mardi 25 septembre 2012

ALLIAGE n°70 : L'imaginaire dans la découverte

n°70 - Juiillet 2012 - 18 €


Le rôle de l'imaginaire dans la découverte. Regards croisés sur les sciences et les arts. Par Sylvie Catellin et Xavier Hautbois (premières lignes)

" Dans l'usage courant, l'imaginaire est défini comme le produit de l'imagination ; est imaginaire ce qui est irréel, fictif. En Occident, une longue tradition a séparé la connaissance scientifique et l'imagination, celle-ci étant considérée comme un facteur d'erreur et de fausseté. Le rationalisme et le positivisme l'on exclue des procédures intellectuelles légitimes. Au XXe siècle, pour Bachelard, l'imagination était un obstacle épistémologique et la science devait se défaire de la puissance imaginative pour atteindre une rationalité abstraite. D'un côté, la conceptualisation dans la science, de l'autre, la rêverie et la poésie, deux versants supposés contradictoires du psychisme humain. Aux yeux de nombreux scientifiques cependant, la découverte s'appuie sur l'imagination. Poincaré et Hadamard ont montré que l'imaginaire et l'inconscient jouent un rôle important dans l'invention mathématique. Einstein écrivait qu'il pensait d'abord en images, pour ne citer que quelques exemples parmi les plus célèbres. Plus récemment, l'historien des sciences Gérald Holton a montré, dans son livre L'imagination scientifique (1981), comment l'imaginaire des scientifiques détermine leur représentation de l'objet étudié, donc leur méthode et leurs résultats. Il nomme "thêmata" les éléments thématiques non réfutables, parfois inconscients, qui stimulent le travail du chercheur et peuvent déterminer une orientation ou une polarisation au sein d'une communauté scientifique. L'imaginaire participe de l'élaboration du savoir tout autant qu'il lui fait obstacle, et en ce sens, il est constitutif de la science. "


Sommaire




Qu’est-ce que le cosmopolitisme ?

Louis Lourme


Septembre 2012 - Vrin - " Chemins Philosophiques" - 9,50 € 

Le cosmopolitisme est une idée ancienne, presque aussi ancienne que la philosophie elle-même. Toutefois, le fait de se dire « citoyen du monde » ne désigne pas exactement la même chose selon les époques et selon les auteurs. L’objet de cet ouvrage est donc double : d’une part, clarifier ce que signifie cette formule au milieu de ses différents emplois; d’autre part, rendre compte de son actualité particulière, à la fois sur le plan politique et sur le plan moral. Un citoyen du monde est-il « citoyen » au même titre qu’on peut l’être d’un État? La perspective cosmopolitique n’est-elle pas une voie qui acquiert aujourd’hui une pertinence nouvelle? 

lundi 24 septembre 2012

Lectures de Wittgenstein

Sous la direction de Christiane Chauviré et Sabine Plaud



Septembre 2012 - Ellipses - "Lecture de" - 27,40 €

Longtemps tenu pour un auteur ésotérique, Wittgenstein est aujourd’hui une référence centrale dans la vie intellectuelle, et il ne s’agit plus d’un simple effet de mode. Son oeuvre est présente dans le paysage international, non seulement en philosophie, mais aussi en sciences humaines et sociales : la sociologie, l’anthropologie, la philosophie du droit et de l’économie s’en inspirent. Elle a largement débordé le monde anglophone, où elle façonne une partie de la réflexion depuis plus d’un demisiècle. Pourtant, l’appréhension philosophique de cette oeuvre est loin d’être univoque, puisque l’on a assisté, depuis la mort de Wittgenstein en 1951, à une série de lectures divergentes de ses textes, dont les plus prégnantes méritent d’être ici expliquées. Les points de vue sur Wittgenstein se sont par ailleurs multipliés : d’abord lu dans les années 1950-1960 comme philosophe avant tout logicien, en fonction du Tractatus et dans le sillage de ses maîtres Frege et Russell, comme mystique ou comme philosophe du langage, au vu de sa « seconde » philosophie, il apparaît ensuite comme l’auteur d’une oeuvre complexe et multidimensionnelle touchant à des questions de philosophie générale (expérience, signification, réalité, etc.). Le présent ouvrage se donne pour tâche de cartographier ce réseau complexe qu’est la philosophie de Wittgenstein, d’abord en présentant les grands textes et les thèmes majeurs qui ont jalonné son parcours philosophique, puis en introduisant aux différentes lectures qui en ont été proposées dans la tradition interprétative.

