mercredi 29 juin 2011

Repenser le vitalisme

Pascal Nouvel (dir.)

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Juillet – PUF - Collection "Science histoire et société" – 17 €

Le vitalisme est la part obscure de la pensée biologique. Bien plus que le créationnisme, qui se compose d’un ensemble d’affirmations dogmatiques, le vitalisme interroge l’état du savoir sur le vivant pour lui demander des comptes sur ce qu’il ne saisit pas ou pas encore. Il trace ainsi les frontières de la connaissance claire sur ces étranges entités que sont les êtres vivants. Frontières mouvantes : le vitalisme se recompose à chaque progrès des sciences biologiques. Il doit donc constamment être « repensé ».

Table des matières

Introduction, par Pascal Nouvel

La philosophie de la vie de Georges Canguilhem, par Dominique Lecourt

Vitalisme et philosophie de la biologie, par Jean Gayon

Chronique et motifs de la controverse entre les écoles médicales de Paris et de Montpellier,par Dominique Raynaud

Le vitalisme de l’école de Montpellier, par Thierry Lavabre-Bertrand

Blumenbach et la théorie des forces vitales, par François Duchesneau

L’actualité de Lordat, par François Delaporte

Formes du vitalisme chez A.-A. Cournot, par Thierry Martin

Gabriel-François Venel, un chimiste vitaliste ?, par Christine Lehman

Vitalisme, chimie et philosophie autour de l’Encyclopédie et de Diderot, par François Pépin

Être vivant, être sensible : le rôle de la sensibilité dans le vitalisme des Lumières, par Capucine Lebreton

La vie et l’âme de l’organe dans la pensée vitaliste de Bordeu, Diderot et Bichat, par Caroline Warman

Le vitalisme bergsonien dans L’évolution créatrice, par Olivier Perru

Le vitalisme d’Édouard Le Roy entre mathématiques et religion, par Anastasios Brenner

Le vital comme catégorie relationnelle, par Paul-Antoine Miquel
Vie, vitalisme et émergence : une perspective contemporaine, par Philippe Huneman

Berkeley et la chimie - Une philosophie pour la chimie au XVIIIe siècle

Luc Peterschmitt

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Juillet 2011 – Classiques Garnier – 29 €

La Sirisitm de Berkeley est peu lue et souvent jugée inutilement obscure et érudite.
La replacer dans le contexte de la chimie du XVIIIe siècle permet d’en montrer l’intérêt. Berkeley y propose d’accorder à la chimie une place de plein droit au sein de la philosophie naturelle. À partir de là, il développe une théologie naturelle originale. Mais il n’est pas question de fonder en métaphysique la chimie ni de développer une métaphysique à partir de la chimie.

vendredi 24 juin 2011

Hannah Arendt : une pensée de la crise - La politique aux prises avec la morale et la religion

Céline Ehrwein Nihan

1

Juin 2011 - Labor et Fides – Collection : le champ ethique – 40 €

Hannah Arendt fait partie des philosophes les plus commentés en français aujourd'hui. Pourtant, des aspects déterminants de son oeuvre restent encore mal connus ou peu interprétés, tels son rapport important à la tradition chrétienne, son dialogue avec les grands penseurs du politique et sa réflexion sur la morale. Dans cette recherche ambitieuse, Céline Ehrwein Nihan aborde ces thématiques présentes chez Hannah Arendt en les inscrivant dans une pensée générale dont la pertinence reste intacte pour analyser les crises des pensées contemporaines et partant celle des sociétés du début du XXIe siècle. Marquée par la difficulté d'articuler aujourd'hui politique, morale et religion, cette crise trouve chez Hannah Arendt, si ce n'est une possibilité de dénouement, du moins les moyens d'être finement identifiée. A l'écart des systèmes de pensée enfermant dans des dialectiques trop formelles, les écrits de Hannah Arendt offrent une manière d'être systématiquement ouvert à la complexité. Même à l'égard du mal absolu, sur lequel elle revient via son célèbre écrit sur le procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem, Céline Ehrwein Nihan présente les éléments d'une oeuvre importante capable de comprendre la crise, de la resituer dans un contexte moral, politique et religieux ouvrant à quelques dépassements possibles. (Editeur)

mercredi 22 juin 2011

Raison scientifique et valeurs humaines : essai sur les critères du choix objectif

Anastasios Brenner

3

Juin 2011 - PUF, Paris – Collection Science, histoire et société – 22 €

Les valeurs rationnelles interviennent dans les choix décisifs accomplis par l'homme au cours de l'histoire. Elles en sont venues à caractériser la science dans sa nature, dans sa forme et dans son but, définissant une vision du monde et guidant la conduite du scientifique.

D'où proviennent ces valeurs et comment se sont-elles développées ? Les notions de précision, de cohérence, de simplicité, de complétude et de fécondité sont censées dessiner les contours de la scientificité. En décrivant leurs variations et leurs trajectoires, nous constatons qu'elles se remodèlent et se redéfinissent. La science est créatrice de valeurs, et ces valeurs ont une teneur philosophique. Elle ne peut être isolée de l'homme qui la produit et de la vie sociale qui la rend possible.

