dimanche 31 janvier 2016

Marianne Chaillan : Game of Thrones, une métaphysique des meurtres

Le Passeur éditeur - Janvier 2016 - Collection : Open Philo


Attention spoiler ! La série la plus médiatique au monde avec ses 18 millions de téléspectateurs par épisode, celle qui fait subir des pannes informatiques à la chaîne qui la distribue en raison du trop grand nombre de demandes des internautes, la série la plus téléchargée illégalement de tous les temps, dont chaque nouvel épisode suscite l'effroi et la stupeur des fans pris entre enthousiasme et sentiment d'horreur, cette série qui parle de dragons, de Marcheurs Blancs, de Mur, de trahisons, de politique, d'inceste et de meurtres est en fait gorgée de philosophie. Réflexions sur la morale, la politique, la religion, méditation sur la mort ou la question du genre, les passerelles ne manquent pas entre le royaume de Westeros et celui de la philosophie. Cet essai, aussi rigoureux que jubilatoire, met en évidence cette dimension philosophique de la saga de George R. R. Martin - peut-être l'une des clés de son immense succès ?

Ancienne élève au lycée Louis-le-Grand, Marianne Chaillan enseigne la philosophie au lycée Saint-Joseph de la Madeleine, à Marseille. Elle est également chargée de cours en éthique appliquée au département de philosophie d'Aix-Marseille Université. Elle est l'auteur d'Harry Potter à l'école de la philosophie (Ellipses, 2013) et de La Playlist des philosophes (Le Passeur, 2015).

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samedi 30 janvier 2016

Arnaud François et Frédéric Worms (dirs.) : Le moment du vivant

Presses Universitaires de France - Janvier 2016 - Philosophie Française contemporaine


Le problème du vivant n'est plus un problème "local", il traverse et bouscule tous les domaines, depuis les fondements de l'esprit (dans le cerveau) jusqu'à la préservation de la vie (dans l'univers) en passant par le rapport de l'homme et de l'animal, le soin et le pouvoir, la littérature et l'art. Mais rien ne serait plus trompeur que d'y voir une évidence réductrice : de la pensée aux neurones, de l'histoire à la survie, de l'éthique à la bioéthique, de la littérature à la biographie, etc. C'est comme problème, à travers une diversité d'approches nouvelles, que se constitue le moment philosophique (scientifique et historique) du vivant. Le but de ce livre est d'explorer ce domaine, c'est-à-dire non seulement d'en donner une carte, mais de le parcourir en acte, de la métaphysique à l'esthétique en passant par la biologie, l'anthropologie, l'éthique et la politique. Ce ne sont pas des études "sur" le vivant comme objet extérieur, mais des interventions engagées et constituant ce moment par leurs relations elles-mêmes.

Arnaud François est professeur de philosophie à l'université de Poitiers, spécialiste de philosophie française et allemande de la vie et du vivant, auteur notamment de Bergson, Schopenhauer, Nietzsche (Puf, 2009). Frédéric Worms est professeur de philosophie à l'Ecole normale supérieure, où il dirige le Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine. Il a dirigé aux Puf l'édition critique des oeuvres de Bergson et y est notamment l'auteur de Bergson ou les deux sens de la vie et du Moment du soin : A quoi tenons-nous ?

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vendredi 29 janvier 2016

Muriel Gargaud & Guillaume Lecointre : L’évolution, de l’univers aux sociétés. Objets et concepts

Matériologiques - Novembre 2015 - Collection : Sciences & philosophie


Peut-on parler d’«évolution» pour l’univers, les étoiles, les planètes, notre Terre et sa biosphère, les sociétés ? Ces objets si disparates sont-ils redevables de descriptions et d’explications en termes d’évolution ? Si ce vocable désigne aujourd’hui la théorie générale de la biologie (il y a à la fois une théorie de l’évolution et des faits d’évolution), quelle est sa pertinence hors du domaine des entités vivantes ? Ce livre examine ces objets dont on suggère qu’ils sont aussi soumis à évolution. Mais alors quels concepts majeurs constituent cette vision de l’évolution étendue ? Le livre rend alors compte des concepts transversaux (catégorie, temps, transformation, émergence, individu, information…) fondateurs de quasiment tous les propos théoriques ou empiriques portant sur les objets mentionnés plus haut.
Les concepts relatifs à l’idée d’évolution, et les objets concernés, sont traités ici par des scientifiques venant de disciplines différentes, mêlant ainsi des savoirs trop souvent isolés les uns des autres. Les trente-trois auteurs, qui ont bien voulu tenter l’exercice parfois épineux de la coécriture, explorent objets et concepts de l’évolution dans un élan interdisciplinaire plausible, en fonction des objets, des concepts et des outils aptes à la réalisation de cette interdisciplinarité aux vertus épistémiques parfois insoupçonnées.
Ce livre – à l’abondante iconographie en couleur – ne prétend à aucune exhaustivité, mais offre d’innovantes pistes de réflexions et d’analyses. Il est un nouveau moment, solidement instruit par les sciences en train de se faire dans les laboratoires, de l’opiniâtre nécessité de délimiter objets et concepts de l’évolution, tout en en reconnaissant la permanente labilité.


