samedi 14 juin 2014

Guillaume d'Ockham : Traité sur la quantité. Traité sur le corps du Christ

Les Belles Lettres - 14 juin 2014 - Collection : Sagesses médiévales

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Dans les deux traités Sur la quantité et Sur le corps du Christ, Guillaume d'Ockham (1285-1347), théologien anglais connu pour son nominalisme, répond à des détracteurs qui l'accusent de défendre des thèses métaphysiques incompatibles avec la doctrine catholique de la présence réelle du corps du Christ dans l'hostie lors du sacrement de l'Eucharistie. Le sujet est brûlant : on lui oppose les accusations que Richard de Médiavilla (1249-1302) a portées contre Pierre de Jean Olivi (1248-1298), théologien dissident dont les écrits ont été interdits par l'ordre franciscain.
Ockham leur répond dans les deux traités dont nous proposons la première traduction depuis leur édition critique. Il affirme que la thèse réductionniste qu'il soutient, selon laquelle la quantité n'est pas réellement distincte de la substance ou de la qualité, est philosophiquement défendable. Plus encore, selon Ockham, la valeur explicative de sa thèse est plus grande que celle de la thèse de ses adversaires réalistes, au premier rang desquels il place Thomas d'Aquin et Jean Duns Scot.
Pour défendre ses idées, Ockham recourt à une version très élaborée du principe d'économie ou "rasoir", auquel son nom est souvent associé. Enfin, il montre que rien, dans le Droit Canon ni dans la Bible, ne le contraint à renoncer à sa thèse réductionniste. Ockham lègue à la postérité deux traités d'une très grande importance dans l'histoire des sciences du Moyen Âge tardif. La thèse selon laquelle la quantité n'est pas réellement distincte de la substance ou de la qualité a, en effet, des conséquences importantes pour le débat sur la structure du continu qui fait rage à l'Université d'Oxford depuis le début du XIVe siècle.
La position d'Ockham sera adoptée par les nominalistes du XIVe siècle comme Jean Buridan et elle sera discutée jusqu'à la fin du Moyen Âge. Elle fait partie des diverses positions regroupées sous le nom de "géométrie sans points", au même titre que celles d'Alfred Tarski ou d'Alfred Whitehead, éminents logiciens du XXe siècle. Ces deux traités ont également exercé une influence déterminante sur les théologies de l'Eucharistie du Moyen Âge tardif, cadre de réflexion théologique et métaphysique par excellence.
L'interprétation qu'Ockham propose de ce sacrement sera adoptée par les théologiens nominalistes, de Pierre d'Ailly (1351-1420) à Gabriel Biel (1420-1495), et elle influencera de manière indirecte la doctrine luthérienne de la présence réplétive de Dieu dans l'univers.L'éditeur scientifiqueMagali Roques, Docteur en philosophie, post-doctorante à la Chaire de Recherche du Canada en Théorie de la Connaissance, membre associée du Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance).
Enfin, la position métaphysique d'Ockham sur l'accident de quantité et ses implications en physique représentent un moment important de l'histoire de la philosophie. La thèse philosophique défendue par Ockham dans ces deux traités a souvent été comparée à la thèse de Descartes, selon laquelle la substance matérielle est réellement identique à son étendue. En ce sens, les deux traités d'Ockham sont un jalon décisif dans l'histoire du mécanisme.
Cette traduction s'inscrit dans le mouvement initié par Joël Biard (traduction de la Somme de Logique, TER Mauvezin, 1988-2008) et poursuivi par Cyrille Michon (traduction du Traité sur la prédestination et la prescience divine, Vrin, 2007), visant à rendre accessibles en français les oeuvres de Guillaume d'Ockham.
 
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