En soumettant ces notions constitutives à une véritable analyse, cet essai aborde les grandes questions qui traversent la philosophie : la vérité, la décision, la liberté.

Raison publique, n° 14

Grammaires de la vulnérabilité : dossier coordonné par Marie Gaille et Sandra Laugier / Littérature, arts et culture : l'art de l'intime : dossier coordonné par Sylvie Servoise

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Juin 2011 - Presses de l'Université Paris-Sorbonne, Paris – 14 €

 

Grammaires de la vulnérabilité

Marie Gaille & Sandra Laugier
Introduction.

Estelle Ferrarese
Les vulnérables et le géomètre. Sur les usages du concept de vulnérabilité dans les sciences sociales.

Sandra Laugier
Le care, le souci du détail et la vulnérabilité du réel.

Catherine Larrère
La terre est-elle fragile ?

Marie Garrau
Comment définir la vulnérabilité ? L'apport de Robert Goodin.

Denis Berthiau
Principe d'autonomie et vulnérabilité en droit de la santé.

Pascale Molinier
Les écuries d'Augias : mythe de la performance et déni de vulnérabilité

Marie Gaille
Décidera bien qui décidera le dernier ! Vulnérabilité effective et « bonne décision » en contexte hospitalier

Vanessa Andrade de Barros & José Newton Garcia de Araújo
La vulnérabilité dans un milieu carcéral

Christophe Béal
Vulnérabilité et non-domination : quels enjeux pour la justice pénale ?

Grand angle

Étienne Balibar - Sécularisme et cosmopolitisme. Héritages, controverses, perspectives.

Questions présentes

Philippe Van Parijs - Qu'est-ce qu'un bon compromisFlorence Hulak - Le peuple, les masses ou les sujets L'histoire des Annales face a la critique de Jacques Rancière

 

Littérature, arts et culture - L'art de l'intime

Sylvie Servoise
Introduction.

Vanina Mozziconacci
Une peinture de l'espace intime.

Sandra Cheilan
D un voyage l'autre : du moyen de transport comme lieu de l'introspection et de la fiction de l'intime chez Marcel Proust, Virginia Woolf et Fernando Pessoa.

Gersende Camenen
Alan Pauls, l'écriture ou l'arène de l'intime.

Arnaud Genon
Ce que dit l'autofiction : les écrivains et leurs fractures.

Alice Tuerlinckx
Journal personnel : l'intimité destinée/dévoilée.

Anaïs Aupeix
Reconfiguration de la notion d'intimité : l'exemple du journal intime en ligne.

Nicolas Thély
La web intimité.

Ophélie Hernandez
L'oeil numérique du cyclope.

Critiques

Lâcher prise avec Schopenhauer

Céline Belloq

1

Mai 2011 - Eyrolles, Paris – Collection Vivre en philosophie – 14 €

La philosophie de Schopenhauer, réputée pour son extrême noirceur, peut en décourager plus d'un... Pourtant, elle a le mérite de lever le voile sur notre «mal de vivre» : pourquoi souffrons-nous ? Comment retrouver de la légèreté ? Comment cesser de nous tourmenter pour des choses qui n'ont qu'illusoirement de l'importance ?

Schopenhauer nous propose de mettre fin à nos habitudes sclérosantes, à nos attachements ou attentes, fossilisés en crispations. Sa philosophie fait la chasse à ces fausses valeurs dont nous sommes, à notre insu, encombrés ; elle est une purgation, un traitement par le vide qui nous permet d'être autrement. Les amis du bouddhisme y trouveront des résonances, mais il s'agit d'abord d'une aventure philosophique accessible à tous, qui sait, par son outrance, sa radicalité, son originalité, produire un «lâcher prise» rédempteur.

(Editeur)

lundi 20 juin 2011

Wittgenstein et le motif esthétique

Bruno Goyet

1

Juin 2011 – P.U. de Rennes – 18 €

L’Art  qui occupa une place si importante dans la vie de Ludwig  Wittgenstein serait, pour la plupart des commentateurs, un thème négligé dans son œuvre, au point que certains ont voulu faire de lui un tenant de l’anti-essentialisme artistique. Grâce à une nouvelle ressource
documentaire – la Bergen  electronic edition du Nachlass – ce livre propose de rouvrir le dossier. Apparemment inef able dans le Tractatus logico-philosophicus,  l’esthétique se laisse caractériser par une étude serrée des textes. Ainsi que de bons lecteurs l’ont déjà relevé, les remarques si fréquentes de Wittgenstein sur les artistes et leurs œuvres participent déjà d’une théorie esthétique. Sous la forme de métaphores et de références, le motif esthétique informe ou irrigue toute l’œuvre. Il y a même, selon les analyses de cet essai, une solution esthétique aux célèbres paradoxes du Tractatus. Enfin, l’esthétique liée aux concepts de raisons, de monstration, d’aspect se voit attribuer une essence dans un texte inédit, dont la mise au jour commentée et systématisée invalide la thèse d’un anti-essentialisme artistique chez Wittgenstein.