jeudi 28 janvier 2016

Paul-André Rosental : Destins de l'eugénisme

SEUIL - Janvier 2016 - Collection : La Librairie du XXIe siècle


Imaginez une cité-jardin résidentielle offrant des conditions exceptionnelles à des couples choisis qui s engagent sur un contrat de procréation... Localisée au pied du Parlement européen à Strasbourg, cette expérimentation grandeur nature dura des années 1920 aux années 1980 grâce au soutien des pouvoirs publics.
Synthèse de l eugénisme britannique, allemand et français, ce projet visait à « accélérer l'évolution de l'espèce humaine ». Le créateur de ce « laboratoire humain », Alfred Dachert, était un homme d affaires qui se rêvait en poète tragique de l'eugénisme, en Ibsen alsacien.
Paul-André Rosental explore cette entreprise politique et scientifique en se fondant sur des archives inédites. En expliquant l'énigmatique longévité de l'expérience, l'auteur réinterprète les grandes politiques républicaines de l après-guerre, de la Sécurité sociale à la démocratisation scolaire.
Dans cet essai pionnier de microhistoire politique de la France contemporaine, Paul-André Rosental prend la mesure de l'héritage de l'eugénisme, idéologie scientiste et inégalitaire, en contexte démocratique.
L'eugénisme ne constitue pas seulement une théorie biologique qui hante les débats bioéthiques. De manière inattendue, il se révèle comme une théorie morale ayant pu imprégner cette norme de notre temps qui a pour nom « psychologie du développement personnel ».

Paul-André Rosental est professeur des universités à Sciences Po et chercheur associé à l'Institut national d études démographiques. Ses recherches portent sur le domaine qualifié par Michel Foucault de « biopolitique », à l intersection entre politiques sociales, démographiques et sanitaires.

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Jean-Pierre Cometti : La démocratie radicale. Lire John Dewey

Folios -Janvier 2016 - Essais


A son tour, le public français découvre l'importance philosophique et politique de l'ouvre de John Dewey (1859-1952). Convaincu que les évolutions que le libéralisme a connues, et surtout celles qui lui semblaient à venir, sont susceptibles d'être modifiées en profondeur, Dewey en appelle à l'"intelligence sociale " : comprendre les sources et les ressources du changement, c'est refuser d'abdiquer devant les tâches qui sont les nôtres en tant qu'êtres humains et de consacrer définitivement un ordre du monde de plus en plus clos et insupportable. Défenseur de la démocratie radicale, opposé au communisme sur la question des moyens, dans leur relation avec les fins, de la démocratie et de la violence, il pointe les processus à la faveur desquels les pensées émancipatrices se convertissent assez communément dans l'histoire en entraves au changement et à l'émancipation, notamment du fait des rapports qui se nouent entre des idées et des intérêts. Dans toutes ses analyses, l'émancipation est un maître mot ; il renvoie à une philosophie de l'enquête et de l'expérience qui en éclaire les processus, en dénoue les entraves ; il attribue à l'intelligence et à la connaissance un rôle social que les sciences du même nom doivent assumer grâce à une fonction critique qui ne se confond pas avec la dimension d'expertise qu'elles tendent à remplir en particulier dans nos démocraties qui ont substitué les fonctions de l'expert aux vertus de l'enquête et de la libre discussion, vidant ainsi la fonction politique de son contenu. La radicalisation du libéralisme comme la radicalisation de la démocratie se condense en une maxime : les moyens propres au fonctionnement des sociétés démocratiques, délibératives et participatives, doivent être à la mesure et à l'image de leurs fins. En même temps que cet ouvrage paraissent dans la collection "Bibliothèque de philosophie" les Ecrits politiques de John Dewey.

Jean-Pierre Cometti a enseigné la philosophie à l'université de Provence. Il est l'auteur de plusieurs livres consacrés à Ludwig Wittgenstein, à Robert Musil, au pragmatisme américain et à des questions d'esthétique.

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mercredi 27 janvier 2016

Jacques Soulillou : Le Décoratif

Klincksieck, 2e édition revue et augmentée - Janvier 2016 - Collection : Esthétique


Peu de notions esthétiques auront fait l'objet de prises de position aussi négatives que celles suscitées par le décoratif. S'adossant aux ruines des notions de bienséance et de convenance héritées de l'âge classique, ce concept acquiert son identité à la faveur de la formation des utopies modernistes anti-décoratives d'inspiration architecturale. Ni ornement ni décor, le décoratif est un concept parasite dont la reconnaissance spécifie moins une configuration des choses qu'il ne signale l'émergence d'un fantasme lié aux trois périphéries du social (acteurs illégitimes de la culture), du sexe (femme), de l'exotique (le sauvage). De Kant à Mendini, l'équivoque décorative redouble et fragilise les certitudes du visible.

Jacques Soulillou a développé une théorie originale du décoratif dans ses deux ouvrages Le Décoratif (Klincksieck, 2000) et Le livre de l'ornement et de la guerre (Parenthèses, 2003). Il est aussi l'auteur de L'Impunité de l'art (Seuil, 1998) qui interroge les fondements de la question de l'autonomie pénale de l'art à l'âge moderne. Il a traduit de l'allemand Gottfried Semper, Heiner Mühlmann, et de l'anglais Joseph Masheck auteur du Paradigme du tapis. Il a entretenu une relation suivie avec le collectif Présence Panchounette (1968- 1990) et est aujourd'hui attaché culturel en Corée du Sud. Son dernier ouvrage, Esthétiques du déplacement vient de paraître chez Sémiose éditions.

