mardi 29 septembre 2015

Maître Eckhart : Commentaire du Livre de la Sagesse

Les Belles Lettres - Septembre 2015 - Collection : Sagesses médiévales


Ce livre constitue la première traduction française du Commentaire de la Sagesse. C'est un événement pour les études eckhartiennes, dans la mesure où il rend accessible une oeuvre majeure d’Eckhart, en la situant dans son contexte: celui de l’enseignement parisien du Thuringien, et en en dégageant ses enjeux.
Illustrant l’unité organique de l’oeuvre tripartite, qui est partiellement perdue, le Commentaire de la Sagesse nous donne une idée de cette grande synthèse théologique où, à partir de l’Écriture, qu’il lit en tenant compte de l’apport de Maïmonide et des Pères, Eckhart apporte une contribution originale à l’anthropologie. Articulée autour de la figure du juste, son anthropologie est fondée sur une ontologie théologale, où il envisage le passage de la création à la création nouvelle et explique que la Trinité rend possible la naissance de Dieu dans l’âme.
Cet ouvrage présente également l’intérêt d’être l’un des seuls commentaires complets du Livre de la Sagesse, même s’il en retient principalement quatre-vingt-onze passages. Et pour en rendre compte, Eckhart s’appuie sur l’acquis de ses prédécesseurs: principalement Augustin et Maïmonide, et il apparaît même comme l’un des meilleurs lecteurs d’Augustin au Moyen Âge.
Dans ce Commentaire, Eckhart passe de la sagesse philosophique à la sagesse théologique pour en venir à la sagesse mystique.

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Martin Buber : Le Chemin de l'homme. Suivi de : Le problème de l'homme et Fragments autobiographiques

Les Belles Lettres - Septembre 2015 - Collection : Le Goût des idées


Martin Buber termine un des chapitres du Chemin de l'homme par cette anecdote:
Rabbi Enokh racontait: « Il y avait une fois un sot si insensé qu’on l’avait surnommé le Golem. Chaque matin, au lever, c’était pour lui tout un problème de retrouver ses vêtements, une tâche véritablement si ardue pour sa pauvre tête qu’il en hésitait, le soir, à se déshabiller pour se coucher. Mais voilà qu’un soir, prenant son courage à deux mains, il s’empara d’un crayon et d’un bout de papier sur lequel il consigna l’emplacement de chacune des parties de son vêtement qu’il quittait.
Au matin, tout joyeux, il se leva et prit la liste: "la casquette – ici", et il s’en coiffa; “le pantalon – là”, et il l’enfila, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il eût tout revêtu. “Oui, mais moi-même, où suis-je donc?” se demanda-t-il soudain, tout anxieux, “où suis-je donc passé?” Et ce fut en vain qu’il se chercha et qu’il fouilla partout: il n’arriva pas à se retrouver. Ainsi de nous », dit le Rabbi.
Les trois textes réunis ici sont tous animés par le souci d’éveiller le lecteur à son humanité, une humanité qui ne va pas de soi, et qui ne se trouve qu’en cheminant. Martin Buber nous guide sur ce chemin.

Martin Buber (1878-1965) est considéré comme l’initiateur de la philosophie juive moderne. Il a consacré la plus grande partie de sa vie à recueillir et à traduire les récits, les légendes et les chroniques hassidiques. Deux autres textes importants, Les Récits hassidiques et La Légende du Ball-Shem ont également été traduits en français. Léon Chestov, Robert Misrahi ou encore Théodore Dreyfus lui ont consacré des biographies intellectuelles.

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lundi 28 septembre 2015

Philippe Sabot : Le même et l'ordre. Michel Foucault et le savoir à l'âge classique

ENS Editions - Septembre 2015 - Collection : La croisée des chemins


Dans Les mots et les choses (1966), Michel Foucault accorde une place centrale à l'analyse de la disposition archéologique du savoir classique. Le présent ouvrage s'attache à expliciter les principaux enjeux de cette analyse, en montrant qu’elle renvoie au fond à une double interrogation. De quelle pensée du Même l’épistémè de l’âge classique relève-t-elle ? Et comment cette pensée du Même en vient-elle à organiser la mise en ordre des choses dans des savoirs positifs (grammaire générale, histoire naturelle, analyse des richesses) qui s’élaborent eux-mêmes suivant les contraintes épistémologiques fortes d’une nomenclature et d’une taxinomie ? La première interrogation engage clairement le statut philosophique d’une archéologie du savoir de l’âge classique. La seconde implique en outre, pour l’archéologue, une manière de travailler et de penser à partir
de l’archive discursive d’une époque.