mercredi 19 septembre 2012

La psychologie des philosophes

Frédéric Fruteau de Laclos


Septembre 2012 - PUF - Collection "Philosophie française contemporaine" - 29 €

Il est temps de redécouvrir certaines tentatives qui ont su mettre en valeur les potentialités théoriques de la psychologie, la science humaine la moins célébrée par les philosophes. 
Décrire la psychologie des philosophes, ce n’est pas fouiller dans leur vie pour exhiber leurs petits secrets. C’est plutôt constater qu’entre les deux extrêmes d’une métaphysique de la durée et d’une anthropologie de l’homme grec, une lignée de penseurs initialement formés à la philosophie a fourni une contribution décisive à l’histoire de la psychologie. C’est exhumer des entreprises originales aussi méconnues que la psychologie historique, objective, comparée d’Ignace Meyerson, ou la psychologie sociale génétique de Philippe Malrieu, ressaisies dans leurs relations concrètes. Mais c’est aussi prendre conscience que nombre de grandes figures de la philosophie française ont croisé la route de ces psychologues au point de retrouver, sans toujours le dire, leur méthode, leur objet ou leurs concepts – comme l’ont fait Jean-Paul Sartre et Michel Foucault. C’est enfin se rendre compte que, par-delà l’opposition des structuralistes à la psychologie et en marge des développements des sciences cognitives, il y a place dans la pensée contemporaine pour ces hybridations « psycho-philosophiques ».

mardi 18 septembre 2012

Nietzsche par delà les antinomies

Monique Dixsaut


Septembre 2012 - Librairie philosophique J. Vrin - Bibliothèque d'histoire de la philosophie – 14 €

« On sait ce que j'exige du philosophe : de se placer par-delà le bien et le mal, – de placer au-dessous de lui l'illusion du jugement moral. » Se situer par-delà bien et mal, ce n’est pas adopter une posture immorale ou amorale, c’est comprendre qu’au principe de toute antinomie se trouve une croyance à des valeurs dont la valeur éternelle et sacrée est garantie par son opposition à des contraires tenus pour être absolument mauvais. Le but de ce livre est de montrer comment Nietzsche s’y prend pour refuser l’alternative « morale » du pour et du contre et guérir la pensée de ces oppositions populaires « sur lesquelles les métaphysiciens ont apposé leur sceau », par exemple historique / éternel, expliquer / interpréter, être /devenir, réalité /apparence, volonté de vie /volonté de vérité. Dans la mesure où les falsifications et les mensonges dont ces couples procèdent sont des mensonges utiles et des falsifications nécessaires et non pas des erreurs, il ne suffit pas d’en prendre conscience pour les rectifier, il faut inventer les moyens d’en sortir, multiplier les perspectives et penser dynamiquement en termes de forces, de devenirs, d’advenirs. Dépasser ou surmonter, laisser derrière soi ou au-dessous de soi : il n’y a pas qu’une seule façon de se situer « par-delà ». Mais chacune est l’exploration d’un dangereux peut-être.

dimanche 9 septembre 2012

Kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune Nietzsche

Martine Béland



Août 2012 - Presses Universitaires de Montrél - Collection « Pensée allemande et européenne » - 31 €

Dans la Grèce ancienne, on considérait la philosophie comme un remède aux maux de l'âme, comme une thérapeutique permettant à l'individu d'atteindre l'indépendance et la tranquillité d'esprit par la connaissance de soi. Il n'est pas étonnant de retrouver des échos de cette pensée sous la plume du jeune philologue Friedrich Nietzsche. Dans ses premiers écrits, Nietzsche, alors professeur à l'Université de Bâle, donne à cette préoccupation thérapeutique la forme de la Kulturkritik : le philosophe est un médecin qui lutte contre la maladie de la civilisation, en s'en prenant à la fois aux causes et aux manifestations du mal. Cette entreprise l'amène à critiquer les postures caractéristiques du moderne : l'optimisme théorique, l'esprit scientifique, le relativisme historique, l'esthétique de l'imitation, la dignité accordée au travail.

Martine Béland retrace les formes de la Kulturkritik en la rattachant au projet philosophique de Nietzsche d'entre 1869 et 1976. une époque essentielle pour comprendre la genèse de la pensée nietzschéenne.