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Pascal Duris : Quelle révolution scientifique ? Les sciences de la vie dans la Querelle des Anciens et des Modernes

Hermann - Janvier 2016


La querelle des Anciens et des Modernes n'agite pas seulement les gens de lettres et les artistes mais convoque aussi les savants (médecins, physiologistes, naturalistes, mathématiciens, physiciens, astronomes...). Une part importante des écrits produits par les acteurs et les témoins de cette Bataille des livres, comme l'appellent les Anglais, a trait aux sciences, et particulièrement aux sciences de la vie, que la figure de Harvey incarne par excellence pour les contemporains. Sans prétendre que la querelle dans les Belles-lettres procède de celle dans les sciences, qu'en d'autres termes la chute d'Aristote et de Ptolémée a précipité celle d'Homère et de Virgile, ce livre examine comment les deux camps puisent dans la science - la philosophie naturelle, plus exactement - et son histoire des exemples propres à soutenir la cause, tantôt des Anciens, tantôt des Modernes. L'étude de certaines de leurs oeuvres permet de porter un regard neuf sur les conditions d'émergence de la science moderne à la fin du XVIe et au XVIIe siècle et sur des notions telles que celles de " nouveauté ", de " vérité ", de " raison ", de " progrès ". Cet ouvrage montre surtout que penser l'histoire des sciences, et notamment de la vie, à l'époque moderne, dans le cadre conceptuel de la révolution scientifique, n'est pas une fatalité.

Historien des sciences de la vie aux XVIIe et XVIIIe siècles, Pascal Duris est professeur en épistémologie et histoire des sciences à l'Université de Bordeaux. Il est l'auteur de Linné et la France (1780-1850) (Droz, 1993), Histoire des sciences de la vie (Belin, 2011, avec Gabriel Gohau), La fabrique de l'entomologie. Léon Dufour (1780-1865) (Presses universitaires de Bordeaux, [1987] 2016, avec Elvire Diaz), et il a dirigé Traduire la science. Hier et aujourd'hui (Publications de la Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, 2008).

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Sören Kierkegaard : Les stades immédiats de l'Eros, ou l'Eros et la musique

Le bruit du temps - Janvier 2016


"Ecoutez Don Juan, je veux dire : si, en l'écoutant, vous ne pouvez avoir de lui une idée, vous n'en serez jamais capable. Ecoutez le début de sa vie ; comme l'éclair jaillissant des sombres nuées d'orage, il surgit des profondeurs du sérieux, plus rapide que l'éclair, plus capricieux que lui, mais pourtant aussi sûr ; écoutez-le se précipiter dans la diversité de la vie et se heurter à ses solides remparts ; écoutez ces légers accents du violon au bal, l'appel de la joie, l'allégresse du plaisir, la solennelle félicité de la jouissance ; écoutez son essor fougueux où il se dépasse lui-même, toujours plus rapide et toujours plus irrésistible ; écoutez la convoitise effrénée de la passion, le murmure de l'amour, le chuchotement de la tentation, le tourbillon de la séduction, le silence de l'instant – écoutez, écoutez, écoutez le Don Juan de Mozart." Kierkegaard, "Les Stades immédiats de l'éros", 1843. "Les Stades immédiats de l'éros ou l'Eros et la musique" et "Silhouettes", les deux textes réunis dans le présent volume, qui font contrepoint au Journal du séducteur et nuancent l'approche du "stade esthétique", sont comme lui extraits de L'Alternative, le premier livre de Soren Kierkegaard (1813-1855). Ces deux essais, écrits dans l'enthousiasme par un jeune homme de trente ans, comptent par les plus belles pages qui aient jamais été consacrées au Don Juan de Mozart.

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Alain Roger : Par-delà le vrai et le faux

La Baconnière - Janvier 2016 - Collection : Nouvelle collection Langages


Par delà le Vrai et le Faux est un essai libre de jeunesse qui souhaite révolutionner la philosophie et son approche. Ecrit en 1964-1965, il préfigure l'explosion de 1968. Texte riche, fort et clair qui mêle des essais et des textes en prose. Il ne fut jamais publié mais il aura été fondateur de la vision de la philosophie d'Alain Roger, aujourd'hui largement reconnu en tant que philosophe (Bréviaire de la bêtise, Gallimard, 2008) et écrivain (Jérusalem !, Jerusalem !, Gallimard, 1965). Ce texte sera lu et recommandé par Gilles Deleuze, professeur et ami d'alors d'Alain Roger. Voici ce qu'en dit Alain Roger lui-même dans son avant-propos : " il fut rédigé voilà un demi-siècle, au cours des années 1964-1965. J'émergeais alors d'une décennie ingrate, essentiellement vouée aux tâches universitaires (préparation du concours d'entrée à l'ENS de la rue d'Ulm, agrégation de philosophie), puis aux servitudes militaires (grenadier-voltigeur au 5ème Régiment d'infanterie). Libéré de ces contraintes, je vécus alors une sorte d'état de grâce, une période d'euphorie et d'effervescence intellectuelle, s'exprimant par une compulsion littéraire et libertaire qui n'était pas sans analogie avec l'écriture automatique des surréalistes (...) On sortait à grand' peine de la guerre d'Algérie (1954-1962), qui coïncidait avec mes années d'austérité, je voyais des policiers partout, dans la rue comme dans la pensée, et j'aspirais plus ou moins consciemment à une sorte de mai 68, qui révolutionnerait la philosophie, sans aucune obédience idéologique. J'étais plutôt, même si ce mot ne figure pas dans mon manuscrit, un anarchiste de l'écriture. Ni Dieu, ni maître ! Pas même Nietzsche. (...) "

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mardi 26 janvier 2016

Jacques Henric et Elie During : Alain Badiou

Art-Press - Janvier 2016 - Les grands entretiens


Philosophe (l'Etre et l'Evénement, Logiques des mondes, le Siècle), professeur à l'Ecole normale supérieure, et aussi romancier (Calme Bloc ici bas), auteur dramaturge et même acteur (la République de Platon), Alain Badiou est aujourd'hui l'une des voix les plus écoutées, en France comme dans beaucoup de pays à travers le monde. Est-ce dû à ses lectures croisées de Marx et de Lacan, à sa fidélité aux engagements politiques de sa jeunesse, à ses écrits sur Beckett, saint Paul, les avant-gardes littéraires et artistiques du début du 20e siècle, à sa passion des mathématiques, à ses réflexions sur l'amour ? Disons à la vitalité d'une pensée capable d'embrasser autant de domaines. N'est-ce pas aussi que son oeuvre est le plus sûr antidote aux bien-pensances de l'époque ? A son parti pris qui est, pour reprendre ses propres termes, de " déclarer opiniâtrement sa dissidence " ?