Sommaire

Préface de Roger Pouivet

Le nœud du problème

  • Prologue tractarien : éthique et esthétique sont une seule et même chose
  • Destins de l’apophatisme tractarien : les Leçons sur l’esthétique
  • L’autre aspect de l’esthétique ; sa parenté avec l’éthique
  • L’explication par les raisons : questions annexes ou Freud et les explications esthétiques
  • Art incorporé et art incarné

L’esthétique comme source de la réflexion conceptuelle

  • Figures de l’esthétique dans le Tractatus et les Recherches
  • Art et compréhension

Questions ultimes, dernières hypothèses

  • Jeter l’échelle
  • Voir de nouveaux aspects : philosophie de l’art et art de la philosophie

vendredi 17 juin 2011

Philosophie des jeux vidéo

Mathieu Triclot

9782355220388

Mai 2011 – Ed. Zones / La découverte – 19 €

Vous êtes face à un jeu vidéo. Vous pressez les bonnes touches, vous déplacez la souris, vous appuyez en cadence sur les boutons du pad. Qu’est-ce qui se produit alors ? Quel est cet état si particulier, à la limite du vertige et de l’hallucination, face à l’écran et à la machine ? L’expérience ne ressemble à aucune autre : pas plus à l'état filmique des salles obscures qu'à l'état livresque de la lecture.
De « Space Invaders » à la 3D, depuis les premiers hackers qui programmaient la nuit sur les ordinateurs géants d’universités américaines jusqu’à la console de salon, en passant par la salle d’arcade des années 1970, ce qui s’est à chaque fois inventé, au fil de l’histoire des jeux vidéo, ce sont de nouvelles liaisons à la machine, de nouveaux régimes d’expérience, de nouvelles manières de jouir de l’écran. On aurait tort de négliger ce petit objet. Sous des dehors de gadget méprisable, il concentre en fait les logiques les plus puissantes du capitalisme informationnel. Et ceci parce qu’il tient ensemble, comme aucune autre forme culturelle ne sait le faire, désir, marchandise et information. Les jeux vidéo exhibent la marchandise parfaite du capitalisme contemporain, celle dont la consommation s’accomplit intégralement et sans résidu sous la forme d’une expérience ; une expérience-marchandise branchée en plein cœur de la mise en nombres du monde.
À l’âge de la « gamification généralisée », où le management rêve d’un « engagement total » mesuré par une batterie d’indicateurs, les jeux vidéo fournissent aussi un nouveau modèle pour l’organisation du travail, où l’aliénation s’évanouirait enfin dans le fun.

> lire le livre en ligne + interview de l’auteur

mercredi 15 juin 2011

Philosophie, le jour d'après demain

Stanley Cavell

7

Mai 2011 - Fayard, Paris - Collection Ouvertures – 24,50 €

« Ma position a toujours été celle de l'ignorance attentive », écrit Stanley Cavell dans ses mémoires. Dans Philosophie. Le jour d'après demain, il tisse ensemble, sans doute pour la première fois et comme un testament pour après-demain, tous les fils de cette pensée hésitante et jubilatoire qui fait son originalité.

Héritier de la philosophie analytique, du scepticisme, de Wittgenstein et d'Austin, Stanley Cavell fait de l'Amérique elle-même un objet philosophique. Il fait se répondre Nietzsche et Emerson, ou Thoreau et Heidegger, et mêle intimement la relecture des penseurs déterminants à ses yeux avec celle des oeuvres littéraires, des opéras ou des films, de Shakespeare à Fred Astaire.

Cet ouvrage regroupe dix courts essais dans lesquels le talent de Cavell pour lire les oeuvres d'art qui nous entourent, sa capacité d'émerveillement et son sens de l'éloge au quotidien transparaissent à chaque page. « Qu'est-ce qui arrive à la philosophie ? »

Spinoza : une philosophie de la joie

Robert Misrahi

9782908606713,0-1189136

Mai 2011 - Entrelacs, Paris – Collection Sagesses éternelles – 15 €

Dans la culture moderne occidentale, la sagesse spinoziste peut valoir comme « un modèle de la nature humaine la plus parfaite », pour reprendre une formulation de Spinoza lui-même. En effet, pour ce philosophe, le sage est un homme libéré de tout préjugé et de toute passion par l'usage constant de la raison pour la conduite de la vie. Ce rationalisme, s'il se réfère à un Dieu-Nature infini, reste essentiellement un souci de l'homme pour l'homme, une sorte d'humanisme. Libéré d'une Providence personnelle et imaginaire, le sage reçoit tous les événements avec sérénité, et cette sérénité rationaliste est toujours en même temps une « béatitude ».

Le sage spinoziste, à travers toute l'histoire de la pensée européenne, apparaît donc bien comme l'homme libéré, serein et parfaitement heureux, totalement intégré à l'univers infini et à la société civile où il vit. C'est la prégnance et la perfection de cette sagesse qui nous incitent à interroger de plus près cette philosophie qui nous propose cela même que nous cherchons : la liberté d'esprit et le bonheur vrai.

