologues avec Husserl et Heidegger.
Il s’agit ici d’une « lecture », ce qui signifie qu’elle s’inscrit dans le parcours philosophique de l’auteur, qui prépare depuis plusieurs années un système phénoménologico-métaphysique, qui comportera trois volets : une phénoménologie de la vie (parue chez Vrin sous le titre Introduction à une phénoménologie de la vie, 2008), une cosmologie, puis une métaphysique. Le présent ouvrage constitue l’articulation entre phénoménologie et cosmologie.
Plus précisément, la première partie du livre construit le passage de la phénoménologie à la cosmologie, en établissant l’identité du sujet et de son mouvement. La première section de la seconde partie du livre thématise le plan cosmologique de l’archi-mouvement, mouvement du monde dont procèdent nos mouvements. La seconde section et, en particulier, le dernier chapitre, ouvrent la voie de la métaphysique en faisant apparaître la nécessité d’un archi-événement de séparation.
Outre Patočka, cet essai ambitieux discute des auteurs tels que Descartes, Husserl, Heidegger, Maine de Biran, Bergson.

CAHIERS SIMONDON Numéro 3

Sous la direction de Jean-Hugues Barthélémy

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Octobre 2011 – L’Harmattan – Coll. Esthétiques – 15,50 €

Ce troisième numéro dresse d'abord un bilan de la redécouverte récente du lien central de Deleuze à Simondon. Il confronte ensuite Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l'esthétique. Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d'unité de l'ensemble de l'oeuvre, et Vincent Bontems clôt ce volume en évoquant les activités de l'Atelier Simondon qu'il anime à l'École normale supérieure de Paris.

Sommaire

    • Technique, travail et anthropologie chez Arendt et Simondon
    • Simondon et la construction de l'empirisme transcendantal
    • La néoténie dans la pensée de Gilbert Simondon Ontogenèse d'une hypothèse
    • ACTIVITES DE L'ATELIER SIMONDON Séminaire "Individuation et Technique" (2010-2011
    • Esthétique et techno-esthétique chez Simondon
    • Simondon technologue, une individuation inachevée Dialogues (et silences) avec les théories des machines dans la France de l'après-guerre1
    • Quel mode d'unité pour l'oeuvre de Simondon
    • Le corps social du sujet

vendredi 28 octobre 2011

Sur la connaissance de Dieu et l'univocité de l'étant

John Duns Scot

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Novembre 2011 – PUGF – Epiméthée – 31 €

Au tournant du XIVe siècle, Duns Scot porte à son achèvement la pensée scolastique et esquisse la figure moderne de la métaphysique.
Il rejette l’analogie appliquée à la question de l’être : à la place des articulations multiples supposées par l’analogie et la théorie de la participation qui la soutient, le concept d’étant, décollé du réel, offre une unité primordiale, qui embrasse Dieu et la créature, la substance et les accidents. Connu naturellement, sans illumination divine, il remplace la créature (Thomas d’Aquin) ou Dieu (Henri de Gand) comme objet premier de l’intellect.
La théologie des noms divins se transforme ainsi en attribution univoque de concepts formels, distincts les uns des autres en Dieu comme dans la créature, et pourtant fondus dans l’identité infinie de l’essence divine. La multiplicité des sens de l’être et la connaissance de Dieu passent sous l’égide du concept d’étant, neutre, indifférent et commun à toutes choses. Celui-ci permet l’institution d’une métaphysique entendue comme science de l’étant en tant qu’étant : la genèse d’une ontologie.

Les styles de Deleuze

Adnen Jdey (dir.)