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Michel Serres : Ecrivains, savants et philosophes font le tour du monde

Le Pommier - Octobre 2015 - Poche


Ce livre vous convie à plusieurs tours du monde. Et d'abord à celui que font les ethnologues pour découvrir les cultures dites «exotiques». Philippe Descola les ordonne en : totémistes, animistes, analogistes. Ces classes, Michel Serres les utilise pour lire nos propres créations.
Étrange et joyeuse surprise, nos écrivains : Michelet, Proust, Flaubert, nos philosophes profonds : Bergson, Leibniz, nos inventeurs dans les sciences : Linné, Galilée, Euclide, voient le monde comme des Inuits du Grand Nord, des Aborigènes australiens ou certaines tribus amérindiennes d'Amazonie ! Nos génies inventeraient-ils, si, à l'écart de leur histoire et de leur société, ils ne pensaient pas autrement qu'elles ?
De ce nouveau tour, les oeuvres de notre culture deviennent aussi rutilantes et chamarrées que des mappemondes.

Professeur à Stanford University, membre de l'Académie française, Michel Serres est l'auteur de nombreux essais philosophiques et d'histoire des sciences. Il est l'un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde ouverte, fondée sur une connaissance des humanités et des sciences.

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lundi 25 janvier 2016

Henri Hubert et Marcel Mauss : Essai sur la nature et la fonction du sacrifice

Mimesis - Octobre 2015 - Collection : Sciences sociales


Pourquoi, partout et de tout temps, les hommes ont-ils voulu offrir des sacrifices à leurs dieux ? Pour leur plaire et s attirer leurs faveurs ? Pour les remercier sans rien demander en échange ? Qu est-ce qui se cache derrière ce rite ? Hubert et Mauss, éminents spécialistes des religions, pensent que si le sacrifice est « l instrument privilégié de communication entre l'homme et les forces supérieures », comprendre son langage signifie cueillir l'essence de la religiosité primitive.

Henri Hubert (1872-1927) est un historien et sociologue français. Très connu pour ses recherches avec Marcel Mauss sur les aspects religieux de l anthropologie. Il est l auteur de Étude sommaire de la représentation du temps dans la religion et la magie, publié à Paris en 1905. Marcel Mauss (1872-1950) fut anthropologue, sociologue et historien des religions, grand nom de l école d Émile Durkheim. Mauss a profondément influencé la pensée de Claude Lévi-Strauss, le père de l anthropologie structurale. Son ouvrage le plus connu reste Essai sur le don (1923).

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Jean-François Billeter : Etudes sur Tchouang-Tseu

Editions Allia - Janvier 2016


"Tchouang-tseu est le plus remarquable des philosophes chinois. On ne sait pas grand-chose de sa personne. Il est probablement mort vers 280 avant notre ère. Nul ne sait très bien quelle part lui attribuer dans l'ouvrage qui porte son nom et qu'on appelle 'le' Tchouang-tseu. Cet ouvrage réunit des textes de Tchouang-tseu lui-même et d'auteurs anonymes qui ont été proches de lui, se sont inspirés de lui après sa mort ou ont été associés à son nom par la suite. L'ouvrage n'est pas gros, il est un peu moins long que les quatre Évangiles. C'est un classique : un ouvrage qui a été beaucoup lu, cité et commenté au cours des siècles, mais aussi mal lu et mal compris, ou compris selon des préjugés qui n'ont plus de raison d'être aujourd'hui. Je me suis efforcé de l'aborder d'un regard neuf. Au seuil de ce livre, le lecteur se demandera peut-être de lui dire quelle sorte de philosophe est Tchouang-tseu. Je ne peux pas répondre parce que je ne puis le classer dans aucune catégorie connue. Il faut que le lecteur voie et juge par lui-même." (Jean François Billeter)

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Maxime Julien : Brentano et les théories contemporaines de la conscience

Mimesis - Janvier 2016 - Philosophie



« Brentano a connu et continue toujours de connaître un singulier destin dans la philosophie contemporaine. Du statut d’auteur relativement mineur de la tradition phénoménologique, il est en passe de devenir une source essentielle de la philosophie contemporaine comme en témoigne toute une littérature actuelle florissante qui se consacre à une reprise des thèmes centraux de sa doctrine dans le contexte d’une étude de la cognition et de la conscience ». 
Depuis deux décennies, les travaux de Franz Brentano connaissent un important regain d’intérêt dans le champ de la philosophie contemporaine de l’esprit autour du fameux problème de la conscience phénoménale.D’une maniére significative, la théorie brentanienne de la conscience a été associée dans la littérature contemporaine à différentes theories rivales de l’esprit : theories d’ordre supérieur, au-toreprésentationnalisme et différentes variétés de représentationnalisme et d’intentionnalisme qui se réclament d’un aspect ou d’un autre de la philosophie de l’esprit de Brentano. L’objectif de cet ouvrage est d’explorer un domaine de théories intentionnelles de la conscience à partir de Brentano tout en soulignant sa contribution au vaste débat contemporain sur la nature de la conscience.