Luther et la philosophie : études d'histoire

Philippe Büttgen

5

Mai 2011 - Vrin, Paris / Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris – Collection Contextes – 32 €

Par nécessité, un livre sur Luther et la philosophie ne peut qu'être un livre sur la haine de la philosophie. Que signifie haïr la philosophie en 1520 ? C'est une question de philosophie, car la philosophie en est l'objet. Mais c'est aussi une question d'histoire. Ce livre montre comment une question de la philosophie a pu se constituer en mobile d'une réforme religieuse. Luther s'est fait une vocation d'«aboyer contre la philosophie et exhorter à l'Écriture sainte». Ce mot d'ordre ne se comprend que dans son monde : celui des livres et des Écritures, de l'École et du cloître, des censures et des condamnations, celui d'Aristote. Il n'y a pas d'un côté la Réforme, de l'autre la critique de la philosophie. La Réforme est le nerf à vif de l'antiphilosophie luthérienne, et l'antiphilosophie a fait des années 1510-1530 une conjoncture doctrinale à nulle autre pareille.

L'histoire et elle seule offre les instruments d'une méditation philosophique de la Réforme. Elle s'impose ici sous ses formes les plus rigoureuses : histoire de l'Église, de l'Université, histoire de l'exégèse, histoire du livre. En retour, la Réforme relance l'enquête sur l'effectivité historique de la philosophie, dans la diversité de ses rythmes doctrinaux.

Phénoménologie du Dieu invisible : essais et études sur Emmanuel Levinas, Michel Henry et Jean-Luc Marion

Ruud Welten

4

Mai 2011 - L'Harmattan, Paris Collection Ouverture philosophique – 24 €

La phénoménologie est la science philosophique qui décrit l'apparaître et se restreint à la donation originaire de cet apparaître sans avoir recours à des constructions artificielles et théoriques. Si Dieu est donné en tant que « Dieu », il est déjà le produit de mon intention. Mais peut-être que parler de « Dieu » est une façon de parler de l'expérience dont nous ne sommes pas les initiateurs, de parler de la vie elle-même, c'est-à-dire de quelque chose que nous ne pouvons saisir ni dans le cadre de notre connaissance, ni dans celui de nos mémoires. Peut-être que Dieu n'est en rien objet de notre croyance, mais plutôt un sujet plus profond ou plus haut que notre propre subjectivité.

Ajax, fils de Télamon : le roc et la fêlure

Marc Durand

3

Mai 2011 - L'Harmattan, Paris – Collection Ouverture philosophique – 22 €

Encensé et adulé par Homère et Quintus de Smyrne, décrié et dévalorisé par Sophocle et Ovide, Ajax, le fils de Télamon porte en lui une amphibologie essentielle qui fera de lui à la fois l'un des solides héros épiques de tout premier plan et un personnage tragique par excellence.

Négatif absolu de la figure contemporaine d'Ulysse, qui représente un héros de la modernité démocratique, Ajax demeure englué, quant à lui, encore dans les valeurs aristocratiques anciennes de l'Epos.

L'auteur, naviguant à travers les textes antiques grecs et latins, cherche à mettre en lumière ce processus historique et civilisationnel à l'occasion de la description de la destinée peu commune du fils de Télamon.

Fragments

Héraclite d'Ephèse - Texte établi, traduit et commenté par Marcel Conche

2

Mai 2011 - PUF, Paris – Collection Epiméthée – 29 €

Quel est le « véritable » Héraclite ? Celui de Hegel ? Celui de Nietzsche ? Celui de Heidegger ? Un autre ? La présente édition desFragments de son oeuvre perdue vise, en conjuguant l'étude philologique et l'analyse philosophique, à restituer, autant que cela est possible, la pensée même d'Héraclite, dans son unité et sa cohérence. Ce qui surgit ainsi des ruines du texte est une structure belle, un cosmos, une sorte de temple grec déployant son harmonie dans la durée. Chaque fragment apporte sa précision nécessaire ; chacun est complémentaire de tous les autres, même si quelques-uns, plus décisifs, jouent le rôle de pierres d'angle. De ce temple, profondément logique, émanent un rayonnement, une sagesse, un appel, un espoir. De l'éternelle vérité, aucun philosophe fut-il jamais dans une proximité plus grande ? Avec Héraclite, dit Hegel, « la terre est en vue ».

Sur l'intersubjectivité Volume 1

Edmund Husserl - Edition Natalie Depraz

1

Mai 2011 - PUF, Paris - Collection
Epiméthé – Série Sur l'intersubjectivité, n° 1 – 40 €

Le présent tome I de cet ouvrage intitulé Sur l'intersubjectivité, qui en comprend deux, est la traduction partielle de Zur Phänomenologie der Intersubjektivität, trois volumes (I. 1905-1920 ; II. 1921-1928 ; III. 1929-1935) qui ont été édités par Iso Kern et publiés en 1973 à La Haye par Martinus Nijhoff dans les Husserliana, tomes XIII, XIV et XV. Étant donné le nombre considérable de textes retenus (quelque 800 pages sur 1 800 environ dans l'édition allemande), la traduction française se présente en deux tomes : Sur l'intersubjectivité I, le présent volume ; Sur l'intersubjectivité II.

La problématique husserlienne de l'intersubjectivité apparaît beaucoup plus différenciée, à la fois plus ramifiée et plus radicale que dans les textes publiés auparavant : elle s'y articule avec précision à la question de la corporéité primordiale, du temps, de l'imagination, de la communauté, de l'histoire, du langage, de la normalité, de la générativité et de l'individuation. En revanche, dans les textes publiés jusqu'ici, elle est souvent présentée soit de façon aporétique (Méditations cartésiennes), soit dans son extension d'emblée communautaire (Idées directrices II) ou historique (Krisis), en tout cas selon l'alternative trop simple de la constitution monadologique de l'égologie ou de la donation immédiate des autres dans le monde.