Le livre de Philippe Sabot s’efforce ainsi de rendre compte de cette double dimension de l’analyse archéologique de Foucault en attirant l’attention à la fois sur l’effort de systématisation dont relève une telle analyse et sur le traitement particulier qu’elle propose des archives du savoir.

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Maria Gyemant (dir.) : Psychologie et psychologisme

Vrin - Septembre 2015 - Collection : Problèmes et controverses


Ont contribué à ce volume : J. Benoist, Ch. Bonnet, F. Boccaccini, N. Depraz, A. Dewalque, R. Ehrsam, D. Fisette, M. Gyemant, D. Seron

Le terme « psychologisme » désigne la prétention de fonder la logique dans la psychologie, la vérité dans les lois psychologiques de la pensée en tant qu’activité d’un sujet psychologique. La conséquence souvent déplorée est que la connaissance – et donc la vérité – deviennent dépendantes de ce sujet. À la base de ce débat se trouve un paradoxe : d’une part la logique est une des dimensions de la pensée, régie elle-même par des lois psychologiques; d’autre part, la psychologie prétend être une science et doit donc se soumettre aux lois de la logique. Si les arguments antipsychologistes formulés à la fin du XIXe siècle par Bolzano, Frege et Husserl sont justes, nous proposons ici une réflexion sur les effets de cette critique contre le psychologisme sur la psychologie en tant que domaine de recherche philosophique. La psychologie, cette « science des phénomènes psychiques » selon Brentano, se réduit-elle à une prétention psychologiste sur la connaissance? Y a-t-il des questions que la psychologie soulève et se donne les moyens de résoudre, qui font de la psychologie un domaine légitime et fécond de la philosophie? Faut-il, en somme, être psychologiste pour être psychologue?

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Tzvetan Todorov : Insoumis

Robert Laffont/Versilio - Septembre 2015


Ils ont vécu à des époques différentes, fait face à des ennemis qui ne sont pas de même nature – et leurs réponses ne sont pas univoques. Tous, pourtant, ont renoncé au confort d'une vie tranquille au nom d'un amour intransigeant : celui des êtres humains, celui de la vérité. Ils ont refusé de se soumettre : à l'agresseur venu du dehors, à leurs démons intérieurs aussi. Tous ont – parfois dès l'origine, parfois après une " conversion " religieuse ou laïque répudié l'usage de la violence dans leurs luttes. Si ce livre d'histoires n'est pas seulement un livre d'histoire, c'est que chacun des " insoumis " dont Todorov retrace le destin a pour nous des résonances profondes, bien au-delà des circonstances que l'auteur relate et qui dépassent le caractère héroïque, voire tragique, de certains des personnages. Soixante-dix ans après sa déportation et sa disparition à Auschwitz, la voix de la jeune Etty Hillesum nous émeut et nous inspire par sa volonté de partager le lot commun plutôt que de se sauver, elle, et d'affirmer la beauté du monde en toutes circonstances. C'est par sa religion du vrai et du juste – et aussi par son inaltérable sens de l'humour, sa façon de considérer les humains non en " blocs " ethniques, nationaux, politiques, religieux, mais un par un – que Germaine Tillion, ethnologue, historienne, résistante, s'attache à notre cœur. Entre les deux grands écrivains russes Boris Pasternak et Alexandre Soljenitsyne, que de différences de tempérament ! Pasternak se cache dans une résistance intérieure presque invisible pour édifier le roman majeur qu'est Le Docteur Jivago ; Soljenitsyne, guerrier sans relâche, faisant de son œuvre et de sa position publique une arme de combat contre le régime soviétique. Malgré les apparences premières, il y a plus de points communs entre ces deux figures de la lutte contre les discriminations raciales que sont Nelson Mandela et Malcolm X, qu'il s'agisse du combat contre l'apartheid en Afrique du Sud ou de la révolte contre le racisme aux États-Unis, dans leur jeunesse l'un comme l'autre n'ont pas hésité à prêcher la violence contre la violence. Mais l'un comme l'autre y ont renoncé. Avec l'exemple de l'historien israélien David Shulman, militant pacifique inlassable des droits des Palestiniens, Todorov n'hésite pas à aborder un conflit aux racines historiques complexes et aux résonances émotionnelles mondiales ; en achevant son livre sur la figure du lanceur d'alerte Edward Snowden, il ne fuit pas la controverse et nous entraîne au cœur d'un débat démocratique contemporain majeur.