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Valérie Charolles : Les qualités de l'homme. Manifeste

Fayard - Janvier 2016 - Collection : Essais


Nos générations sont les premières à pouvoir espérer que l’on saura bientôt expliquer comment fonctionne notre esprit. Déjà, nous connaissons beaucoup de choses sur la géographie intérieure de notre occiput, nous commençons à entrevoir comment ses différentes constellations travaillent ensemble pour produire la conscience, et certains imaginent la manière d’augmenter nos capacités et de dépasser les frontières de l’humain.
C’est ainsi en termes nouveaux que le problème du corps et de l’esprit se pose. Savoir comment notre pensée s’articule et se traduit en actes nous guérira-t-il de nos passions destructrices ? La science du cerveau réglera-t-elle la question de l’être, ce que nombre de neuroscientifiques semblent considérer comme une évidence ?
Ce n’est pas un ouvrage de science mais de philosophie. Il s’adresse à tous ceux qui sont curieux de savoir ce que la connaissance du fonctionnement du cerveau va changer dans l’existence. De ce parcours émergent des règles pour la direction, non pas de l’esprit, mais de la vie, et l’horizon d’un nouvel humanisme. 

Née en 1969 à Dijon, Valérie Charolles est philosophe et magistrate à la Cour des comptes. Après l'ENS, des études de philosophie des sciences et l'ENA, elle a notamment enseigné les enjeux politiques à Sciences Po. Elle a déjà publié aux éditions Fayard Le libéralisme contre le capitalisme (2006), Et si les chiffres ne disaient pas toute la vérité ? (2008), ainsi que Philosophie de l'écran. Dans le monde de la caverne (2013).

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Martin Legros, Sven Ortoli, Michel Serres : Pantopie ou le monde de Michel Serres; De Hermès à Petite Poucette (entretiens)

Le Pommier - Janvier 2016


Voici l'histoire d'un amoureux de la vie et d'un curieux du monde. Fils de marinier, homme de la terre de Gascogne, rugbyman qui a toujours pensé avec son corps, ancien de l'école Navale, philosophe, historien des sciences, académicien, 83 ans et plus de 60 livres, Michel Serres a voulu faire le tour du monde, des savoirs et des cultures. Son oeuvre foisonnante, imprévisible, inclassable prend la forme d'une Pantopie: du grec «pan» («tous») et «topos» (le «lieu»). Avec une devise «penser, c'est anticiper», il a vu venir avant tout le monde les grandes révolutions de notre temps: l'avènement des communications, le souci du corps, la crise de l'écologie, la révolution numérique, la métamorphose du religieux. Pour saisir chacun de ces événements, il a forgé des concepts nouveaux et imaginé des personnages, de Hermès à Petite Poucette, qui leur donnent une incarnation concrète et vivante.

Martin Legros, journaliste et philosophe, et Sven Ortoli, journaliste et historien des sciences, ont su amener Michel Serres à raconter son oeuvre autour des grands personnages qui l'habitent et à la replacer dans le paysage politique et intellectuel de son temps. En filigrane, c'est une contre-histoire philosophique des deux derniers siècles qui se profile.

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Revue Réseaux (novembre-décembre 2015) : Autour d'Axel Honneth. Reconnaissance et communication

Réseaux - Janvier 2016 - La Découverte


La théorie de la reconnaissance élaborée par Axel Honneth est à l’heure actuelle une des contributions théoriques majeures dans les domaines de la philosophie sociale et de la théorie sociologique. Inscrite dans l’héritage de la Théorie critique (de l’École de Francfort), cette théorie élargit la conception de la communication aux rapports de reconnaissance, en concevant les modalités sociales de l’expérience, la conflictualité, la formation de ces rapports de reconnaissance comme leur obstruction. Elle éclaire les « pathologies » sociales à l’œuvre dans les sociétés contemporaines.
Ces questions sont travaillées par Axel Honneth dans le domaine de la philosophie morale et de la théorie sociale, de la psychanalyse et du droit. Cependant, à la différence de ses prédécesseurs francfortois (Adorno, Benjamin, Habermas, etc.), pour qui la question de la culture et de la communication était centrale, Honneth a longtemps délaissé ces questions. Les développements conceptuels de sa théorie présentent pourtant un intérêt réel pour les recherches effectuées dans ce domaine. Ces apports seront discutés dans le présent numéro de Réseaux, notamment à l’aune de la sociologie des nouvelles technologies de la communication.
Approche pluraliste des sociétés modernes, la théorie honnéthienne fait de la « liberté communicationnelle » une valeur fondamentale des sociétés modernes. Il se donne les moyens de repenser les contours d’une critique de formes de communication pathogènes colonisant l’espace public. Son insistance sur l’éthicité démocratique lui permet enfin de repenser les contours d’une nouvelle culture politique.

