dimanche 28 août 2011

L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale

Ruwen Ogien

9782246750017

Septembre 2011 – Grasset – 18,50 €

Vous trouverez dans ce livre des histoires de criminels invisibles, de canots de sauvetage  qui risquent de couler si on ne sacrifie pas un passager, des machines à donner du plaisir que personne n'a envie d'utiliser, de tramways fous qu'il faut arrêter par n'importe quel moyen, y compris en jetant un gros homme sur la voie.
Vous y lirez des récits d'expériences montrant qu'il faut peu de choses pour se comporter comme un monstre, et d'autres expériences prouvant qu'il faut encore moins de choses pour se comporter quasiment comme un saint : une pièce de monnaie qu'on trouve dans la rue par hasard, une bonne odeur de croissants chauds qu'on respire en passant.
Vous y serez confrontés à des casse-tête moraux. Est-il cohérent de dire : "ma vie est digne d'être vécue, mais j'aurais préféré de ne pas naître" ? Est-il acceptable de laisser mourir une personne pour transplanter ses organes sur cinq malades qui en ont un besoin vital ? Vaut-il mieux vivre la vie brève et médiocre d'un poulet d'élevage industriel ou ne pas vivre du tout ?
Cependant, le but de ce livre n'est pas de montrer qu'il est difficile de savoir ce qui est bien ou mal, juste ou injuste. Il est de proposer une sorte de boîte à outils intellectuels pour affronter le débat moral sans se laisser intimider par les grands mots ("Dignité", "vertu", "Devoir", etc.), et les grandes déclarations de principe ("Il ne faut jamais traiter une personne comme un simple moyen", etc.).
C'est une invitation à faire de la philosophie morale autrement, à penser l'éthique librement.

samedi 20 août 2011

Écritures romanesques et philosophie: Hermann Broch, Hermann Hesse, Thomas Mann, Robert Musil

Christine Mondon

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Juin 2011 - Presses Universitaires de Bordeaux, coll. Crises du XXème siècle – 24 €

Comment pense la littérature ? Et plus précisément encore : Comment pense le roman? De nombreux romans se tiennent en effet à la frontière entre littérature et philosophie: le « roman-essai », le roman polyphonique et le roman totalisant.
Les Somnambules de Hermann Broch et L'Homme sans qualités de Robert Musil s'inscrivent dans cette « indéfinissabilité » que l'on reconnaît au roman-essai. Les rapports du roman et de la philosophie sont dans ces oeuvres des rapports tendus : la philosophie se sert de la fiction romanesque (Broch) ; à l'inverse, le roman polémique avec une certaine philosophie qu'il incarne à travers les personnages (Musil). Empruntant à la musique une structure polyphonique, les romans de Thomas Mann La Montagne magique et le Docteur Faustusdispensent un enseignement philosophique non de manière abstraite, mais sous la forme d'un jeu esthétique, narratif, par le rattachement de l'ironie et de la parodie. Le roman totalisant rend compte finalement des limites fragiles qui séparent le philosophique du littéraire, à partir du moment où la littérature se définit comme un absolu qui englobe la philosophie, mais aussi tous les champs du savoir. Le Jeu des Perles de Verre de Hermann Hesse et La Mort de Virgile de Hermann Broch manifestent une ambition totalisante dont la réalisation ne peut être que de l'ordre de l'utopique (Hesse) ou de l'indicible (Broch).
Tous ces romans entrecroisent deux regards, regard de la philosophie sur le roman et regard du roman sur la philosophie.

mercredi 17 août 2011

Kant et la fondation architectonique de l'existence

Pascal Gaudet

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Août 2011 – L’Harmattan – L’ouverture philosophique – 11 €

Ce livre propose d'interpréter l'instauration kantienne de l'architectonique comme auto-fondation de l'existence humaine. L'irruption de l'architectonique ne peut se concevoir que comme surgissement d'une liberté, c'est-à-dire d'une absolue spontanéité : elle est commencement et recommencement incessant. Or, cette liberté ne fait pas effraction dans le temps, mais elle ouvre le temps, elle est son origine même. Ainsi est établie la cooriginarité de la liberté et du temps. L'exploration du schématisme le plus originaire de l'architectonique permet de saisir à l'état naissant l'existence humaine (son fondement, l'essence de la subjectivité) et par là de saisir, en un sens, l'origine même du « monde ».

Le décalogue sceptique : l'universel en question au temps des Lumières

Francine Markovits

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Août 2011 – Hermann – “Philosophie” – 45 €

Faut-il penser l'unité de « la » philosophie des Lumières comme s'il s'agissait d'un phénomène européen homogène ? Lumières, Aufklärung, Enlightment, Illuminismo : ces termes ne sont pas la traduction l'un de l'autre. Unifier ces pensées en leur attribuant un commun recours à l'universel a un caractère profondément problématique et peut avoir un sens idéologique et politique.

