samedi 28 mars 2015

Karine Chemla, Thomas Coudreau, Giuseppe Leo (dir.) : OBSERVATION - Pratiques et enjeux

Omniscience - Mars 2015


Comment les pratiques de l’observation que diverses sciences ont pu élaborer ont-elles provoqué des transformation radicales dans la société ? C’est dans le droit fil de cette interrogation que ce livre a été conçu.

Issu des actes d’un colloque très original qui a porté sur l’observation et la pensée dans le cadre de l’université européenne d’été de l’Université Paris Diderot (Paris VII), cet ouvrage montre comment les pratiques de l’observation ont provoqué des transformations radicales dans la société. Son originalité tient par la diversité et la complémentarité des auteurs qui y ont participé. 

En partant des textes de Galilée, le philosophe Philippe Hamouremet notamment en question l’idée que nous n’observerions que par les sens, dégageant la part de la pensée impliquée dans une observation. La physicienne Françoise Viénot travaille quant à elle sur la perception visuelle. Pour clore cette première partie dédiée à la construction de l’observation, le sociologue Emmanuel Didier met en jeu l’objet statistique tandis que la didacticienne Andrée Tiberghien s’intéresse à l’observation par la vidéo dans les sciences sociales. 

La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux pratiques de l’observation : le philosophe Jérôme Dokic revient sur ce qu’il faut savoir pour observer ; la biologiste Anne Teyssèdre et l’écologue Denis Couvet abordent le suivi intensif et participatif que requiert l’observation de la biodiversité ; le psychanalyste Paul-Laurent Assoun dissèque les dispositifs d’observation utilisés par la médecine pour en analyser les ressorts psychiques ; Nicolas Arpagian, le rédacteur en chef de la revue Prospective Stratégique, se penche sur les pratiques d’observation de la vie privée. 

En effet, par le développement des technologies et de nouvelles pratiques sociales, nous assistons aujourd’hui à une mutation de l’observation, c’est l’objet spécifique à la troisième partie : la physicienne Françoise Balibar esquisse les transformations de l’observation en physique depuis la mécanique céleste de Newton jusqu’à l’ère de la relativité et de la mécanique quantique ; l’archivisteBruno Delmas quant à lui nous invite à considérer les transformations de l’observation dans le champ de l’histoire ; le politologue Corentin Brustlein s’intéresse au rôle dévolu à l’observation dans la stratégie militaire aujourd’hui. 

Au terme de son parcours, ce livre prolonge notre réflexion sur les enjeux de l’observation hier et aujourd’hui : l’historienne Deborah Cohen traite des relations entre observation et politique au temps des Lumières ; l’exobiologiste André Brack décrit l’orientation des observations pratiquées dans l’espace, en quête d’une vie extraterrestre ; l’ethnomusicologue Simha Arom nous livre une réflexion sur l’observation en anthropologie. Pour conclure, le philosophe Olivier Wickers tente un rapprochement entre la lunette du savant (Galilée) et l’œil du peintre (le Caravage), résumant bien là l’originalité de cet ouvrage.


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Étienne Helmer : Le dernier des hommes : figures du mendiant en Grèce ancienne

Editions du Félin - Mars 2015 - Collection : Les marches du temps


Les sociétés découvrent leur vrai visage dès qu'on les observe depuis leurs marges. La figure du mendiant offre, de ce point de vue, un cas idéal. Personnage déclassé et toujours soupçonné d'être un parasite, le mendiant est victime de tous les préjugés, de toutes les violences. Dans la société grecque classique, il est l'anti-modèle de l'homme accompli, que définit son statut de propriétaire terrien, de chef de famille et de citoyen. Mais il en est en même temps le miroir et le révélateur : il lui renvoie ses propres valeurs et ses propres défauts. À travers l'étude de cinq représentations littéraires et philosophiques du mendiant puisées chez Homère, Sophocle, Aristophane, Platon et les cyniques, Étienne Helmer montre comment ce personnage, objet de mépris et de suspicion, est toujours en même temps présenté comme le porte-parole de la vérité, aussi bien sur les plans éthique et politique que métaphysique et anthropologique. Cet ouvrage, le seul en langue française consacré à cette question, n'est pas destiné aux seuls spécialistes de l'Antiquité : il s'inscrit dans un champ de recherches plus large autour de l'une des questions centrales de notre temps.