Le premier tome de l'édition française s'organise autour de 2 thèmes : 1 / la constitution primordiale du corps et de l'espace dans son articulation avec la constitution d'autrui, et 2 / l'expérience empathique en tant que vécu analogisant dans sa discussion critique avec les problématiques psychologiques de l'époque. Une introduction détaillée ouvre le volume et présente les différentes figures de l'intersubjectivité en liaison avec la problématique des voies d'accès à la réduction ; une postface s'explique sur le choix de la traduction retenue pour le terme Leib, et déploie la complexité historique et structurelle de son sens.

lundi 13 juin 2011

Enseigner la philosophie. L'exemple italien

Jean-Louis Poirier

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Juin 2011 - Collection des Éditions de la revue Conférence - Collection Essais – 20 €

Préface d’Yves Hersant.

“ Le livre que nous publions est un rare et tonique exemple de transformation d’un « rapport » en « essai » : issu en effet d’une mission de l’Inspection générale de philosophie, dont les résultats sont restés inédits en France, ces pages entendent faire le portrait de la façon dont s’enseigne aujourd’hui, dans deux pays de grande tradition, la philosophie.
Le lecteur y trouvera des informations essentielles, qui d’ordinaire sont méconnues au profit de débats généraux et abstraits. Il pourra aussi profiter des enseignements que cet ouvrage dispense avec élégance sur les approches comparées des modèles italien et français : car il s’agit bien d’une triple leçon – de distanciation, d’histoire et de philosophie.
Chemin faisant, l’auteur éclaire les notions d’« humanisme » et d’« humanités », auxquelles la préface consacre un développement particulier.
Quel enseignement voulons-nous ? De quelle dignité intellectuelle procède-t-il ? Comment, et sur quelle cohérence ou incohérence de pensée, voulons-nous que les générations de demain soient formées ? “ (Editeur)




vendredi 10 juin 2011

Lectures de la philosophie analytique

 Laugier Sandra et Plaud Sabine (sous la direction de)

9782729864323

Juin 2011 – Ellipses – “Lectures de“ – 35 €

Le nom de « philosophie analytique » désigne un courant philosophique qui a pris son essor au XXe siècle, et semble devenu dominant aujourd’hui dans le champ philosophique anglophone, voire international. Il est courant de l’opposer, par ses objets et par ses méthodes, à la philosophie dite « continentale ». À première vue, la philosophie analytique se distingue par les questions qu’elle privilégie : théorie du langage et philosophie de la logique, philosophie de l’esprit et de la connaissance... Elle se singularise aussi par le traitement qu’elle en propose : l’analyse, comprise comme adoption d’un style de pensée privilégiant l’établissement de distinctions, l’élucidation des questions à partir de l’examen de leur formulation, l’appel au sens commun et à la connaissance ordinaire.  

La philosophie analytique est cependant loin d’être unifiée, et son développement a, de fait, produit les styles les plus variés. Le champ analytique s’étend au-delà de la philosophie de la logique, du langage ou de l’esprit : la méthode analytique s’applique à des questions éthiques, esthétiques, politiques, métaphysiques. Elle est également marquée, de ses origines au temps présent (de Frege, Wittgenstein, à Quine, Rawls, Brandom), par des figures philosophiques majeures, qui demeurent irréductibles à tout dogme. Enfin, la confrontation rituelle entre philosophie analytique et philosophie continentale ne rend pas justice à la trame complexe de dialogue et d’héritages où s’inscrivent ces deux traditions, et qui produit la pensée contemporaine dans ce qu’elle a de plus vivant.

Le présent volume, qui réunit des contributions de spécialistes reconnus du domaine, propose un tableau de la philosophie analytique dans sa diversité – ses grandes thématiques, ses thèses principales, ses figures emblématiques – et un regard nouveau sur l’importance et l’originalité philosophiques de la philosophie analytique.

(Editeur)

mercredi 8 juin 2011

Errance et méthode Interpréter le déplacement d’Ulysse à Socrate

Normand Doiron

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Mai 2011 – Vrin / Presses de l’Universite Laval, « Zêtêsis  - 25 €

L’illusion décrite ici s’apparente à celle que produisait autrefois la perspective. De même que la perspective était la seule véritable représentation de l’espace, de même le voyage apparaît le plus souvent comme le type éternel du déplacement. Nous avons largement admis l’usage selon lequel le mot voyage désigne, indifféremment, les modes les plus divers de déplacement, sans limitation historique ou culturelle.
Et pourtant, chaque culture élabore une conception qui lui est propre de l’espace et du mouvement. Chacune s’invente un mode idéal de déplacement, qui doit corroborer ses préjugés, confirmer ses postulats et correspondre à sa vision du monde.
Il s’agit donc de mettre en évidence le caractère historique des conceptions et des représentations du déplacement. Se déplacer, c’est lire l’espace : en Grèce ancienne, on pensait le mouvement dans le cadre d’une dialectique de l’errance et de la méthode.
C’est la première fois que l’herméneutique est mise au service d’une interprétation du déplacement, en l’occurrence du déplacement dans le monde d’Homère, d’Eschyle, de Sophocle et de Platon.