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Novembre 2011 – Les Impressions nouvelles – 24 €

En s’accordant aux multiplicités transversales de l’écriture et des opérations réflexives qui lui sont liées, le présent recueil pose le problème du style chez Deleuze suivant trois découpes connexes : entre philosophie et histoire de la philosophie, logique et esthétique, clinique et politique.
L’ensemble des études ici réunies ont en commun de référer chaque fois la stylistique deleuzienne à un concept ou un cas d’analyse précis, susceptibles d’en cerner les présupposés théoriques et le mode de fonctionnement. La multiplication des perspectives devrait ainsi permettre de dégager les jalons de ce qui, dans cette pensée en acte, s’offre précisément comme méthode et pratique singulière du style, consignant par là un style de pensée spécifique : le style-Deleuze.

dimanche 23 octobre 2011

Le bon usage des savoirs - Scolastique, philosophie et politique cutlurelle

C. König-Pralong

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Octobre 2011 - Vrin, coll. Etudes de philosophie médiévale – 35 €

La philosophie médiévale est en général mieux connue que ses auteurs. Ce livre s'intéresse aux acteurs intellectuels auteurs des textes qui ont servi de matériaux à l'histoire de la philosophie médiévale. Qui sont-ils ? Dans quels lieux institutionnels et dans quelles conditions culturelles ont-ils travaillé ? Quelles conceptions se faisaient-ils de leur mission, de ses intérêts et de ses fins ? Démentant un préjugé répandu, les scolastiques se révèlent intéressés à la politique culturelle ; ils avaient une conscience aigue des enjeux épistémiques, éthiques et sociaux de leurs pratiques professionnelles. Cette étude documente ces autoreprésentations et les contraste au moyen d'un regard plus extérieur, qui décrit les pratiques savantes des auteurs scolastiques et reconstruit leurs différentes conceptions du savoir et de la société chrétienne. À l'étude des contextes intellectuels et sociaux, elle présente des mises en série, de la division des sciences à la structuration du champ social en évêque, docteur, moine et laïc. À la lecture de textes issus de divers milieux et temps, elle articule des distinctions, entre clerc et laïc, évêque et docteur, arts libéraux et arts mécaniques, sédentaires et pérégrins, adulte et enfant, homme et femme, centre et périphérie, chrétien et non chrétien, théologie et philosophie. Conditions culturelles du savoir et contenus doctrinaux sont approchés par des méthodes irréductiblement différentes, qui convergent cependant sur un même objet, le texte qualifié de « philosophique » par son auteur ou par ses historiens.

Le zéro et le un

Sous la direction de Jérôme Segal

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Octobre 2011 – Ed. Matériologiques – Coll. Sciences & Philosophie – 29 €

La notion d’information est particulièrement polymorphe, luxuriante même. Ses définitions prolifèrent, son domaine lexical est si vaste que la probabilité que deux spécialistes de l’information (sans plus de précision) évoquant cette notion ne parlent en fait pas de la même chose est très élevée. Nous avons tous une idée vague et courante de que ce terme veut dire, nous utilisons tous ce vocable aux multiples acceptions propres à notre quotidien, tandis que les physiciens et les mathématiciens, entre tentatives de formalisation rigoureuses et multiplications des domaines d’application de l’information, développent sans cesse leur compréhension de ce que certains voient comme une nouvelle catégorie du réel. Les sciences humaines, via notamment les sciences de l’information et de la communication, et la linguistique, ont également contribué à l’inflation conceptuelle et lexicale des usages et significations de ce terme. Quant à la biologie, il est patent qu’elle a incorporé l’information à son socle théorique de manière massive. Cette discipline est sans doute celle où cette notion est des plus discutée, notamment parce que la biologie peut dialoguer avec la physique, l’informatique et les mathématiques via la notion d’information, et parce que le programme génétique, Deus ex machina du fonctionnement cellulaire pendant ces cinquante dernières années, est redevable de fortes critiques issues de théories très stimulantes. Le chapitre 7, véritable essai de 110 pages sur «  l’information et le vivant  : aléas de la métaphore informationnelle  », offre une vision panoramique de cette histoire dense et complexe.
Le livre de Jérôme Segal permet de comprendre les racines historiques et épistémologiques de cette profusion et des confusions qui continuent encore trop souvent à perturber notre perception de la notion scientifique d’information. Il s’interroge également sur l’unité du savoir que certains théoriciens de l’information ont cru fonder sur cette instance du réel qui a véritablement révolutionné le XXe siècle et qui sera sans nul doute un objet scientifique crucial durant le siècle en cours.