Le présent ouvrage, en marquant la persistance de l'argumentaire sceptique, propose, selon la formule de La Mothe Le Vayer, un Décalogue sceptique qui ne se réduit pas au doute généralisé : il prescrit et programme une systématicité dans l'étude de la variation des normes. Au temps des Lumières, en effet, l'universel de toutes les normes, théoriques ou pratiques, fait réellement débat et met en question une philosophie de la lumière naturelle et une métaphysique du moi supposé être un point fixe. Cette critique de l'universel s'exprime dans une philosophie du sensible : Diderot étudie la figure paradoxale de l'Aveugle, Condillac érige sa statue, l'abbé de l'Epée restitue les sourds muets à la dimension de la discursivité, La Mettrie invente « Monsieur Machine » tout en invoquant une métaphysique de la tendresse, Rousseau justifie un épicurisme de la raison et un art de jouir, Hume naturalise la religion en l'articulant à des passions fondamentales, Montesquieu, attentif à la logique des histoires singulières, démonte et compare les machines juridiques. Le pluriel des Lumières a été méconnu : il permet pourtant de comprendre le caractère équivoque de leur héritage aujourd'hui, entre la reprise morale d'un universalisme des normes et sa contestation dans un travail juridique et anthropologique.

Vitesses

Jérôme Lèbre

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Août 2011 – Hermann – “Le bel aujourd’hui” – 28 €

L'accélération des transports et de l'information donne le sentiment que tout va trop vite, et de plus en plus vite, jusqu'au temps lui-même. Mais cette impression générale de vitesse absorbe sans vraiment rassembler le mouvement local, la perception de l'espace et du temps, l'expérience de l'écriture ou de la pensée. Elle risque de nous laisser aux prises avec une vitesse unique qui n'est qu'une ombre projetée par un impensé : celui de la valeur profonde de la lenteur, du repos, des racines et de la Terre. Cet essai vise à combattre cet impensé et à insister sur la pluralité des vitesses. Il défend l'idée que toute vitesse se mesure sur le fond incommensurable d'une vitesse infinie, qui n'est de l'ordre de l'expérience que si l'expérience elle-même (donc aussi l'impression de vitesse) n'est pas univoque. Contre l'attente d'une catastrophe généralisée, il entend préserver l'imprévisibilité des événements et la survenue à contretemps de chaque invention.

Autonomie ou capital : essai d'éleuthériologie au soir de la domestication totale

Jean-François Gava

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Août 2011 - Chromatiques whiteheadiennes (Belgique) – 15 €

Si la raison pratique - Hegel l'avait vu à l'aube de l'usinage du monde en vue de la survaleur - est la cravache abrahamique de l'oukase travailliste, alors l'autonomie véritablement rationnelle consiste à persévérer dans sa pente sensible, contre cette raison prétendument apathique et véritablement sadique.

Un essai philosophique sur les chances de réversion du procès de dépossession continuement croissante que le capital, entendu comme civilisation polarisée par l'accumulation de valeur, inflige au vivant.

jeudi 11 août 2011

De la méthode : Recherches en histoire et philosophie des mathématiques

Ouvrage collectif sous la direction de Michel Serfati

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Juin 2011 - Presses Universitaires de Franche-Comté – 22 €

Cet ouvrage rassemble quatorze articles provenant de communications au séminaire d’épistémologie de l’IREM de l’Université Paris VII, ainsi qu’à un colloque de philosophie des mathématiques organisé par ce même Institut, tous deux dirigés par Michel Serfati. Il privilégie les questions d’histoire des idées et d’épistémologie avec l’objectif de mettre en lumière certaines des facettes qui concourent à organiser en mathématiques ce qu’on appelle, communément depuis Descartes, la méthode. On trouvera des textes décrivant le jeune Descartes et ses compas, l’analyse d’une méthode explicite de reformulation et de résolution de certains problèmes par géométrisation, le rôle et la place de la psychologie chez Boole, Cantor et Brouwer dans l’élaboration de leurs oeuvres mathématiques, les machines de Turing et la complexité algorithmique, la mise à jour chez Gaspard Monge des lignes de courbure sur une surface, la question du rapport entre le contenu du travail d’un mathématicien (tel Kronecker) et sa vision du monde en mathématiques, les limites et les difficultés du structuralisme mathématique, depuis la critique par Russell de l’axiomatique de Peano jusqu’à nos jours, un mode d’élaboration des mathématiques contemporaines et les questions corrélatives liées à leur enseignement, aussi la mise à jour, sur des exemples divers, de Leibniz à L. Schwartz, d’un certain paradigme de construction d’objets mathématiques, le « principe de prolongement », qui conjugue la permanence des formes symboliques et la ramification des significations. Une étude est aussi consacrée à la philosophie de la physique des particules, et aux questions ontologiques corrélatives, dans les perspectives de la philosophie de Wittgenstein.