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Alain Bertho : Les enfants du chaos. Essai sur le temps des martyrs

La Découverte - Janvier 2016 - Collection : Cahiers libres


" Il n'y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte et, croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c'est l'incendie universel. " Cette sombre prophétie de Jacques Lacan en 1959 décrirait-elle le monde des années 2010 ? Les guerres qui ravagent le Moyen-Orient menacent-elles d'aspirer toutes les désillusions politiques et les révoltes désespérées de la génération qui vient ? La " radicalisation de l'islam " est-elle à l'origine de ce drame et des actions terroristes dans le monde entier ? Pour répondre à ces questions, Alain Bertho déplace les cadres d'explication habituels. Il montre que le chaos qui pointe est très loin d'avoir le djihad pour seul moteur : c'est d'abord l'ébranlement de la légitimité des États par la mondialisation, la crise généralisée de la représentation politique, la recherche d'une légitimité sécuritaire par les puissants qui ont fait le lit de la violence du monde. Et qui expliquent pourquoi, depuis les années 2000, se multiplient sur tous les continents des émeutes et des attentats aux motivations multiples, dont l'auteur brosse ici un tableau saisissant. Quand la fin du monde semble à nombre de jeunes plus crédible que la fin du capitalisme, la révolte tend à prendre les chemins du désespoir et du martyre. La clôture de l'hypothèse révolutionnaire a ainsi ouvert la voie à la rage des enfants perdus du chaos politique et humain de la mondialisation néolibérale. Toutes les polices et les armées du globe ne pèseront guère devant cette fascination de la mort. Seul peut y répondre l'espoir collectif en un autre possible, fondé sur une nouvelle radicalité tournée vers l'avenir. Ses prémisses sont là, partout dans le monde. L'enjeu est de les faire grandir.

Alain Bertho, anthropologue et professeur à l'université Paris-8, consacre ses travaux depuis 1990 aux mobilisations urbaines et aux émeutes, en France et dans le monde. Il est notamment l'auteur de L'État de guerre (La Dispute, 2003), Nous-autres, nous-mêmes. Ethnographie politique du présent(Le Croquant, 2007) et Le Temps des émeutes (Bayard, 2009).

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dimanche 24 janvier 2016

Petar Bojanić : Violence et messianisme

Mimesis - Décembre 2015


Le titre de ce livre, Violence et messianisme, n’est pas une paraphrase du titre de l’un des textes les plus influents du siècle dernier, « Violence et métaphysique » de Walter Benjamin : il veut précisément interroger la possibilité d’une traduction philosophique de l’idée messianique. Pourquoi faut-il découvrir dans le champ de la philosophie un espace pour l’impossible venue de ce qui n’est pas encore là? Traduite dans la problématique du messianisme, la question qui se pose est de savoir s’il existe un lien entre la violence (la guerre) et la venue du Messie (de la justice, de la démocratie, de l’ordre, de la paix…). Dans cette perspective, combien de violence faut-il? Et quelles figures de violence sont susceptibles d’y mener? L’agir messianique est-il possible? Est-il nécessaire d’agir violemment pour qu’une nouvelle époque advienne? Il s’agit donc de chercher l’agir qui, d’urgence, mène à l’autre et en est pourtant l’attente. À cet égard, la philosophie comme praxis est déjà un agir politique qui possède un potentiel messianique ou révolutionnaire. Elle nous engage, car elle cherche à associer et à inclure tout le monde, à faire entrer chacun dans un devenir actif ou, ce qui revient au même, à ce que personne ne demeure passif.

Philosophe franco-serbe, Petar Bojanic dirige l’Institut de philosophie de Belgrade. Il a écrit une thèse dirigée par Jacques Derrida et Étienne Balibar – La (Dernière) Guerre et l’institution de la philosophie.

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Marcel Conche : Penser encore. Sur Spinoza et autres sujets

Encre Marine - Janvier 2016 


À quatre-vingt-quatorze ans, Marcel Conche a encore quelque chose à dire sur la nature, l'infini, la vérité, la tradition, la création, le moi, le silence, le tragique, l’amour, la mort ou les mathématiques, mais aussi sur Héraclite, Descartes, Kant, Leibniz et, principalement, sur Spinoza.

Sommaire

Préface

1 Christianisme et nihilisme
2 L'abstraction mathématique
3 La disparition des mouches
4 Vérité ou non-vérité métaphysique
5 L'agnosticisme
6 Sur Unamuno
7 « Qu'est-ce que le moi ? »
8 « Tu ne tueras point »
9 « Le moi est haïssable »
10 Descartes en désaccord avec sa religion
11 Ce qu'est la nature
12 L'identité personnelle
13 Leibniz et les myopathies
14 Penser l’infini
15 La consolation
16 Les lettres d’amour d’Aristénète
17 « Pas comme des champignons »
18 L’« obscurité » d’Héraclite
19 Le tragique comme possibilité
20 Explication de texte
21 Napalm
22 Résilience
23 Silence et persécution
24 Tradition et création
25 La mort
26 L'Esthétique transcendantale de Kant et l'Écriture
27 «Je me suis cherché moi-même »
28 La mort : deux certitudes
29 La mort, libération de l'âme (« Mon âme est dans mes livres »)
30 L'ataraxie
31 La banalité de l'amour A. Comte
32 « La nature aime à se cacher »
33 Sur une phrase de Marx
34 Le coté négatif de ma philosophie
35 Platon et le rêve de Spinoza
36 La pitié chez Spinoza
37 La philosophie restreinte de Spinoza
38 La philosophie restreinte de Sartre
39 L'infinité de la Nature naturante et l'indéfinité de la Nature naturée
40 Force et amour
41 L’épreuve des exemples (Spinoza)
42 Si l'athéisme est une croyance
43 Liberté et nécessité
44 Lettre de Michel Serres
45 La faute de Spinoza
46 Désir et jugement de valeur chez Spinoza
47 Dieu se pensant lui-même dans Spinoza
48 Hegel et Spinoza
49 Où je diverge de Spinoza
50 Spinoza athée ?
51 Le fondement de la morale
52 Héraclite contre Spinoza

Illustrations
Portrait du philosophe
Autoportrait. Revivre

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Marsile Ficin : Argument pour la théologie platonicienne

Editions Manucius - Janvier 2016 - Collection : Le Philosophe


Texte traduit et annoté par Sébastien Galland. Présentation Julie Reynaud.
Préface de Laurent Lavaud.