Nouvelle édition (ouvrage initialement paru en 2003), augmentée d’une postface d’Antoine Danchin et de 800 liens hypertextes bibliographiques.

samedi 22 octobre 2011

Bestiaire de Nietzsche

François Brémondy

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Octobre 2011 - Sils Maria, « Nouvelles possibilités d’existence » – 23 €

Aucune œuvre – hormis, évidemment, celles des fabulistes – n’offre un bestiaire aussi riche. C’est sans doute que Nietzsche pensa surtout par images, et qu’il se laissa séduire par les images animales, parce qu’elles sont les plus expressives. Ainsi, adolescent, il rebaptise sa sœur Elizabeth « Lama » et ne s’adressa plus à elle autrement jusqu’à la dernière lettre qu’il lui écrivit, ainsi encore, jeune homme, il adjure un camarade de déposer « sa peau d’ours de théologien pour prendre la figure d’un lionceau philologue ». C’est d’autre part que Nietzsche devint un penseur, comme on a dit, « éthique », en ce sens qu’il ne se soucia plus que de la valeur des choses ou du danger qu’elles peuvent représenter pour la vie, et de ce point de vue les images animales lui convenaient, parce que la plupart des animaux sont valorisés positivement ou négativement. Et comme il se proposa finalement de renverser nos évaluations morales, on ne s’étonnera pas qu’il ait inversé aussi certaines de ces valorisations – qu’il ait fait l’éloge des bêtes de proie et qu’il ait vitupéré le bétail, qu’il ait loué les bêtes sauvages et méprisé les animaux domestiques. Mais Nietzsche n’est pas seulement l’auteur d’une doctrine, il est aussi l’auteur de quelques beaux poèmes, dans certains desquels il célèbre des figures animales qui expriment les aspirations les plus profondes de son âme.

La Liberté des contemporains - Pourquoi il faut rénover la république

Thierry Ménissier

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Octobre 2011 - Presses Universitaires de Grenoble (PUG) – 24,90 €

Les débats récurrents sur la nécessité en France d'une réforme institutionnelle montrent que l'idée de république est en crise.
Le projet politique de la modernité a en effet échoué. Il visait depuis le XVIIe siècle à unifier l'espace civique et, tout en favorisant l'émancipation des sujets rationnels, à le penser comme un vaste ensemble soumis à la même discipline. Un soupçon plane de surcroît sur la référence républicaine exacerbée dans les discours actuels: dans le contexte de l'érosion des souverainetés nationales sous l'effet de la globalisation et de la construction de l'Union européenne, cette référence apparaît au mieux comme une incantation vers un passé rassurant mais défunt, au pire comme un levier démagogique qui en appelle à la souveraineté toute puissante du "peuple", cette entité aux contours mal définis.
Le moment est venu de savoir si l'on gagne à se passer de cette référence ou si l'on peut en sauver quelque chose. En voulant examiner cette question, cet ouvrage constitue une enquête sur les principes fondamentaux du discours républicain, tout en les situant dans l'histoire concrète des évolutions politiques et propose une troisième voie entre la liberté des anciens et celle des modernes: la liberté des contemporains, qui ouvre une perspective stimulante pour rénover la notion de république.

vendredi 14 octobre 2011

Les jeux philosophiques de la trilogie Matrix

Hugo Clémot

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Septembre 2011 – Vrin – Coll “Philosophie et Cinéma” – 9,80 €

La trilogie Matrix a suscité une littérature philosophique très importante dans le monde entier. Plus de dix ans après la sortie du premier des trois films, il est temps de faire un bilan des meilleures contributions et de proposer une interprétation inédite qui s’appuie non seulement sur l’ensemble de la trilogie, mais aussi sur les courts métrages animés, les comic books et les jeux vidéo conçus pour accompagner les films. Cette approche prétend en outre apporter une réponse à la question de savoir si et en quel sens une œuvre cinématographique comme Matrix peut faire de la philosophie.

L'autorité de la démocratie. Une perspective philosophique

David Estlund - traduit par Yves Meinard

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Octobre 2011 - Hermann, L'avocat du diable – 35 €

Faut-il sacrifier la vérité à la démocratie ?