« Les Techniques du corps » de Marcel Mauss. Dossier critique

Jean-François BERT


Septembre 2012 - Publications de la Sorbonne - 22 €

La communication sur les « Techniques du corps » que Marcel Mauss a donné en 1934 devant la Société Française de Psychologie est devenu un classique des sciences sociales, et au-delà de toute la littérature et de la réflexion contemporaines concernant le corps. Travaillant à partir des archives de Mauss (et notamment du manuscrit original du texte en question, dont on donne ici quelques extraits en fac-similé), Jean-François Bert a pour ambition de retrouver la pratique intellectuelle derrière la théorie.
Mais il s'agit également de comprendre comment se diffuse cette théorie, comme elle est reçue, comment elle est transformée par sa réception même. Voici pourquoi il présente dans ce livre un dossier de réception rassemblant des textes, souvent passionnants et peu connus, qui, depuis André Leroi-Gourhan jusqu'à Georges Vigarello, en passant par Cohen et Gurevitch, font de ce concept des techniques du corps la notion clef que l'on connaît aujourd'hui.

mercredi 5 septembre 2012

L'Homme en contexte. Essai de philosophie morale

Mark HUNYADI


Août 2012 - Les Éditions du Cerf - Humanités - 22 €

Alors que de notre naissance à notre mort, nous sommes immergés dans notre contexte, celui-ci reste le grand oublié des théories morales. Aux yeux de la philosophie, le contexte a toujours été inessentiel : il a même toujours été ce dont les grands principes devaient être épurés, s'ils devaient prétendre à une quelconque validité. Or, la contextualité est notre première condition. Si donc, pour établir une théorie morale, nous ne voulons pas partir de principes abstraits mais de l'expérience des acteurs, c'est de cette contextualité qu'il faut commencer.
Ainsi, on voit que l'oubli du contexte par la théorie morale apporte simultanément l'oubli de l'expérience morale, telle qu'elle est vécue par les acteurs eux-mêmes. Car le contexte est la première source de leur expérience morale, pour laquelle il constitue d'abord un pôle de confiance. Mais les acteurs peuvent aussi critiquer le contexte. L'originalité du contextualisme défendu par Mark Hunyadi est de montrer que les acteurs trouvent dans leur contexte même toutes les ressources pour le critiquer, en totalité ou en partie.
Les critères de la critique sont toujours déjà là. « Le contexte donne tout, y compris la puissance de le critiquer. » Voilà une leçon difficile à entendre pour des oreilles érodées par 2 500 ans de platonico-kantisme, c'est-à-dire d'épuration éthique voulant se préserver de toute contamination contextuelle. Telle est pourtant la leçon, aux conséquences de vaste portée, de L'Homme en contexte.

Théorie, réalité, modèle. Epistémologie des théories et des modèles face au réalisme dans les sciences

Franck Varenne


Août 2012 - Editions Matériologiques - Collection “Science & Philosophie” - 13 €

Les théories scientifiques sont-elles vraies ? Nous donnent-elles une juste représentation de la réalité ? Ou bien ne sont-elles que des fictions commodes permettant uniquement la prédiction et le calcul ? Et qu’en est-il des modèles ? C’est toute la question du réalisme scientifique. Dans cet ouvrage, Franck Varenne pose la question du réalisme scientifique, essentiellement dans sa forme contemporaine, et ce jusqu’aux années 1980. Il s’est donné pour cela la contrainte de focaliser l’attention sur ce que devenaient sa formulation et les réponses diverses qu’on a pu lui apporter en réaction spécifique à l’évolution parallèle qu’ont subie les notions de théories et surtout de modèles dans les sciences, à la même époque. Même si, bien sûr, on ne peut pas attribuer le considérable essor des modèles au XXe siècle au projet qu’auraient eu les scientifiques de régler cette question, en grande partie philosophique, du réalisme – car les modèles scientifiques ont bien d’autres fonctions et ils proviennent de bien d’autres demandes techniques, cognitives et sociales –, son choix épistémologique a consisté à suivre la littérature contemporaine désormais classique, tant scientifique que philosophique, sur les théories puis sur les modèles afin d’une part, d’en rapporter l’évolution générale, mais, d’autre part aussi, afin de l’interroger de proche en proche, et systématiquement, sur ce qu’elle entend à chaque fois réévaluer ou remettre en débat au moyen de cette question persistante du réalisme et de la réalité en science. Au-delà de l’enquête historique, cette étude se révèle donc également comparative. Elle présente l’intérêt de mettre en évidence des similitudes de forme remarquables (identités, symétries, inversions, déplacements) entre des séquences argumentatives produites par des auteurs différents, dans des contextes distincts, au sujet de cette capacité qu’aurait – ou non – la science à rendre véritablement compte de la réalité.