dimanche 5 juin 2011

Philosophie N° 110, été 2011

Revue – Collectif

4

Les Editions de Minuit - 10 euros

Ce numéro s’ouvre sur un essai inédit de Kant présenté et traduit par H-S Afeissa, « De la question de savoir si la Terre vieillit, considérée d’un point de vue physique », issu des écrits de la période précritique, l’un des plus importants qu’ait rédigés le penseur de Königsberg dans les années 1750.
Appartenant au groupe des publications scientifiques de Kant, il examine la question du vieillissement de la Terre du point de vue des processus géomorphologiques qui y sont à l’oeuvre. L’essai jette un éclairage précieux sur certains aspects de la réflexion du philosophe au moment où celui-ci préparait son grand traité sur l’histoire générale de la nature et du ciel ; il révèle, dans son oeuvre, la permanence d’une pensée de la destruction apocalyptique de la Terre, dont il a ultérieurement proposé une interprétation pratique dans deux écrits majeurs :  La religion dans les limites de la simple raison (1793) et La fin de toutes choses (1794).
Dans sa « Méditation sur le mot de Husserl “l’histoire est le fait majeur de l’être absolu” » (traduit par G Fagniez), Ludwig Landgrebe, disciple direct de Husserl, souligne l’ancienneté, mais aussi l’inachèvement de l’interrogation husserlienne sur l’histoire. En élucidant la manière dont s’articulent, d’une part, les formes individuelles et collectives de l’histoire, d’autre part, la factualité et l’idéalité de celle-ci, il vise à dévoiler et combler une lacune qui affecte la réappropriation phénoménologique du thème métaphysique de l’unité de l’histoire, et ce en pensant le temps historique, tâche Husserl dont se serait affranchi en envisageant l’histoire d’un point de vue essentiellement pratique.
Les sciences expérimentales offrent une image du monde : par les entités et processus qu’elles mentionnent, elles constituent une ontologie du monde, qui va souvent à l’encontre du sens commun. Dans « Une objectivité kaléidoscopique : construire l’image scientifique du monde », quatre spécialistes de philosophie des sciences montrent que cette tâche relève de la philosophie plutôt que de la seule science ; qu’une telle image résulte en outre de l’application d’au moins deux « modes d’objectivation », le théorique et l’expérimental ; et enfin que, diverses sciences conduisant à différentes images du monde, des conflits peuvent rendre difficile l’élaboration d’une image scientifique du monde cohérente et unifiée.
Dans « “L’aptitude à la liberté”, de John Stuart Mill à Michael Walzer », Aurélie Knüfer analyse l’un des arguments censés fonder le principe de non-intervention : vu qu’il serait impossible de savoir, avant qu’il ne soit effectivement libre, si un peuple est apte à la liberté, et que seul un peuple qui se libère lui-même est susceptible de fonder ensuite des institutions libres, l’intervention pour aider des insurgés contre un gouvernement oppresseur serait toujours un mal.
L’article montre les implications et les apories de cet argument dans la philosophie de John Stuart Mill, en restituant le contexte théorique et politique de son élaboration, et examine également l’usage et la critique qu’en a faits Michael Walzer.

Eduquer pour un monde problématique - La carte et la boussole

Michel Fabre

3

Juin 2011 – PUF – L’interrogation philosophique – 24 Euros

Nous vivons dans un monde problématique, sans certitudes fixes.
Désormais l’expérience est celle d’un flux héraclitéen. Nous sommes devenus des marins. Les intégristes voudraient jeter l’ancre en pleine tempête et les relativistes se laisser aller au fil du courant. La seule issue est d’apprivoiser le devenir dans un processus de problématisation, dont la démarche scientifique fournit le paradigme, processus qui articule doutes et certitudes sans remettre tout en question à chaque fois et qui permet des résultats provisoires certes mais suffisamment assurés pour progresser.
Il faut donc concevoir l’éducation comme problématisation. Ce qui implique de doter les jeunes de nouveaux types de repères : boussole et cartes avec lesquels ils pourront s’orienter eux-mêmes sur le fond d’un héritage, d’une expérience transmise. Une philosophie de l’éducation inspirée de la problématologie de John Dewey et de Michel Meyer, permet un autre regard sur l’évolution des normes éducatives, sur les schèmes qui les sous-tendent, sur le savoir et la culture scolaire, sur l’émancipation. (Editeur)

Philosophie des mathématiques

Les études philosophiques N° Avril 2011-2

2

Mai 2011 – PUF – 22 euros

Sébastien Gandon et Ivahn Smadja, Présentation
Michael Detlefsen, Poincaré versus Russell sur le rôle de la logique dans les mathématiques
Jamie Tappenden, Définitions mathématiques pour philosophes
Andrew Arana, L’infinité des nombres premiers : une étude de cas de la pureté des méthodes
Brice Halimi, Structures et généralité en théorie combinatoire : les mathématiques et les lettres
John Mumma, Le rôle du contenu géométrique dans le raisonnement diagrammatique d’Euclide
Denis Bonnay, L’objet propre de la logique

samedi 4 juin 2011

Cornelius Castoriadis. Réinventer la politique après Marx

Arnaud Tomès, Philippe Caumières

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Juin 2011 – PUF - Collection "Fondements de la politique" – 27 €