S’il est vrai que certaines lois sont meilleures que d’autres, c’est à celles-là que nous voulons être soumis. Mais il est dès lors tentant, la majorité ne prenant pas toujours les bonnes décisions, de ne confier le pouvoir qu’aux plus compétents. Le gouvernement d’une élite savante soumet toutefois le peuple à une autorité illégitime, car le savoir ne confère aucun droit à commander autrui. L’épistocratie, qui réserve le pouvoir aux seuls experts, est inacceptable.

Dans cette contribution majeure à la théorie démocratique contemporaine, David Estlund montre comment concilier la recherche de lois justes et le respect de l’égalité morale des citoyens. Il ouvre ainsi une nouvelle perspective philosophique pour penser l’autorité de la démocratie. Entre le souci de la vérité et le pouvoir au peuple, il n’est pas sûr que nous devions choisir.

Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes

Isabelle DELPLA

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Octobre 2011 - Hermann, L'avocat du diable – 23,80 €

Les crimes de masse défient la réflexion morale. Ce sont les procès de ces crimes qui façonnent nos conceptions du mal extrême. Le procès Eichmann est en ce sens exemplaire.

La description par Hannah Arendt d'un Adolf Eichmann insignifiant a imposé l'idée de la banalité du mal, du crime bureaucratique commis sans pensée ni méchanceté. Pourtant, ce portrait ne correspond pas à ceux des historiens ou des chroniqueurs. Il reprend la défense d’Eichmann et réactive le genre des théodicées, qui défendaient Dieu en niant l’existence du mal : si Eichmann ne pense pas, alors la pensée est sauve.

Pour dépasser l’alternative stérile du diabolique et du banal, ce livre analyse la forme même du procès, en faisant de la chronique judiciaire un genre philosophique. Il éclaire ainsi l’influence du procès de Jérusalem sur l'évolution de la justice pénale internationale et sur la réflexion morale contemporaine.

> lire les premières pages

mardi 11 octobre 2011

La théorie de Pierre Bourdieu et ses usages sociologiques

Anne Jourdain et Sidonie Naulin

9782200248710FS

Septembre 2011 – Aarmand Colin – 9,80 €

De tous les sociologues français du XXe siècle, Pierre Bourdieu (1930-2002) est sans doute aujourd’hui le plus connu et le plus controversé. Son œuvre foisonnante a durablement marqué le champ intellectuel en France et dans le monde. À l’origine d’une nouvelle théorie du monde social qui s’appuie sur des concepts clés tels que l’habitus, la violence symbolique ou le champ, Pierre Bourdieu s’attache à mettre au jour la réalité des rapports sociaux pour mieux la dénoncer. Cet ouvrage présente trois dimensions centrales de l’œuvre de Pierre Bourdieu : sa réflexion épistémologique sur le métier de sociologue, l’élaboration de ses principaux concepts d’analyse à travers l’étude de domaines particuliers (école et culture) et enfin sa théorie de l’espace social. Dans chacun des chapitres, sont présentés des travaux d’auteurs qui ont poursuivi la réflexion de Pierre Bourdieu ou qui s’en sont inspirés. C’est en s’intéressant aux apports et aspects critiques de la sociologie de Pierre Bourdieu que peuvent être saisies l’importance et la nature de son influence intellectuelle aujourd’hui. Anne Jourdain et Sidonie Naulin sont doctorantes en sociologie, normaliennes et agrégées de sciences économiques et sociales.