Dédicacé à Laurent le Magnifique, l’Argument pour la théologie platonicienne a sa place parmi les Opuscules théologiques que Marsile Ficin, le maître de l’Académie néoplatonicienne de Florence, rédige en 1476 pour accompagner son Commentaire sur le Banquet de Platon et sa Théologie platonicienne de l’immortalité des Âmes. Dans ce texte inédit, Ficin apparaît non plus seulement en traducteur, mais en philosophe authentique, se donnant pour tâche la rénovation du platonisme, attentif aux liens unissant les sagesses païennes à la religion chrétienne. Pérenne, la pia philosophia ne sert pas que des intentions apologétiques, elle est un exercice spirituel qui, partant du multiple pour remonter vers l’Un, enseigne le chemin qui élève jusqu’à Dieu. Pour Ficin, il appartient au platonisme de tracer cette voie.

Julie Reynaud et Sébastien Galland sont professeurs de philosophie en classes préparatoires et enseignent la science des arts à l’université Paul-Valéry (Montpellier III). Leurs travaux portent sur la pensée et l’art de la Renaissance. Laurent Lavaud est maître de conférences en philosophie à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne.

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jeudi 21 janvier 2016

Niels Bohr : Physique atomique et connaissance humaine

Editions Gallimard - Janvier 2016 - Collection : Folio essais


Si Niels Bohr (1885-1962) a introduit en physique des changements aussi profonds que ceux qui avaient accompagné la naissance de la science moderne de la nature au XVIe et au XVIIe siècle, c'est parce que, physicien, il est aussi philosophe. Le rôle fondamental qu'il joue dans la formation de la théorie quantique entre 1913 et 1927 le conduit en effet à proposer, avec la notion de "complémentarité", une interprétation nouvelle des concepts d'objet et de phénomène qui transforme la conception générale de la science et qui anticipe sur de nombreux aspects de l'épistémologie contemporaine. L'oeuvre de Bohr s'attache à penser cette révolution dans les principes de la philosophie naturelle tels que Kant les avait définis et tels que la tradition de la physique allemande du XIXe siècle les avait soumis à un débat constant : qu'est-ce qu'une représentation, comment s'assurer de la cohérence d'un énoncé et de la vérité d'une théorie physique, qu'est-ce que la réalité d'un processus ? Dans ces textes capitaux - notamment ceux des discussions avec Einstein -, les difficultés formelles de la physique atomique ne sont pas disjointes des paradoxes qu'elles impliquaient, aux yeux de Bohr, dans les domaines du langage, de la théorie de la connaissance et des sciences humaines.

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Michel Blay : Penser ou cliquer ?

CNRS Editions - Janvier 2016 - Débats


De la biologie de synthèse aux " nanotechnologies " en passant par la liste sans fin des nouveaux capteurs, des gadgets électroniques et des artefacts de la robotique tendance post-humanisme, la technique rime avec innovation permanente. Cette effervescence donne l'impression d'une fuite en avant où chaque innovation en appelle une autre dans l'errance indéfinie et assujettie à des pouvoirs, des intérêts et des subjectivités. Michel Blay interroge cette irruption de la technique dans tous les pans de notre existence, et montre que cet emballement change notre relation au monde, aux autres, au temps et à l'espace. Un avenir technico-répressif semble s'imposer, alors même qu'il est en désaccord avec les exigences de l'environnement et de la liberté. Peut-on échapper à ce qui paraît inéluctable ? Et comment ? Il est essentiel, pour cela, de revenir sur l'histoire du rapport qui s'est institué à l'époque moderne et contemporaine, entre l'idée de nature et l'existence humaine.

Historien et philosophe des sciences, directeur de recherche émérite au CNRS, Michel Blay préside depuis janvier 2010 le Comité pour l'histoire du CNRS. Il est également l'auteur de nombreux livres d'histoire et de philosophie des sciences.

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mercredi 20 janvier 2016

Walter Schweidler : Au-delà de la métaphysique

Hermann - Novembre 2015 - Collection : Philosophie


Préface de Jean-Luc Marion

La philosophie peut-elle aller au-delà de la métaphysique ? La dépasser, la doubler et la laisser derrière elle, parce qu'elle en saurait plus et mieux ? Wittgenstein, Heidegger, Spengler, Carnap, ces quatre penseurs phares du XXe siècle, si différents par la méthode, l'orientation et les concepts, se rejoignent sur un point : l'ambition de dépasser la métaphysique. Leur but est d'instruire la philosophie sur elle-même. Car au XXe siècle, "métaphysique" n'est plus le nom d'un champ de la philosophie, mais de la philosophie aveugle à elle-même, de la philosophie en tant qu'elle se croit autre chose qu'elle n'est. Ainsi les philosophes du XXe siècle travaillent-ils à réviser la philosophie même, ce à quoi ils parviennent, mais d'une façon aussi logiquement exacte qu'inattendue. Car en décrivant cette métaphysique qu'ils voulaient doubler, ils n'ont jamais fait que la dédoubler. La philosophie est, au même titre que la métaphysique, une force à double fond, qui fonctionne sur la base d'un détournement. Ainsi le dépassement de la métaphysique déborde-t-il ses limites, emportant dans son souffle les critiques de la métaphysique. Mais la partie n'est pas forcément perdue, si l'on admet que c'est dans le double jeu que la philosophie acquiert sa réalité.