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vendredi 25 septembre 2015

Pierre Guenancia : La voie des idées, de Descartes à Hume

Presses Universitaires de France - Septembre 2015 - Une histoire personnelle de la philosophie


Lorsque Descartes fait de la connaissance de l'esprit humain la principale tâche de la philosophie, il lui applique l'idée moderne de la science comme connaissance certaine et évidente. Durant les 150 ans qui suivront, aucun penseur ne reniera cette étincelle cartésienne. Dans son sillage mais aussi contre elle, dans le ciel de la philosophie apparaît une constellation de penseurs de premier ordre : Pascal, Hobbes, Spinoza, Malebranche, Leibniz, Locke, Berkeley, Hume. La recherche philosophique accompagnant la "révolution scientifique" commencée avec Galilée s'engage alors dans "la voie des idées". C'est donc sur cette voie que Pierre Guenancia nous entraîne, soulignant toujours dans les différences et les oppositions entre les philosophes la perspective épistémologique qui leur est commune : l'analyse de la connaissance doit précéder la connaissance des choses de l'univers, car ce n'est qu'à partir de nos idées que nous pouvons connaître les choses.

Pierre Guenancia, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de philosophie et docteur d'Etat ès-lettres, est professeur d'histoire de la philosophie moderne à l'université de Bourgogne. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les philosophes modernes.

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François Noudelmann : Le génie du mensonge

Max Milo - Septembre 2015



Affirmer une théorie et vivre le contraire, est-ce une contradiction, un mensonge, une folie, une liberté ? Rousseau écrit un traité d'éducation grâce à l'abandon de ses cinq enfants, Kierkegaard compose des textes religieux quand il vit en libertin, Beauvoir fonde la philosophie du féminisme tout en jouissant d'une relation servile à son amant américain, Foucault exalte le courage de la vérité et organise le secret sur son Sida, Deleuze hait les voyages et devient le philosophe du nomadisme... Qui sommes-nous lorsque nous pensons ? Plusieurs, sans doute, comme le montrent les penseurs qui s'inventent des personnalités multiples à travers leurs théories. Au lieu de dénoncer leurs erreurs ou leur hypocrisie, François Noudelmann étudie le plus complexe des mensonges, celui envers soi-même, à travers les angoisses, les fugues et les métamorphoses de ces philosophes au double je.

Philosophe, ancien directeur du Collège International de philosophie et professeur à l'Université Paris 8 et à la New-York University, François Noudelmann a présenté pendant plusieurs années Les Vendredis de la philosophie et Macadam philo sur France Culture. 

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Vincent Delecroix : Ce n'est point ici le pays de la vérité. Introduction à la philosophie de la religion

Editions du Félin - Septembre 2015 - Collection : Les marches du temps


La philosophie de la religion n’est pas une discipline parmi d’autres. Sa courte histoire d’à peine trois siècles témoigne des états de la raison moderne et plus généralement de la modernité elle-même, si celle-ci peut se définir par les relations de la pensée à ses enracinements religieux, par les rapports de la raison à la croyance et à l’institution religieuse. Produit des Lumières, mais tout autant première réaction inquiète, romantique ou rétrograde, au projet d’une émancipation radicale par rapport au religieux dont les Lumières semblaient l’achèvement, la philosophie de la religion a représenté le lieu essentiel où la raison moderne est venue se réfléchir, réfléchir son histoire et son opération, ce que la pensée occidentale avait fait de son lien à la religion, ce qu’elle allait ou devait en faire.
C’est dire que sa démarche ne procédait pas simplement d’une curiosité intellectuelle à l’égard d’un objet parmi d’autres, fût-il l’objet « suprême » : son enjeu était rien moins que la nature de la modernité elle-même. Elle y traduisait les exigences de la raison occidentale, peut-être son besoin ; elle décidait d’une solution qui lui donne une assise ; elle en montrait le visage, dans ses dimensions épistémologiques, métaphysiques, morales, politiques.
Cet enracinement dans les besoins de l’époque, les intérêts premiers de la raison, dans la nécessité aussi d’interpréter ce qui arrive à la modernité occidentale dans son rapport à la religion, continue d’en légitimer, aujourd’hui plus que jamais, l’exercice : c’est sa raison d’être. Or le noeud de cette intrigue, le centre polémique de ces rapports entre raison et religions que veut clarifier et traiter la philosophie de la religion, c’est la question de la vérité. Comme si son exercice était en définitive le prolongement technique et surtout le renouvellement de la question qu’un procurateur romain posait à un individu qui se proclamait lui-même la vérité : « Qu’est-ce que la vérité ? » Cette question interroge la religion en deux sens : elle interroge pour savoir si la religion est vraie mais aussi pour savoir ce qu’est le vrai selon elle qui en fait également sa valeur suprême. Mais ce faisant, c’est bien la raison philosophique qui se pose à elle-même cette question : Qu’est-ce que la vérité pour toi, c’est-à-dire pour nous ? Pour se poser une telle question, et la poser de manière si décisive à la religion, il faut qu’elle ait gardé un peu de son intérêt. Or cette question nous intéresse-t-elle encore ? Dans notre modernité tardive que certains nomment postmoderne, tenons-nous encore à la vérité ? C’est cette question qui est au centre de la philosophie de la religion.