Trop mal connue encore, la pensée de Castoriadis s’articule entièrement à la question de l’autonomie. Signifiant la capacité pour les hommes de se donner la loi, celle-ci n’engage pas seulement le gouvernement de soi, mais l’institution même de la société. C’est là une exigence qui invite tout autant à la mise en cause des pensées politiques modernes qui appellent démocraties ce que Castoriadis nomme volontiers des oligarchies libérales qu’à une prise de distance vis-à-vis de la tradition critique issue du marxisme.
Penser l’autonomie et ses conditions de possibilité conduit ainsi à une reprise critique de l’ensemble de la pensée héritée pour retrouver la force d’un projet émancipateur à l’origine de la philosophie comme de la politique en leur sens authentique. (Editeur)

Table des matières

PREMIÈRE PARTIE. — LA RÉVOLUTION AU-DELÀ DU MARXISME
I. Les acquis de la période militante
« Socialisme ou Barbarie » : un laboratoire pour la politique
L’analyse de la bureaucratie
Les leçons de l’analyse de la bureaucratie
II. L’abandon du marxisme
La contradiction du capitalisme
La mise en cause de la pensée économique de Marx
La dualité de la société moderne
III. Le sens de l’autonomie
L’hétéronomie instituée ou l’aliénation sociale
Le communisme comme espérance illusoire
L’autonomie comme institution explicite
DEUXIÈME PARTIE. — LA DIMENSION IMAGINAIRE
I. Théorie et pratique
De nouveaux rapports entre théorie et pratique
Pour une praxis renouvelée
Un exemple privilégié de praxis : la psychanalyse
II. Le recours à l’imaginaire
L’hypothèse de l’imaginaire instituant
L’institution imaginaire de la communauté politique
Vers une nouvelle ontologie
III. Pouvoir, politique, autonomie
La fonction politique de l’imaginaire
Le sens de la politique
Le pouvoir instituant
TROISIÈME PARTIE. — LE SENS DE LA DÉMOCRATIE
I . Un Grec ancien égaré parmi les modernes ?
Les enseignements de la démocratie grecque
Un déni de la liberté des modernes ?
Le refus d’une vue négative du pouvoir
II. Le primat de la politique
La crise du processus identificatoire
Les impasses d’un recours à l’éthique
Le nécessaire retour à la politique
III. Une politique imaginaire ?
Les limites de la définition castoriadienne de la politique
Démocratie directe et limites du projet d’autonomie
Praxis et imaginaire politique

Critique n° 768 : Terrorisme et globalisation

Mai 2011 – Editions de Minuit

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« La petite guerre » imaginée par Clausewitz suscite l'effroi : guerre qui échappe aux États ; guerre de partisans où les terroristes, ces lointains héritiers des nihilistes russes dont la mort n"est pas « le maître absolu », méconnaissant la mort, ne reculent pas devant l’extrême violence. Le terrorisme relève en cela d’« une région originaire et obscure », comme le rappelle Jean-Louis Poirier à propos d’un récent ouvrage d’Hélène L’Heuillet : quelque chose en lui reste « incompréhensible ».
L’analyse des formes contemporaines du terrorisme n’en est pas moins devenue, dans le sillage du 11 septembre, un champ d’études à part entière et son aspect le plus débattu, aujourd’hui, réside sans doute dans l’ambiguïté de son fonctionnement, entre territorialisation et transnationalité : c’est le paradoxe exploré dans notre dossier par Riva Kastoryano.
Mais le terrorisme, qui apparaît souvent solitaire et toujours clandestin, peut aussi être le fidèle allié d’un État. Ainsi du Pakistan qui, à travers des actions spectaculaires et meurtrières comme l’attaque commise à Mumbai en novembre 2008, entend « saigner l’Inde ». Christophe Jaffrelot examine ici le cas singulier du groupe responsable de ces attentats, le Lashkar-e-Taiba.
Il y a un autre effet « global » de l’extrême violence terroriste, qui est de pousser les États à adopter, en retour, des politiques sécuritaires et à instaurer des régimes d’exception qui bafouent les libertés, portant du même coup atteinte à l’universalisme des normes juridiques internationales. Le terrorisme s’invite ainsi dans le débat juridique : on en trouvera l’écho dans l’entretien que Mireille Delmas-Marty nous a accordé, au moment où paraît Vers une communauté de valeurs, quatrième et dernier volet de son vaste polyptique de théorie du droit.