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Etienne Bimbenet : L'invention du réalisme

Cerf - Mars 2015 - Collection : Passages


L'être humain est un vivant particulier. Il va de soi pour lui que le monde existe et que ce monde, parce qu'il est réel, juge nos paroles, nos actes et nos convictions. Le vivant humain est «réaliste» : il croit à un monde plus vieux que lui et qui lui survivra. Comment une telle croyance a-t-elle pu advenir ? Comment le réalisme s'est-il inventé dans l'histoire de la vie ? A cette question la philosophie a fourni, au long de son histoire, un ensemble de réponses très diverses. L'être humain croit que le monde existe parce qu'il est un être parlant, ou un vivant déficient, ou un animal politique, etc. Mais que valent ces réponses lorsqu'on les examine et qu'on les discute pour elles-mêmes ? Et comment se défendent-elles, lorsqu'on les soumet au crible d'une enquête empirique appuyée sur l'éthologie animale, la psychologie de l'enfant ou la psycholinguistique ? C'est ainsi que le réalisme, dès lors qu'il s'entend comme une attitude tard venue dans l'histoire de la vie, somme la philosophie de repenser à nouveaux frais ses partages fondateurs : le réalisme et l'idéalisme, le transcendantal et l'empirique, l'universel et le nécessaire...
Maître de conférences à l'université Jean Moulin-Lyon III, Etienne Bimbenet enseigne la philosophie contemporaine et la phénoménologie. Il est notamment l'auteur de Nature et Humanité. Le problème anthropologique dans l'oeuvre de Merleau-Ponty (2004) ; de Après Merleau-Ponty. Etudes sur la fécondité d'une pensée (2011) ; et de L'Animal que je ne suis plus (2011).
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Michel Foucault : Qu'est-ce que la critique ? Suivie de La culture de soi

Vrin - Mars 2015 - Collection : Philosophie du présent


Le 27 mai 1978, Michel Foucault prononce devant la Société française de Philosophie une conférence où, dans la perspective ouverte par l’article de Kant Qu’est-ce que les Lumières ? (1784), il définit la critique, de manière frappante, comme une attitude éthico-politique consistant dans l’art de n’être pas tellement gouverné. Le présent volume donne pour la première fois l’édition critique de cette conférence.
On y trouvera également la traduction d’une conférence inédite intitulée La culture de soi, prononcée à l’Université de Californie à Berkeley le 12 avril 1983. C’est le seul moment où, définissant son travail comme une ontologie historique de nous-mêmes, Foucault fait le lien entre ses réflexions sur l’Aufklärung et ses analyses de l’Antiquité gréco-romaine. Au cours du même séjour en Californie, Foucault participe aussi à trois débats publics où il est amené à revenir sur plusieurs aspects de son parcours philosophique. On en trouvera le texte à la suite de la conférence.
Édition établie par Henri-Paul Fruchaud et Daniele Lorenzini.
Introduction et apparat critique par Daniele Lorenzini et Arnold I. Davidson.

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Gaspard Koenig : Le révolutionnaire, l'expert et le geek

Plon - Mars 2015


Un révolutionnaire sommeille en chaque Français, prêt hier comme aujourd'hui à briser les rentes et les privilèges. En même temps, un expert l'observe et le dirige, planifiant autoritairement la société. Et un geek lui tape sur l'épaule, l'entraînant dans le monde inconnu des nouvelles technologies, fourmillant de promesses et de menaces. Ces trois influences parfois contradictoires nous font tourner la tête. Gaspard Koenig propose donc de les interpréter à la lumière d'une nouvelle philosophie politique, fondée sur l'autonomie individuelle. Car ce dont la France a besoin, ce n'est pas d'un énième diagnostic économique, mais de principes solides dont on pourra déduire des réformes radicales. Revenons au modèle révolutionnaire, ce " jacobinisme libéral " incarné par le député du Tiers Etat Isaac Le Chapelier. Rejetons la tentation planiste, léguée par le régime de Vichy et responsable encore aujourd'hui de tant d'injustice et d'exclusion. Apprenons à maîtriser l'utopie numérique, en imaginant un nouvel humanisme qui réponde aux défis de la Silicon Valley et un Etat 2.0 qui nous redonne le contrôle de notre destin numérique. Pays des libertés, la France meurt de servitude volontaire. Terminons, enfin, notre Révolution ! Et chacun deviendra son propre maître.