Vincent Delecroix est Directeur d’Études à l’École Pratique des Hautes Études où il enseigne la philosophie de la religion. Spécialiste de Kierkegaard sur lequel il a écrit un essai, Singulière philosophie, paru en 2006 aux Éditions du Félin et dont il a traduit les Exercices en christianisme, parus eux aussi en 2006 aux Éditions du Félin. Également romancier, il est l’auteur notamment de La chaussure sur le toit paru en 2007 chez Gallimard, il a reçu le Grand prix de littérature de l’Académie française après avoir publié Tombeau d’Achille.

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Renaud Garcia : Le désert de la critique. Déconstruction et politique

Editions L'échappée - Septembre 2015 - Collection : Versus


La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d’uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L’universalisme ? Alibi de l’Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.
Déconstruire… D’un concept plutôt ésotérique, les gauches « radicales » ont fait un programme systématique consistant à suspecter un rapport de domination sous chaque idée ou comportement. Si elles permettent de redoubler de subtilité sur les questions de mœurs – le domaine « sociétal » –, les théories de la déconstruction rendent les armes devant la marchandisation généralisée, l’emprise des industries culturelles et l’artificialisation du monde. Qui évoque la nécessité d’une décélération, parle d’aliénation, remet au cœur de l’analyse le corps vécu dans un environnement limité, commet dès lors le crime ultime : réintégrer un moment conservateur dans la critique.
Occupées à déconstruire et à se déconstruire à l’infini, les gauches « radicales » ont négligé le terrain du social, qu’une extrême droite opportuniste a investi en exploitant la détresse des perdants de l’histoire. Cet ouvrage tente de comprendre comment nous en sommes arrivés là, de donner les raisons de ce sabordage intellectuel et politique, en analysant l’influence de la déconstruction sur la critique sociale contemporaine. Il en appelle par là même à un renouveau de la lutte contre le capitalisme sur de tout autres fondements théoriques.

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jeudi 24 septembre 2015

Jean-François Lyotard : Logique de Lévinas

Verdier - Septembre 2015 - Coll. Philosophie


Le mérite de cet ouvrage est de jeter un éclairage décisif sur l'oeuvre déjà publiée de Lyotard et de faciliter la compréhension de son mouvement d'ensemble. Il pose, à des niveaux différents, la question morale, et l'aborde à partir de ses énoncés prescriptifs. "Logique de Levinas", le texte clé du présent recueil - depuis longtemps introuvable et jamais publié en français dans son intégralité -, constitue un maillon essentiel de la pensée de Lyotard dans ses rapports avec Levinas. L'ensemble est centré sur ce que la pensée de Levinas a eu pour effet de déplacer dans celle de Lyotard. On a là rassemblé le "dossier" traitant d'une sorte de seconde révolution copernicienne opérée par la pensée contemporaine dans le domaine de l'éthique : la découverte que le moi tourne autour de l'Autre et non l'inverse. Cette découverte est essentielle à la voix retrouvée de la philosophie, après les années de scepticisme abrupt et de déconstruction, comme elle l'est à la refondation du droit et du politique. Ces textes majeurs témoignent de ce tournant et rendent compte de ce qui est susceptible de redonner à l'éthique sa primordialité, tout en opérant un double décentrement à l'égard de la philosophie continentale et de la philosophie d'outre-Atlantique. L'établissement du texte et de ses variantes montre la façon dont la pensée de Lyotard se précise et se nuance dans le sens de ce qui s'aiguise ou s'infléchit, atteint sa cible et trouve sa mesure. Nous assistons ainsi à l'élaboration de notions très importantes de l'oeuvre. La présentation de Paul Audi et la postface de Gérald Sfez complètent l'ouvrage. Chacune à sa manière donnent à entendre cette élaboration de l'éthique et de la philosophie, et mettent en perspective Logique de Levinas avec les travaux ultérieurs du philosophe où il y va chaque fois de l'influence de Levinas.