lundi 10 octobre 2011

Pensées du corps. La matérialité et l'organique vus par les sciences sociales

Édité par Mélina Balcazar Moreno, Sarah Anaïs Crevier Goulet

27000100299790L

Septembre 2011 - Presses Sorbonne Nouvelle – 25 €

Ce début de XXIe siècle aura vu le corps s'imposer comme le « lieu commun » par excellence dans les médias mais aussi dans l'art, la littérature et les sciences humaines. Le pari de cet ouvrage est de s'en emparer en tant que carrefour disciplinaire, afin de dessiner une épistémologie du corps qui soit propre aux sciences humaines. Les différentes contributions abordent la question de la surexposition médiatique des corps en reparcourant quelques-uns des grands jalons théoriques qui, de la modernité au post-structuralisme, auront marqué les réflexions sur le corps. Sont ainsi examinés les effets de sa marchandisation ou des lois qui visent à le régir, mais aussi la question des modifications corporelles ou les problématiques du corps-machine, de l'anomal, du rapport du psychique au somatique, du matriciel. A la croisée de l'esthétique, des études littéraires, de la philosophie, des études culturelles, des études de genre et de la psychanalyse, cet ouvrage rassemble des textes qui s’ancrent dans des expériences singulières du corps et explorent en même temps la possibilité de métamorphose de celui-ci. Tout en allant au plus près de la fragilité et de la vulnérabilité du vivant, ce livre donne à voir et à penser l’infinie transformabilité de la matière qui est celle même du corps.

vendredi 7 octobre 2011

Les mésaventures de la théodicée. Plotin, Origène, Grégoire de Nysse

Cinzia Arruzza

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Octobre 2011 – Brepols – 70 €

La théodicée de Plotin et la théodicée chrétienne d'Origène et Grégoire de Nysse ont plusieurs éléments en commun : l'identification du mal et du non-être, l'idée d'un ordre rationnel de la réalité provenant du principe divin, l'élaboration d'une notion unitaire de mal. Cependant, ces similarités cachent des logiques très différentes. Pour Plotin, la solution au problème du mal réside dans la démonstration de sa nécessité en tant que produit non accidentel de la procession. Pour Origène et Grégoire de Nysse, par contre, c'est dans l'élaboration d'une idée radicale de liberté et dans l'instabilité ontologique de la créature qu'il faut chercher la solution. Ce livre analyse ces deux théodicées, la théodicée de la nécessité et celle de la liberté, les confrontant à une série de “mésaventures”, afin de mettre en lumière aussi bien les difficultés surmontées par ces auteurs dans leur élaboration de la notion de mal que celles qui restent encore ouvertes.

dimanche 2 octobre 2011

Forme et objet. Un traité des choses.

Tristan Garcia

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Octobre 2011 – PUF – “MétaphysiqueS” – 29 €

Ce Traité ne propose ni une phénoménologie des objets ni une analyse du concept de " chose ", ni une pensée critique de la chosification ni une épistémologie du " découpage " de notre environnement par notre cognition.
Ce Traité invite à prendre le large pour une tout autre aventure. Il suggère d'explorer d'abord notre monde comme s'il était vraiment plat, en lui ôtant toute intensité, toute valeur. Dans un second temps seulement, avec en poche la boussole de cette solitude ontologique radicale, cet ouvrage invite à retrouver la possibilité d'un univers, c'est-à-dire d'un ensemble de choses non plus seules, mais les unes dans les autres.
Le désert théorique se transformera alors en encyclopédie luxuriante de nos objets contemporains, traversés d'ordres et de valeurs cosmologiques, biologiques, anthropologiques, artistiques, économiques ou sexuels.

Le monde plausible - Espace, lieu, carte

Bertrand Westphal

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Octobre 2011 – Ed. de Minuit – 18 €

Les cartes donnent souvent l’impression que le monde est saturé et que la surface de notre fragile planète a renoncé à la dimension du mystère.
Ce sentiment d’accomplissement est trompeur. Il est le propre de la modernité occidentale. Tout au long de son histoire, l’Occident n’a eu cesse d’affronter les espaces ouverts pour les transformer en lieux clos sans que ce verrouillage eût jamais été décisif. Tant mieux, car, à chaque fois qu’il rouvre sur un horizon nouveau, le monde suscite l’éblouissement. Les Argonautes et Ulysse ont connu cette sidération, de même que Christophe Colomb à sa manière. L’art du lienzo aztèque, les lignes de chant des Aborigènes australiens et la cartographie extrême-orientale confirment que l’Occident ne détient pas le monopole de la vision géographique du monde.
Et plutôt que de réserver les océans aux seules caravelles de Colomb, on lancera aussi dans l’aventure Abou Bakari II, empereur malinké, et Zheng He, amiral chinois. Ces tours et détours à travers espaces et lieux d’hier et d’aujourd’hui postulent l’existence d’un monde plausible qui sonnerait le glas des revendications hégémoniques de l’Occident.