Ainsi, via l’analyse épistémologique historique et comparative qu’en propose Franck Varenne, la question cruciale de la médiation du réel par nos outils conceptuels ou expérientiels reçoit dans ce livre l’éclairage d’auteurs contemporains dont les conceptions sont, pour certaines encore, méconnues du lecteur non anglophone : Peter Achinstein, Max Black, Ludwig Boltzmann, Nancy Cartwright, Pierre Duhem, Ian Hacking, Mary Hesse, Evelyn Fox Keller, Imre Lakatos, Ernst Mach, Ernest Nagel, Henri Poincaré, Willard V.O. Quine, Bas van Fraassen, etc.

lundi 3 septembre 2012

Autour d'Althusser : Pour un matérialisme aléatoire

Annie Ibrahim (dir.)


Septembre 2012 - Le Temps des Cerises - "Matière à pensées - 18 €

Etienne Balibar, Olivier Bloch, Jean-Claude Bourdin, Isabelle Garo, Alain Gigandet, Pascale Gillot, Annie Ibrahim, Irène Pereira et André Tosel se penchent dans cet ouvrage sur les problèmes et les perpectives induites par le matérialisme althusserien. " Jamais un coup de dés n'abolira le hasard ". Althusser fait un bref commentaire de cette célèbre sentence mallarméenne dans un texte de 1982 - Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre. II y conclut que l'histoire n'est que la révocation permanente du fait accompli par le "fait à accomplir" sans qu'on sache à l'avance ni jamais, ni où, ni comment. Affaire de jeu de dés à jeter sur la table vide... Ainsi est déterminée une position en philosophie et en politique, assiette inédite qui en appelle à l'aléatoire et se donne comme un " chantier " ouvert à nos explorations. De fait, les catégories du sujet, de l'aliénation, de la dialectique, de l'idéologie, sont bradées ou ébranlées au profit du processus hasardeux et de la vicissitude des formes. Pourtant, ni le primat de la lutte des classes ni la thèse de la matérialité objective du monde ne sont sacrifiés au nouvel horizon de la conjoncture. Il se peut qu'il y ait deux voies du matérialisme, aussi légitimes l'une que l'autre - matérialisme de la nécessité et matérialisme de la rencontre. Gageons que ce dernier puisse faire que les éléments vivants d'un ensemble politique " s'accrochent " entre eux et au tout de telle sorte que ce qui est vrai en théorie le soit aussi en pratique.

Lectures contemporaines de Spinoza

(dir.) Claude Cohen-Boulakia, Mireille Delbraccio et Pierre-François Moreau


Septembre 2012 - PUPS - 23 €

Quarante ans après la grande rupture marquée par les commentaires classiques de Sylvain Zac, Martial Gueroult, de Gilles Deleuze et d’Alexandre Matheron, ce volume fait le point sur les nouvelles approches de l’œuvre de Spinoza : de nouvelles lectures sont apparues, de nouvelles méthodes ont été éprouvées, des rapprochements inédits avec la littérature, les sciences sociales, le droit, l’économie ou la politique ont permis de déchiffrer la philosophie de Spinoza autrement.

Jusqu’au milieu des années soixante, l’écho de la philosophie de Spinoza se trouvait divisé entre, d’une part, une réputation de difficulté et d’opacité et, d’autre part, une figure support de légende et semblait n’avoir guère de rapport avec, par exemple, le développement contemporain des sciences humaines. Pourtant, au sein même de celles-ci, certains pouvaient s’en inspirer silencieusement, de même que certains écrivains le mentionnaient ou le faisaient apparaître dans leurs œuvres ; mais cette inspiration et ces apparitions ne faisaient pas l’objet d’une reprise problématique du côté des philosophes.

Il importe donc de rendre au spinozisme sa spécificité et sa rigueur en tant que philosophie, et de mesurer sa capacité à étendre son questionnement hors du champ proprement philosophique. La recherche tend à actualiser Spinoza : prendre au sérieux son intérêt pour les sciences de la nature, de la vie et de la société – et réciproquement découvrir l’intérêt que peut présenter pour ces disciplines la lecture de Spinoza. Autrement dit : à la fois interroger Spinoza sur son rapport à ces matériaux, et prendre en vue ce que l’état actuel de ces pratiques ou ces disciplines peut gagner à une confrontation avec le spinozisme. En somme : Spinoza à l’intérieur et à l’extérieur du spinozisme.