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Paolo D'Iorio : Le voyage de Nietzsche à Sorrente. Genèse de la philosophie de l'esprit libre

CNRS - Septembre 2015 - Collection : Biblis


Automne 1876: Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C'est son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C'en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l'auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue. Paolo D'Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et discussions, promenades, explorations des environs avec son ami Paul Rée et l'étudiant Albert Brenner ; il fait revivre cette sociabilité joyeuse et confiante qui fertilise l'élan créateur de Nietzsche. C'est à Sorrente que Nietzsche entreprend la rédaction de Choses humaines, trop humaines, dédié à Voltaire. Cette oeuvre, la première sous forme d'aphorismes, inaugure sa philosophie de la maturité. La rupture avec Wagner qu'il verra alors pour la dernière fois, est intellectuellement consommée bien qu'encore cachée. A la suite de ce voyage, Nietzsche abandonnera sa chaire bâloise et entamera une existence de philosophe sous le signe du Midi entre la Suisse, la France et l'Italie.

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Gilles Vervisch : Star Wars, la philo contre attaque - La saga décryptée

Editions Le Passeur - Septembre 2015 - Collection : Open Philo


Aimer Star Wars, est-ce aussi se montrer philosophe ? La saga de George Lucas a tout du mythe contemporain. Les répliques les plus célèbres émaillent le langage courant et les personnages eux mêmes sont devenus des figures emblématiques sur toute la planète. Loin de la simple épopée pour adolescents, Star Wars se révèle sans doute plus philosophique qu on pourrait le croire. La question du bien et du mal, mais aussi celles de la religion, de la politique, de la technique, de l'identité ou de la liberté, y sont abordées. Animé d une verve caustique et décalée, et avec le concours des grands philosophes, Gilles Vervisch débusque les thèmes que recèle ce mythe fondateur de la pop culture. De Dark Vador à Platon, d Obi-Wan Kenobi à Jocho Yamamoto, de Palpatine à Machiavel, il n'y a qu un pas, et l on peut s initier à la philosophie en regardant Star Wars. C'est ce que démontre avec brio Gilles Vervisch.

Gilles Vervisch, agrégé de philosophie, enseigne dans un lycée de la région parisienne. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de pop philosophie qui tentent de rendre la philosophie accessible, dont : Quelques grammes de philo dans un monde de pub (2012), Puis-je vraiment rire de tout ? (2013). Il est par ailleurs co-auteur, avec Olivier Talon, d'un fameux Dico des mots qui n'existent pas mais qu'on utilise quand même (2014).

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lundi 21 septembre 2015

Eric Dufour : Leçons sur Nietzsche Héritier de Kant

Ellipses Marketing - Septembre 2015 - Collection : Cours de philosophie


Ce cours entre dans la philosophie de Nietzsche en analysant le rapport qu'elle entretient avec celle de Kant. Il montre comment le soupçon nietzschéen peut être compris comme un achèvement de la critique kantienne. Il y a chez Nietzsche une conception de la connaissance, qui prend sens par rapport à celle de Kant, c'est-à-dire une analyse du statut de la représentation et de la formation des concepts à partir du travail de l'imagination sur les sensations. Ce que dit Nietzsche sur la connaissance, à savoir qu'elle est une imposition de sens sans valeur de vérité, vaut pour son propre discours et permet de le comprendre comme interprétation. De là le souci autoréférentiel systématique de Nietzsche, dans la mesure où on ne peut pas parler du monde sans être renvoyé à son propre discours et au problème de sa fondation. Cette voie pour aborder Nietzsche permet de comprendre le statut méthodologique de la volonté de puissance et le rôle éthique de l'éternel retour à titre de revalorisation du sensible valeur suprême à laquelle est subordonnée la production de sens. Elle permet aussi de comprendre, plus largement, comment les processus d'objectivation sont toujours le corollaire de processus de subjectivation par et dans lesquels se constituent des communautés culturelles que Nietzsche nomme « races ».

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