Walter Schweidler : Né en Allemagne en 1957, il est actuellement professeur de philosophie à l'université catholique d'Eichstatt-Ingolstadt, après avoir tenu près de dix ans la chaire de philosophie pratique de l'université de Bochum. Avec Jean-Luc Marion, il co-édite la collection "Phanomenologie" des éditions Alber. Elève de Robert Spaemann, ses travaux portent principalement sur la philosophie pratique et la philosophie du XXe siècle.

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Gaëlle Fiasse : Amour et fragilité. Regards philosophiques au cœur de l'humain

Hermann - Janvier 2016 - Kairos


Quelles sont nos fragilités ? Comment les distinguer ? Nous aident-elles à aimer ou, au contraire, sont-elles un obstacle à la rencontre d'autrui ? La philosophe répond à ces questions en situant les fragilités qui nous habitent et qui forment notre être profond. Elle s'arrête aussi aux fragilités plus subtiles, qui restent parfois cachées, mais qui nous font bien souvent souffrir. Elle nous guide enfin vers celles qui mettent en jeu nos désirs de réciprocité, nos langages de l'amour et nos défensives psychologiques. Dans la dernière partie du livre, l'auteur va à la rencontre de personnes fragilisées par le handicap ou la maladie. Qui n'a pas accompagné un être cher à l'hôpital jusqu'au moment de la séparation ultime ? A partir d'exemples concrets, de principes philosophiques de l'Antiquité et de la philosophie contemporaine, Gaëlle Fiasse nous livre une analyse capable de rejoindre tous ceux et celles qui portent une attention particulière à la fragilité de l'être humain.

Gaëlle Fiasse est docteure en philosophie, chercheuse en éthique fondamentale et professeure agrégée de l'Université McGill à Montréal. Ses travaux ont notamment été publiés dans des revues académiques européennes et américaines. Elle a écrit L'autre et l'amitié chez Aristote et Paul Ricoeur. Analyses éthiques et ontologiques (Louvain, Peeters, 2006) et elle a dirigé l'ouvrage collectif Paul Ricoeur. De l'homme faillible à l'homme capable (Paris, PUF, 2008).

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mardi 19 janvier 2016

Jean-Marie Wipf : Conflit de la raison

Editions Kimé - Janvier 2016 - Collection : Philosophie en cours


Préface de Jean-Luc Nancy

Philosophie doit se faire justice : ce pourrait être la maxime accompagnant un imaginaire blason de Jean-Marie Wipf. S'il n'emploie pas l'expression, il aurait pu le faire et ce qu'elle porte en elle circule partout à travers le texte qu'on va lire. Se faire justice, c'est d'abord se rendre justice à soi-même. C'est aussi exécuter la ou les sentences de justice qui peuvent être prononcées soit à son endroit, soit à celui de ses accusateurs. Cela peut conduire jusqu'au suicide ou bien jusqu'à l'exécution de la partie adverse. On peut enfin comprendre que la philosophie se métamorphose en justice - en scène entière de la justice, y tenant tous les rôles, prévenue, juge, avocate, procureure mais surtout pour finir incarnant la loi elle-même. Ou se reconnaissant comme l'exercice déployé d'une loi qui la dépasse et qui la fonde. Loi par-delà la loi, comme toute loi l'implique, l'exige et le redoute en même temps. Un Dieu sans doute pouvait se concevoir comme créateur et corps de la loi. Mais un Dieu ne se conçoit plus ou s'il se conçoit ce n'est que comme un être imaginaire. Il peut servir d'idée régulatrice, mais certainement pas de loi. La raison doit désormais se juger selon la loi qu'elle est en même temps qu'elle doit s'y soumettre. Il y a donc conflit dans la raison et de la raison avec elle-même. Le célèbre Kampfplatz, le champ de bataille forme le lieu naturel d'un affrontement constitutif de la raison et par là constitutif de la condition foncièrement juridique et judiciaire de la raison. Le philosophe n'occupe plus la chaire du maître mais le siège du juge. D'un juge toutefois qui ne met pas en oeuvre le droit établi à l'intérieur d'un Etat : il doit au contraire donner la loi elle-même. Autrement dit, le conflit est aussi bien le lieu d'instauration de la loi et celle-ci ne met pas proprement fin au conflit : elle ne cesse de le résoudre et de le reconduire car aucune loi ne peut s'établir sinon celle du libre conflit de la raison avec elle-même. Jean-Marie Wipf a pratiquement voué sa vie entière - trop tôt interrompue - de philosophe et d'enseignant à mettre en lumière et en scène l'agitation, l'animation et la ferveur de ce conflit qui se déchaîne et se règle sans fin. C'était en quelque façon le sien, c'était sa passion que de délivrer Kant de ses interprétations froides pour lui rendre - on pourrait dire tout simplement la vie, cette force vitale " sans analogon " dont parle la troisième Critique. La force de Jean-Marie, son tempérament bourru, têtu, affectueux et intransigeant était à l'image (à moins qu'elle n'en fût le modèle ?) de cette vitalité puissante, débordante qu'il éprouvait au sein de la raison, dans la poussée - le Trieb - de son exigence pour l'inconditionné. A l'image d'un règlement kantien délimitant la juridiction légitime de l'entendement par rapport à l'illégitimité métaphysique il veut opposer la poursuite infinie au sein de la raison de son conflit intime et insurmontable en tant que condition même du procès que la raison se fait à elle-même. En instruisant ce procès elle s'instruit toujours plus - et pourtant sans fin - de sa propre condition conflictuelle et judiciaire, de sa situation de juge appelé à faire comparaître devant lui des parties qui s'affrontent en lui.

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