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mardi 24 mars 2015

Alexander Schnell : L'effondrement de la nécessité

Editions Jérôme Millon - Mars 2015 - Collection : Krisis


Dans un compte-rendu datant de la dernière année de sa vie, Hegel a salué Fichte pour avoir déterminé la « tâche éternelle » de la philosophie : celle consistant à mettre en évidence et à légitimer la nécessité. Il insistait par là sur le fait que l’auteur de la Doctrine de la Science avait mis au centre de sa philosophie (et légué à la postérité) une question qui était restée en suspens chez Kant et qui risquait de fragiliser tout le projet criticiste – à savoir celle-là même, justement, de la légitimité et de lalégitimation de la nécessité comme caractéristique fondamentale de toute connaissance. Sous sa plume, cette tâche se présentait comme le testament de la philosophie classique allemande ; pour la philosophie post-kantienne, il s’agit du destin de la philosophie transcendantale.

Alors que l’on proclame aujourd’hui de toutes parts la rupture de la philosophie dite « continentale » avec le transcendantalisme de Kant et a fortiori avec la philosophie classique allemande, l’auteur du présent ouvrage revient sur cette question de la légitimation de la nécessité. D’une part, ce problème s’avère être un fil directeur privilégié permettant d’identifier l’originalité et la spécificité respectivement du système fichtéen, schellingien et hégélien ; et, d’autre part, un tel retour n’implique pas simplement une reconstruction d’élaborations systématiques datées, voire désuètes, mais une remise en cause – ce qui ne veut pas dire un abandon – de l’idée de « fondation ». Un tel questionnement, qui se présente à chaque fois de manière différente chez les protagonistes de la philosophie classique allemande, aboutit à un « effondrement » de la nécessité. Cela veut dire : à loger la contingence au cœur de cette dernière. À travers ces enjeux dont cet ouvrage traite sur un plan tant théorique que pratique, la philosophie de Kant à Hegel témoigne de son caractère vivant et de son actualité au sein du débat contemporain en philosophie.

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Corinne Enaudeau et Frédéric Fruteau de Laclos (dir.) : Différence, différend. Deleuze et Lyotard

Encre Marine - Mars 2015


Gilles Deleuze et Jean-François Lyotard sont deux figures centrales de la pensée française contemporaine. Leur connivence, née dans les années 1970 alors qu'ils enseignent à l’Université expérimentale de Vincennes, procède d’une critique partagée de l’humanisme classique, d’une distance comparable à l’égard du structuralisme, enfin d’une thématisation commune du désir et de la sensibilité. La publication, à deux ans d’intervalle, de L’Anti-Œdipe et d’Économie libidinale confirme cette proximité: les auteurs y soutiennent des positions éthiques et politiques tout aussi intempestives.
On aurait pourtant tort de croire que leurs idées relèvent d’une même « philosophie de la différence », expression qui caractérise la seule entreprise de Deleuze. Dès les années 1980, Lyotard et Deleuze ont en effet divergé sur le sens à accorder à la psychanalyse, à l’œuvre de Wittgenstein ou encore à l’obligation morale.
Le propos du présent volume est de mettre à profit quarante années de recul pour confronter à nouveaux frais ces deux représentants de la philosophie française, en restituant l’héritage, l’évolution et le prolongement de leurs pensées respectives. Les contributions ici réunies déploient le large éventail des disciplines que Deleuze et Lyotard ont explorées et discutées. Elles s’intéressent aussi bien à la période de leur plus grande proximité théorique qu’à l’apparition des différends les opposant, au moment même de l’avènement, chez Lyotard, du concept de « différend ».
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