CHIMERES N°75 : Devenir ~ hybride

Août 2011 - Devenir~hybride, corps-prisons et corps-plateaux

devenir_hybride

“ Nos productions de subjectivités se confrontent à de nouveaux agencements entre l’homme et la machine, les humains et les non humains, la « nature » et les artefacts, la technique et l’imagination, la science et la fiction.
Qu’est-ce qu’un corps désapproprié de ses organes « naturels » ? Un sujet qui ne retrouve plus son unité dans ses Moi(s) éparpillés, et découvre que cette « unité » était construite ?”…

Concept 1
Bernard Andrieu, L’hybridation est-elle normale ?
Michèle Robitaille, Natural Born Cyborg?

Clinique
F. Destruhaut, E. Vigarios, B. Andrieu, Ph. Pomar, Regard anthropologique en Prothèse Maxillo-Faciale : entre science et conscience
Nicole Farges, Un homme branché, Implant cochléaire et surdité
Mileen Janssens, Fragments et liaisons dans la langue et le signe: sémiotique et autisme

Politique
Raphaël Verchère, La prothèse et le sportif : du dopage comme résistance à la domination des stades
Jean-Paul Baquiast, Les processus co-activés et la nouvelle maîtrise du monde

LVE 1
Anne Querrien, Manola Antonioli, Quelques textes fondateurs sur le post-humain
Bernard Andrieu, Procréation, Hybridations

Esthétique
Alice Laguarda, Post-humain et invention de soi dans la création contemporaine
Mickaël Pierson, Brice Dellsperger / Body Double : aux frontières du réel

LVE 2
Manola Antonioli, Post et cyberféminisme
Jacques Florence et Pierre Vogler-Finck, Le Meilleur des nanomondes

Agencement
Maud Granger Remy, Fictions post-humaines
Elias Jabre, Second Life : Et si la mort de l’Homme était comique ?
Félix Guattari, Vers une ère post-média (octobre 1990)

Terrain
David Puaud, L’alter ego pouvoir
Groupe d’étudiants, Médias et TIC dans les révolutions arabes : la Tunisie

Concept 2
Janice Caiafa, Aspects du multiple dans les sociétés de communication
Bruno Heuzé, Du nouvel âge de la mécanosphère
Jean-Philippe Cazier, Entretien avec Jean-Clet Martin à propos de « Plurivers »

Fictions
Alain Damasio, Hybris
Olivier Auber, Impossible de penser
Istina Ntari, Je ne suis pas née dans la lumière

Textes complémentaires publiés dans Chimères antérieurement
Paul Virilio, Vitesse, vieillesse du monde
Les séminaires de Guattari (1984), La machine (biologique, mathématique, etc.)

Archives Walter Benjamin. Images, textes et signes

Publié par Walter Benjamin Archiv. Édition française sous la responsabilité scientifique de Florent Perrier
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Septembre 2011 – Klincksieck – 29 €
C'est avec la passion d'un archiviste que Walter Benjamin a posé les bases du sauvetage de son fonds posthume. Les techniques archivistiques ont marqué de leur empreinte le processus même de son écriture: systématiser, reproduire, classer sous des sigles, extraire et transférer.
Treize archives sont visitées ici: manuscrits à la présentation très travaillée; schémas et signets colorés pour l’organisation du savoir; photographies d’un appartement meublé seigneurial, des passages et des jouets russes; cartes postales imagées de Toscane et des Baléares; registres, fichiers et catalogues tenus avec un soin obstiné; carnets de notes où chaque centimètre carré est utilisé; une collection de mots et phrases du fils en son jeune âge; des énigmes et de mystérieuses sibylles. Elles rassemblent images, textes et signes que l’on peut voir et comprendre, mais aussi expériences, idées et espoirs que l’auteur a consignés et analysés. Le tout formant un réseau d’une subtile manière.
Les archives de Walter Benjamin sont complexes et personnelles, parfois irrationnelles et marginales, et pourtant elles mènent au centre de son œuvre. Elles tracent un portrait de l’auteur émergeant de ses archives.

mercredi 10 août 2011

Bergson et Einstein : la querelle du temps

Elie During

9782130574507FS

Septembre 2011 – PUF – 29 €

Bergson rencontre Einstein à Paris, en 1922 : la discussion tant attendue entre le penseur de la durée et l'inventeur de la relativité tourne au dialogue de sourds.
Une fois distingués le " temps de la conscience " et le " temps des horloges ", le problème de la réalité et de l'unité du temps reste entier. Durée et Simultanéité, l'ouvrage de Bergson qui paraît quelques mois plus tard, ne fait qu'aggraver - durablement - le malentendu. Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que Bergson n'a pas compris dans les " paradoxes " de la relativité ou dans le concept d'espace-temps ? Et qu'est-ce qu'Einstein ne pouvait entendre ? Cette étude répond à deux objectifs : 1°) éclairer le contexte intellectuel de la réception de la théorie de la relativité en convoquant des témoins ou des relais (Langevin et Poincaré, Brunschvicg et Whitehead, etc.), 2°) dégager les enjeux philosophiques de fond de l'intervention de Bergson.
Ces enjeux encore actuels sont de nature " cosmologique " : ils concernent la coexistence des choses dans l'espace et dans le temps. Que signifie que l'univers dure, et nous en lui ?