Sommaire

Présentation

Jean-Louis Poirier : Pulsion de mort, terrorisme et nihilisme
Hélène L’Heuillet, Aux sources du terrorisme. De la petite guerre aux attentats-suicides

Riva Kastoryano : Terrorisme global et territoire
Stuart Elden, Terror and Territory. The Spacial Extent of Sovereignty

Christophe Jaffrelot : « L'armée des purs » pakistanaise ou le jihadisme d'État
Stephen Tankel, Storming the World Stage. The Story of Lashkar-e-Taiba

ENTRETIEN

Mireille Delmas-Marty : Hybridations du droit
Entretien réalisé par Laurent Jeanpierre et Paolo Napoli

*

Sophie Létourneau : L’autorité en question. Pierre Bayard
Pierre Bayard, Et si les œuvres changeaient d’auteur ?
Laurent Zimmermann (éd.), Pour une critique décalée. Autour des travaux de Pierre Bayard

Marie Baudry et Bérengère Kolly : À côté du care. Comment politiser l’invisible service ?
Geneviève Fraisse, Service ou Servitude. Essai sur les femmes toutes mains

Charles Martin-Fréville : La renaturation qui vient
Tristan Garcia, Mémoires de la jungle

Jean-Pierre Naugrette : Peter Greenaway et le paradoxe de Renoir
Peter Greenaway, Meurtre dans un jardin anglais

vendredi 3 juin 2011

Le pur bonheur, Georges Bataille

Francis Marmande

1

Mai 2011 - Éditions Lignes – 23 €

Bataille, l’image de Bataille est souvent vue et transmise avec gravité, sérieux, inquiétude.

Le Pur bonheur de Francis Marmande ne cherche pas à prendre à contre-pied – encore que… En tout cas, pas de la manière que l’on redoute. Georges Bataille (1897-1962) est de mieux en mieux connu  : érotisme, sacré, potlatch, économie générale, non-savoir, athéologie, expérience, souveraineté, l’impossible, le rire, la peur, etc., pas un motif qui ne soit la cible d’études, de publications, de colloques. Le plus souvent utiles. Francis Marmande ne méconnaît pas ces motifs qu’il a lui-même étudiés et parmi les tout premiers. On le sent toutefois tenter de privilégier une autre liste de ceux-ci  : sérénité, quiétude, joie devant la mort, économie exubérante  ; ou encore non-espoir, au sens où Bataille dit calmement, sans morbidité, sans désespoir justement, à Marguerite Duras  : « Je ne suis pas un être qui vit dans l’espoir. Je n’ai jamais compris comment on pouvait se tuer par manque d’espoir. »

Le Pur bonheur aurait pu être le titre de l’un des livres de Bataille lui-même. Il compte en effet au nombre des titres et des projets envisagés puis abandonnés par l’auteur dHistoire de l’œil. Il devient ici celui d’un livre sur Georges Bataille (au sens où Bataille a écrit un Sur Nietzsche). Selon Francis Marmande, Le Pur bonheur se donne pour ambition  : 1. qu’on puisse dire de lui ce qu’on dit de Keith Jarrett  : qu’il est « un pianiste d’avant-garde pour grand public ». Avec le privilège sur l’improvisateur de génie, que la notion d’« avant-garde » a perdu toute pertinence, et celle de « grand public », toute vertu  ; 2. ne se donner aucune limitation  : poésie, geste de l’écriture, manuscrits, présence active de la bibliothèque (chartiste, Bataille était conservateur de métier), transgression, bizarreries, rien qui soit soustrait à une mosaïque de réflexions et de questions. Avec comme principe actif, moteur et dynamique de l’écriture, l’incitation  : « Rien de moins avouable (une si petite raison à l’origine de la décision  !) que la mise en marche d’un écrivain », écrit Bataille  ;

Le Pur bonheur ne cherche pas pour autant le paradoxe. À peine espère-t-il se porter à hauteur de lecture. À hauteur de désir. Rester à la hauteur. À la hauteur de l’étonnement que déclenche chaque nouvelle lecture de Bataille  : phrase saisie au vol, paragraphe perdu de vue, livre qu’on lit comme si on ne l’avait jamais lu.

Les « lectures » sont pourtant nombreuses que ce volume réunit, qui ont paru tout au long de ces dernières années. Toutes ont été corrigées, réécrites, poussant leur corne jusque dans le présent (vives évocations de la bêtise du présent). Roman d’une lecture passionnée, roman d’une époque où lire se ressent du dépassionnement général.

(Editeur)

mercredi 1 juin 2011

Rock'n philo

Francis Métivier

1

Mai 2011 – Bréal – 21,90 €

Le rock et la philosophie s accordent-ils bien ensemble ? Evidement ! La première Méditation de Descartes et le Where is my mind des Pixies posent les mêmes problématiques : le réel est-il ce que je vois ? Le message des Pensées de Pascal et celui de Smells like teen spirit de Nirvana est le même : « Le moi est haïssable ». Cet ouvrage, associant l analyse de textes de philosophie et de textes de rock n roll, propose de (re)découvrir les auteurs classiques de philosophie tout en (ré)écoutant ses groupes et morceaux préférés autrement... Il passe en revue tous les thèmes majeurs de philosophie à travers des chanteurs aussi variés que les Beatles, The Doors, The Who, Noir Désir, Bob Dylan, Bashung, Led Zeppelin, Patti Smith, BB brunes, Radiohead, Springsteen, Marylin Manson, Pink Floyd, Hendrix, Téléphone, Nina Hagen, Elvis, The Rolling Stones, ... et d autres, qui réconcilient toutes les générations.

(Editeur)